"Contro la guerra" © LEV / IBS

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« Contre la guerre. Le courage de construire la paix »: textes du pape François

Le désarmement, l’éradication de la faim et de la haine

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Le pape François demande à nouveau qu’un Fonds international soit créé de façon à « utiliser l’argent qui sert à l’armement et aux autres dépenses militaires » pour « éliminer la faim » et « favoriser le développement des pays les plus pauvres ».

Après 50 jours de guerre en Ukraine et les nombreux appels du pape François à la paix dans le monde, une anthologie de ses textes « contre la guerre » et « pour construire la paix » sera publiée demain, 14 avril 2022, en italien, aux éditions du Vatican (LEV) et Solferino (IBS), annonce la LEV.

La maison d’éditions du Vatican publie quelques lignes de l’introduction, inédite, signée par le pape: la paix se construit « de façon artisanale » rappelle-t-il, le désarmement est un « choix stratégique », le « monstre » de la guerre n’est pas une « fatalité »: c’est un « sacrilège ».

Le volume sera présenté à la presse le 29 avril à l’université LUMSA, par le cardinal secrétaire d’Etat Pietro Parolin et par l’ancien président de la Commission européenne Romano Prodi.

Un fonds pour la faim et le développement

Le pape François cite l’évêque italien don Tonino Bello (1935-1993), « infatigable prophète de la paix », qui disait que les conflits, toutes les guerres « trouvent leurs racines dans la dissolution des visages ». Le pape s’est rendu auprès de la tombe de l’évêque italien de Molfetta-Ruvo-Giovinazzo-Terlizzi le 20 avril 2018, jour anniversaire de la naissance au ciel de celui-ci.

Le pape François explique ce que signifie cette « dissolution des visages » et ce que cela implique comme renoncement à l’armement: « Quand on efface le visage de l’autre, alors on peut faire crépiter le bruit des armes. Quand nous gardons l’autre, son visage comme sa douleur, devant nos yeux, alors nous n’avons pas le droit de porter atteinte à sa dignité par la violence. Dans l’encyclique « Fratelli tutti », je proposais d’utiliser l’argent qui sert à l’armement et aux autres dépenses militaires pour créer un fonds mondial destiné à éliminer enfin la faim et à favoriser le développement des pays les plus pauvres, afin que leurs habitants n’aient pas recours à la violence ou à des solutions trompeuses et ne soient pas obligés de quitter leur pays pour chercher une vie plus digne. Je renouvelle cette proposition aussi aujourd’hui, surtout aujourd’hui. Parce que la guerre doit être arrêtée, parce que les guerres doivent être arrêtées et ne s’arrêteront que si nous cessons de les « nourrir ». »

Le pape a lancé cette proposition en octobre 2020 dans « Fratelli tutti« , son encyclique « sur la fraternité et l’amitié sociale », au numéro 262: « Avec les ressources financières consacrées aux armes ainsi qu’à d’autres dépenses militaires, créons un Fonds mondial, en vue d’éradiquer une bonne fois pour toutes la faim et pour le développement des pays les plus pauvres, de sorte que leurs habitants ne recourent pas à des solutions violentes ou trompeuses ni n’aient besoin de quitter leurs pays en quête d’une vie plus digne. »

Eradiquer la haine, bannir l’arme atomique

Dans l’introduction de ce nouveau livre, le pape invite à « éradiquer la haine », par le « dialogue » et à édifier une nouvelle architecture de la paix: « La haine, avant qu’il ne soit trop tard, doit être éradiquée des cœurs. Et pour cela, il faut du dialogue, de la négociation, de l’écoute, une capacité et une créativité diplomatique, une politique clairvoyante capable de construire un nouveau système de coexistence qui ne soit plus basé sur les armes, sur la puissance des armes, sur la dissuasion. Chaque guerre représente non seulement une défaite politique, mais aussi une reddition honteuse face aux forces du mal. »

Le pape, qui s’est rendu à Hiroshima le 24 novembre 2019 condamne une nouvelle fois l’usage et la possession de l’arme atomique comme « immorales »: « En novembre 2019, à Hiroshima, ville symbole de la Seconde Guerre mondiale dont les habitants ont été assassinés, ainsi que ceux de Nagasaki, par deux bombes nucléaires, j’ai rappelé que l’utilisation de l’énergie atomique à des fins de guerre est, aujourd’hui plus que jamais, un crime, non seulement contre l’homme et sa dignité, mais contre toute possibilité d’avenir dans notre maison commune. L’utilisation de l’énergie atomique à des fins de guerre est immorale, tout comme la possession d’armes atomiques est immorale. »

Une guerre « sacrilège » 

Le pape avertit de la « catastrophe » que provoque la guerre en Ukraine, en Europe: « Qui aurait pu imaginer que moins de trois ans plus tard, le spectre d’une guerre nucléaire serait apparu en Europe ? Ainsi, pas à pas, nous allons vers la catastrophe. Morceau par morceau, le monde risque de devenir le théâtre d’une seule troisième guerre mondiale. Qui est lancée comme si c’était inéluctable. »

La guerre est un « monstre », et c’est un « sacrilège »: « Au contraire, nous devons répéter avec force : non, ce n’est pas une fatalité ! Non, la guerre n’est pas inévitable ! Lorsque nous nous laissons dévorer par ce monstre que représente la guerre, lorsque nous laissons ce monstre relever la tête et guider nos actions, tous sont perdants, nous détruisons les créatures de Dieu, nous commettons un sacrilège et nous préparons un avenir de mort pour nos enfants et nos petits-enfants. La cupidité, l’intolérance, l’ambition du pouvoir, la violence, sont des motifs qui poussent à la décision de la guerre, et ces motifs sont souvent justifiés par une idéologie de guerre qui oublie la dignité incommensurable de la vie humaine, de toute vie humaine, et le respect et l’attention nous lui devons. »

Des millions de jeunes, une espérance

Malgré la tragédie de l’Ukraine, le pape François invite à l’espérance et en relève des signes, notamment chez les jeunes: « Face aux images de mort qui nous viennent d’Ukraine, il est difficile d’espérer. Pourtant, il y a des signes d’espérance. Il y a des millions de personnes qui n’aspirent pas à la guerre, qui ne justifient pas la guerre, mais demandent la paix. Il y a des millions de jeunes qui nous demandent de faire tout ce qui est possible et l’impossible pour arrêter la guerre, pour arrêter les guerres. C’est en pensant d’abord à eux, aux jeunes et aux enfants, que nous devons répéter ensemble : plus jamais la guerre. Et ensemble nous engager à construire un monde plus pacifique parce que plus juste, où ce soit la paix qui triomphe, pas la folie de la guerre ; la justice et non l’injustice de la guerre ; le pardon mutuel et non la haine qui divise et qui nous fait voir dans l’autre, dans celui qui est différent de nous, un ennemi. »

 

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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