Scholas occurrentes, 25 nov. 2021 © Vatican Media

Scholas occurrentes, 25 nov. 2021 © Vatican Media

« Hermanito » et les jeunes qui « risquent leur vie, pour vivre »

Rencontre du pape avec les jeunes de l’école politique « Fratelli tutti »

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Le pape François a lancé un nouvel appel contre les esclavages modernes lors de sa rencontre avec des jeunes des des cinq continents et appartenant à différentes religions et différents milieux socio-économiques, de l’école politique « Fratelli tutti » de la fondation Scholas Occurrentes au Collège pontifical international Maria Mater Ecclesiae de Rome, jeudi, 25 novembre 2021: « Nous devons ouvrir nos cœurs à la vie du réfugié », a déclaré le pape. Des propos transcrits en italien par Radio Vatican (Salvatore Cernuzio). Leur rencontre s’achevait ce dimanche.

Cinquante d’entre eux entament une année de formation humaine et politique inspirée par l’encyclique Fratelli tutti visant à les rendre capables de répondre aux urgences de leur époque, notamment en se montrant attentifs aux « périphéries géographiques et sociales ».

Après une chorégraphie masquée pour dénoncer « El dolor » – la souffrance –  qui afflige les jeunes d’aujourd’hui, puis des chants, des témoignages, le pape a répondu aux questions de certains d’entre eux. Et une nouvelle fois, il a dénoncé les «camps de concentration» sur les côtes libyennes, où les migrants sont «capturés». Le pape a dénoncé de nouveau, après l’angélus de ce 28 novembre, les tortures et les violences subies.

Il risque sa vie, pour vivre

Voilà l’attitude recommandée par le pape François devant le sort des migrants et des réfugiés: «Nous devons ouvrir nos cœurs à la vie du réfugié. Ce n’est pas quelqu’un qui est venu pour faire du tourisme dans un autre pays, ni quelqu’un qui s’est échappé pour des raisons commerciales, c’est quelqu’un qui s’est échappé pour vivre, et qui risque sa vie pour vivre.»

Un jeune réfugié rwandais qui a fui avec sa famille le génocide de 1994, ensuite réfugié en République démocratique du Congo, et maintenant en Italie, dans la communauté de Scholas Occurrentes, a ému le pape par son témoignage. Le pape a saisi cette occasion pour dénoncer une nouvelle fois les drames actuels.

Comme c’était aussi la Journée internationale contre la violence à l’égard des femmes, le pape a aussi dénoncé la violence contre les femmes mirante sou réfugiées: « Aujourd’hui, la vie d’un réfugié est très difficile. J’ai étudié et vu ce qui se passe sur les côtes libyennes avec ceux qui reviennent, avec ceux qui sont ensuite pris par les mafias qui les exploitent, les torturent, vendent les femmes. Vous qui êtes des femmes, vous pouvez imaginer ce que cela signifie d’être vendues comme des marchandises, cela se passe aujourd’hui avec des filles comme vous, avec des jeunes mères. »

Le pape a souligné la détermination de ceux qui vont jusqu’à risquer leur vie dans un voyage de tous les dangers: « Les réfugiés qui risquent leur vie en fuyant, et qui risquent leur vie en Méditerranée, dans la mer Égée, dans l’Atlantique en direction des îles Canaries, ces réfugiés n’ont qu’une obsession, sortir, sortir, sortir. »

La fraternité humaine

Le pape a souligné les liens de fraternités avec ces migrants enfermés: « Lorsque nous parlons de réfugiés, nous ne parlons pas de chiffres, nous parlons de nos frères et sœurs qui ont dû fuir et dont certains n’ont pas pu et ont été pris dans ces camps de concentration qui existent, et je parle de la côte libyenne. »

Le pape a cité un livre qu’il a lu, dont le titre est justement, en espagnol « Petit frère » -« Hermanito » -: « C’est simplement la vie d’un garçon dont le petit frère est parti pour venir en Europe et qui l’a suivi dans toute l’Afrique, et il raconte ce qu’est la vie d’un réfugié. J’ai rencontré de nombreux réfugiés qui me disent combien de temps il leur a fallu pour arriver en Europe, des années, deux ou trois ans, à fuir et à marcher. La vie d’un réfugié, c’est vivre dans la rue mais pas dans votre rue, pas dans la rue de votre ville, dans la rue de la vie où l’on est ignoré, piétiné, traité comme un moins que rien. »

Le pape a invité les jeunes à la gratitude pour ce dont ils jouissent, mais aussi à ne pas se laisser enfermer dans des habitudes sociales: « Apprenez à vous échapper des prisons qui vous sont présentées par les habitudes sociales déjà déterminées, le socialement correct. Parfois, ils vous emprisonnent avec des comportements qui vous rendent amidonné, qui vous empêchent de ressentir, qui vous empêchent d’entendre. Un réfugié fuit parce qu’il a un sentiment, un sentiment de liberté, un sentiment de justice, un sentiment. »

Etre attentifs au coeur, aux sentiments

Fidèle à son principe éducatif fondé sur l’unité du coeur de la tête et de la main, le pape a parlé aux jeunes de leurs sentiments: « Est-ce que tu laisses tes sentiments grandir pour pouvoir les discerner plus tard, ou est-ce que tu les caches? Si vous cachez vos sentiments, ils exploseront, et exploseront mal, dans le comportement social que nous voyons tous les jours. Si vous laissez vos sentiments sortir, vous avez l’obligation de les discerner et de les gérer, cela vous donnera de la maturité. »

Il a aussi recommandé d’être attentifs et bienveillants face à ceux qui posent des difficultés dans un groupe: « Quand vous voyez un jeune faire des bêtises, passer de l’autre côté, c’est parce que d’une certaine manière il attire l’attention (pas toujours dans le mauvais sens du terme). Il demande de l’aide à une société qui a un visage vide, un visage blanc, politiquement correct, tous les mêmes, tous les mêmes à l’extérieur… mais où est votre cœur? »

 

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Rédaction

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