Les deux intentions de prière – universelle et pour l’évangélisation – confiées par le pape François à l’Apostolat de la prière pour ce mois de février 2015 sont les détenus, en particulier les jeunes et les conjoints séparés.
Intention de prière universelle:
« Pour que les détenus, les jeunes en particulier, aient la possibilité de se reconstruire une vie digne. »
Intention de prière pour l’évangélisation:
« Pour que les conjoints qui se sont séparés trouvent accueil et soutien dans la communauté chrétienne. »
Marie-Dominique Corthier, coordinatrice européenne de l’AP – Prier au coeur du monde commente ci-dessous cette seconde intention.
A.B.
Conjoints séparés, au cœur de l’amour de Dieu.
La question des conjoints séparés bouscule l’Eglise et la met mal à l’aise… Des paroles de l’évangile telles que : « Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ou Quiconque répudie sa femme et en épouse une autre commet un adultère » (Mt, 19, 6-9), semblent enfermer les personnes dans le carcan d’une loi. Il est vrai que ces paroles de Jésus sont fermes et peuvent déstabiliser, mais elles sont toujours à éclairer avec l’exigence de la miséricorde qui est la sienne. Nous n’avons pas épuisé le sens profond de l’évangile et nous avons sans cesse à nous laisser interpeller pour trouver l’attitude juste.
Mais se sentant jugées et exclues, nombre de personnes séparées, remariées ou non, se sont éloignées de l’Eglise. Une personne qui a été malmenée par la vie, qui a vu son couple exploser, et qui est confrontée à la solitude ou à la culpabilité, est fragilisée et a besoin d’aide et de soutien. Qui va savoir ouvrir sa porte, qui va être présent, écouter, dire une parole de réconfort – sans taire forcément la parole de l’Eglise ?
Notre pape a utilisé l’image d’un hôpital de campagne après la bataille pour qualifier la mission de l’Eglise face aux situations de détresse de notre monde, et elle convient particulièrement à la situation des divorcés, et divorcés-remariés. « Je vois clairement que ce dont l’Eglise a le plus besoin aujourd’hui est une capacité à guérir les blessures et à réchauffer le cœur des fidèles. (…) Il est inutile de demander à une personne sérieusement blessée si elle a trop de cholestérol ou trop de sucre dans le sang. Il faut soigner ses blessures ! ». Peut-on mieux traduire la miséricorde ? Mais il y a souvent, au sein même de nos communautés chrétiennes, une méfiance à l’égard des personnes qui ne sont pas dans la norme, et les regards qui se détournent font mal.
Par ailleurs les chrétiens, qui sont si prompts à juger, ignorent souvent de quelle expérience d’évangile sont capables ces personnes. S’ils étaient à leur écoute, ils seraient, dans bien des cas, les témoins étonnés d’une vraie droiture de cœur et d’un extraordinaire chemin de pardon à l’égard de leur ex-conjoint… C’est là l’évangile vécu au quotidien, et on y voit à l’œuvre la force du Ressuscité. En accueillant avec profonde bienveillance les conjoints séparés, nous entendrons comment l’Esprit parle en eux et à travers eux.
Notre magazine (www.prieraucoeurdumonde.fr) donne la parole à divers acteurs ecclésiaux, et au rapport du Synode sur la famille, qui situent cette question sous le projecteur de la miséricorde et de la responsabilité d’une conscience éclairée, et pas seulement celui de la loi. Nous vous invitons à vous nourrir des différents articles de notre numéro, pour porter cette intention dans la prière et la présenter au Seigneur, lui qui change nos cœurs de pierre en cœurs de chair.