Selon le rapport sur l’état de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde (SOFI 2021), près d’une personne sur trois n’avait pas accès à une alimentation adéquate en 2020, soit 320 millions de personnes supplémentaires, une « augmentation vertigineuse » par rapport à 2019, en partie due à l’impact de la pandémie.
C’est ce que déplore le Dicastère pour le service du développement humain intégral qui appelle à une mobilisation pour « démanteler » le système actuel.
Pour affronter cette question, le dicastère organisait, en lien avec la Mission permanente du Saint-Siège auprès de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), du Fonds international de développement agricole (IFAD) et du Programme alimentaire mondial (PAM), et le Forum Roma des ONG d’inspiration catholique, un séminaire en ligne intitulé « Systèmes alimentaires résilients, inclusifs et durables », ce mardi 12 octobre 2021.
« Le système mondial de production alimentaire est inadapté au défi de la sécurité alimentaire et climatique dans les circonstances actuelles », soulignaient les organisateurs du séminaire. Liant la crise alimentaire à l’effondrement climatique, ils invitaient à s’interroger sur « la nécessité de démanteler et de repenser le système actuel ».
Le pré-sommet et le sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires, indiquent-ils, reconnaissent l’urgence de faire des systèmes agroalimentaires « des accélérateurs de progrès » et d’augmenter « la résilience » dans le contexte de la pandémie de Covid-19, en « renforçant les chaînes de valeur locales, en améliorant la nutrition, en réutilisant et en recyclant les ressources alimentaires afin de réduire de moitié le gaspillage ».
Il faut, recommandent les organisateurs, « inverser la tendance » et tenir compte des « besoins de la population mondiale croissante et des limites de la planète », en investissant dans un système alimentaire mondial « capable de faire face aux crises futures ». D’où l’importance de « régénérer les systèmes alimentaires actuels pour les rendre plus résilients, inclusifs et durables ».
Introduit par le cardinal Peter Turkson, préfet du dicastère pour le Service du développement humain intégral, le séminaire a donné la parole à Alessandra Smerilli, secrétaire a.i. du dicastère, Maria Helena Semedo, vice-directeur général de la FAO pour le climat et les ressources naturelles, Javier Garat Pérez, président de l’ICFA (International Coalition of Fisheries Associations) et Davide Rafa, directeur du CELIM/FOCSIV.
Mgr Fernando Chica Arellano, observateur du Saint-Siège auprès de la FAO, de l’IFAD et du PAM, a conclu les travaux en soulignant la « complexité des interrelations de la réalité » et le risque d’interpréter celle-ci avec « la mentalité technocratique » actuelle, « dénoncée dans l’encyclique [Laudato si’], qui, en cherchant à résoudre un problème, crée d’autres dommages collatéraux ».
Enfin, l’engagement constant du Saint-Siège pour le droit à la nourriture a été rappelé, ainsi que l’invitation du pape François à redessiner « une économie à échelle humaine, non seulement soumise au profit, mais ancrée dans le bien commun, amie de l’éthique et respectueuse de l’environnement » (Message au ministre du climat et de l’environnement de la République de Pologne, à l’occasion de la XLVIIIe session de la Conférence de la FAO, le 14 juin 2021).