Le cardinal Turkson souligne la nécessité du dialogue entre les personnes et les peuples qui partagent le même souci de sauvegarder « notre maison commune ».
Le cardinal Peter Turkson, président du Conseil pontifical Justice et Paix, a présenté l’encyclique du pape François Laudato Si’ au Conseil économique et social (ECOSOC) de l’Organisation des Nations Unies à New York (États-Unis), le 30 juin.
Le cardinal Turkson a expliqué la genèse de l’encyclique en précisant que « de nombreuses Conférences épiscopales de tous les continents » ainsi que plusieurs personnes « sans nom » ont contribué à ce travail.
Il a également noté que la présence des gens « venus de tous les coins du globe » pour écouter cette présentation témoignait de « souci » commun de préserver la planète et d’aboutir à « un développement équitable et durable ».
Le président de Justice et Paix a expliqué la structure du texte de l’encyclique en six chapitres. « Le point de départ » (ch. I) de l’encyclique est « une écoute spirituelle » « des résultats des meilleures recherches scientifiques sur les questions environnementales disponibles aujourd’hui ».
La prochaine étape (ch. II) est « un examen des richesses de la tradition judéo-chrétienne », sur une base de textes bibliques et de la réflexion théologique. Dans le troisième chapitre, il y a une analyse « des racines de la situation actuelle » en tenant compte « non seulement de ses symptômes, mais aussi des causes les plus profondes ».
L’objectif de trois premiers chapitres est de démontrer la nécessité du développement « d’une écologie intégrale » (ch. IV), a dit le cardinal Turkson, qui comprend « dans ses diverses dimensions » « notre lieu unique en tant qu’êtres humains dans ce monde et notre relation à notre environnement ». Sur cette base, le chapitre V traite de la question « sur ce que nous pouvons et devons faire ».
Enfin, en se basant sur la conviction que « le changement est impossible sans motivation et sans processus d’éducation », le chapitre VI propose « quelques lignes directrices « de maturation humaine inspirées par le trésor de l’expérience spirituelle chrétienne » (n. 15 de Laudato Si’), a conclu le président du Conseil pontifical Justice et Paix.
Il a notamment expliqué : « À mi-parcours de Laudato Si ‘ nous trouvons cette question: Quel genre de monde voulons-nous laisser à ceux qui nous succèdent, aux enfants qui grandissent ? Le Saint-Père continue : « Cette question ne concerne pas seulement l’environnement de manière isolée, parce qu’on ne peut pas poser la question de manière fragmentaire ». Cela nous amène à nous interroger sur le sens de l’existence et de ses valeurs qui sont la base de la vie sociale: Quel est le but de notre vie dans ce monde? Pourquoi sommes-nous ici? Quel est le but de notre travail et de tous nos efforts? Pourquoi la Terre a-t-elle besoin de nous ? « Si nous ne posons pas ces questions de base », dit le pape, «il ne suffit plus alors, tout simplement de dire que nous devons nous préoccuper des générations futures » (n.160). »
« Ces questions, a-t-il ajouté, proviennent d’une observation: aujourd’hui la terre, notre sœur, maltraitée et abusée, se lamente; et ses gémissements rejoignent ceux du monde délaissé et « rejeté ». Le pape François nous invite à les écouter, en exhortant chacun – les individus, les familles, les collectivités locales, les nations et la communauté internationale – à une « conversion écologique », qui est, selon l’expression de saint Jean-Paul II, le «changement de la direction » qui accepte la beauté et la responsabilité de la tâche de « prendre soin de notre maison commune ». Il le fait en utilisant les paroles du patriarche œcuménique de Constantinople Bartholomée: « Les êtres humains … détruisent la diversité biologique […] en provoquant des changements climatiques […], en contaminant les eaux de la terre, leur terre, leur air, et leur vie – ce sont des péchés » (n.8). »
« Le chapitre V, a encore souligné le cardial ghanéen, traite de la question de savoir ce que nous pouvons et devons faire. Une série de perspectives est proposée pour le renouvellement de la politique internationale, des politiques nationales et locales, des processus de prise de décision dans les secteurs public et privé, de la relation entre la politique et l’économie et entre la religion et la science. »
« Pour le pape François, explique-t-il, il est impératif que des propositions concrètes ne soient pas développées d’une manière idéologique, superficielle ou réductionniste. Pour cela, le dialogue est essentiel, c’est un terme qui est présent dans le titre de chaque section de ce chapitre: « Il y a certaines questions environnementales où il n’est pas facile de parvenir à un large consensus. […] L’Église n’a pas la prétention de régler les questions scientifiques ou de remplacer la politique, mais j’invite à un débat honnête et transparent, pour que les besoins particuliers ou les idéologies n’affectent pas le bien commun (n. 188). »