Pour le 400e anniversaire de la fondation de la Congrégation de Propaganda Fide (1622), l’agence vaticane Fides publie un texte qui retrace l’histoire de « l’imprimerie polyglotte de Propaganda Fide », l’un des premiers « instruments opérationnels » qui avait permis à la congrégation d’annoncer une Bonne Nouvelle au monde.
La décision de créer l’Imprimerie de la congrégation est prise le 3 juin 1626, et déjà en 1627, le pape Urbain VIII nomme le cardinal Guido Bentivoglio (1577-1644) à la tête de l’imprimerie et de la préfecture de la presse. Selon les chroniques, l’Imprimerie a eu ses premiers locaux à la Salita del Grillo, entre la colline du Quirinal et les Forums Impériaux, à Rome. En 1643, la typographie est transférée dans des locaux proches du siège du Collège Urbain, à Piazza di Spagna.
Des œuvres au service des missionnaires
Le premier volume imprimé est probablement une version grecque de la Guía de pecadores (Guide des Pécheurs) du dominicain espagnol Louis de Grenade (1504-1588), suivis par des ouvrages de grammaire, de droit et de spiritualité, tous destinés à servir les missionnaires en Orient.
L’imprimerie commence à travailler grâce aux caractères (types) que l’empereur Ferdinand II a donnés à Propaganda Fide : il s’agit des « caractères illyriens de saint Jérôme et de saint Cyrille », c’est-à-dire le glagolitique occidental (le plus ancien alphabet slave) et le cyrillique. Avec ces caractères, qui sont arrivés d’Autriche, et avec les caractères grecs et latins trouvés à Rome, Giovanni Bandini et Francesco Paolini, correcteurs de la Stamperia Camerale, commencent à travailler.
Parmi les nombreux ouvrages importants publiés par l’Imprimerie figure la première édition complète de la Bible en arabe, publiée en 1671.
Le deuxième catalogue de l’Imprimerie, paru en 1667, présente des œuvres au service des missionnaires, comme celles du maronite Abraham Ecchellensis (1600-1664), savant, érudit et connaisseur des langues orientales; de Leo Allatius (1586 -1669), écrivain italien d’origine grecque qui était garde de la bibliothèque du Vatican; du cardinal Giovanni Bona (1609-1674), des missionnaires carmélites déchaussées.
Une attention particulière est accordée au travail de traduction, à une époque où des efforts importants sont faits pour contrer les enseignements diffusés par les textes protestants et orthodoxes.
Les personnalités importantes
Les deux personnalités s’impliquent le plus dans la fondation de l’Imprimerie polyglotte : le premier est le cardinal Guido Bentivoglio, le deuxième est Mgr Francesco Ingoli (1578-1649), homme de culture, premier secrétaire de la congrégation de Propaganda Fide.
Le cardinal Guido Bentivoglio
Le card. Bentivoglio est originaire de Ferrara, où il est né le 4 octobre 1577. Il étudie à l’université de Padoue, en montrant une prédilection particulière pour l’histoire et composant, dans les années suivantes, des œuvres qui représentent, selon les spécialistes, une étape incontournable dans le développement de la méthodologie historique moderne.
Grâce à son amitié avec le cardinal Pietro Aldobrandini, neveu du pape Clément VIII, le card. Bentivoglio est nommé chambellan secret du pape et, après avoir terminé ses études à Padoue, s’installe à Rome.
Nommé cardinal par le pape Paul V le 11 janvier 1621, il est nonce apostolique en Flandre, puis à la Cour de France. Ensuite il revient à Rome et est chargé de l’Inquisition.
Ce cardinal à la culture raffinée et, en même temps, à la capacité de synthèse et de diffusion, est nommé en 1627 à la tête la toute nouvelle imprimerie polyglotte de Propaganda Fide.
Il laisse plusieurs ouvrages, dont certains sont traduits dans d’autres langues, pour lesquels il est reconnu pour sa compétence et sa passion en matière de diplomatie et de politique.
Il est mort à Rome le 7 septembre 1644.
Mgr Francesco Ingoli
Une autre personnalité qui a joué un rôle important au moment de la naissance de l’imprimerie polyglotte est Mgr Francesco Ingoli, premier secrétaire – de 1622 à sa mort, en1649 – de la congrégation de la Propaganda Fide.
Mgr Ingoli est l’auteur du « Rapport des quatre parties du monde » (1630) : un ouvrage géo-missionnaire écrit sur la base des rapports des missionnaires dans chaque partie du monde connu à l’époque.
Le manuscrit, que l’on croyait perdu et qui n’a été redécouvert qu’en 1999, se compose de cinq lettres adressées au père Valeriano Magni, alors provincial des capucins en Bohème. Chaque lettre permet d’obtenir une image complète de l’activité missionnaire de l’Église catholique au milieu du XVIIe siècle. L’« Europe », l’ « Asie », l’ « Afrique » et l’ « Amérique » sont les quatre parties du monde auxquelles Mgr Ingoli consacre son œuvre. Une cinquième lettre parle des « choses faites à Rome pour la propagation de la foi », décrivant des premières années de la vie de la Congrégation.
Mgr Ingoli est fermement convaincu que le dicastère nouvellement fondé doit prévoir, parmi ses principales tâches, l’impression de livres dans les différentes langues pour le travail missionnaire : il s’agit avant tout de textes de l’Écriture sainte et de la Doctrine catholique dans la langue des peuples auxquels les missionnaires sont envoyés.
Très vite, les textes publiés ne sont pas seulement réservés aux missionnaires, mais sont diffusés dans des librairies européennes : pour des raisons religieuses, mais aussi économiques, afin de supporter les énormes dépenses.
Pendant la Révolution française, « l’imprimerie polyglotte de Propaganda Fide » subit des pillages, mais réussit à se relever et à poursuivre son travail missionnaire tout au long du XIXe siècle. En 1909, l’imprimerie Propaganda Fide est intégrée à l’actuelle Tipografia Poliglotta Vaticana.