La fête de « Hanoukka » (16-23 décembre), la fête aux neuf lumières

Introduction aux fêtes juives

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ROME, Dimanche 10 décembre 2006 (ZENIT.org) – Commémorant un miracle survenu dans le temple de Jérusalem profané, la fête de « Hanoukka » est fêtée cette année par les Juifs du 16 au 23 décembre. Une fête liée à l’histoire des frères Maccabée qui ont défendu le culte de l’unique vrai Dieu face au paganisme, au temps de la persécution d’Antiochus Epiphane. Mais quelle est son origine précise, en quoi consiste cette fête aux neuf lumières, à célébrer année « avec joie et gaîté », et qui rappelle un moment important de « l’histoire sainte » ?

Le P. Michel Remaud, directeur de l’Institut chrétien d’Etudes juives et de littérature rabbinique (www.institut-etudes-juives.net) a bien voulu offrir cette présentation aux lecteurs de Zenit.

La fête de Hanoukka

La fête de Hanoukka commémore la purification et la dédicace (Hanoukka en hébreu) du temple de Jérusalem et de son autel en décembre de l’an 164 avant notre ère. Elle est célébrée pendant huit jours à partir du 25 du mois de Kislev (cette année : du 16 au 23 décembre).
Les livres des Maccabées racontent comment le roi de Syrie Antiochus IV Épiphane avait interdit le culte juif, ce qui avait provoqué une révolte conduite par Judas Maccabée et ses frères, et profané le temple de Jérusalem pour le dédier à Zeus olympien. La dédicace et l’institution de la fête nous sont racontées par quatre sources : les deux livres des Maccabées, l’historien Flavius Josèphe et le Talmud.

Selon les livres des Maccabées, il avait été décidé que la fête serait célébrée chaque année « avec joie et gaîté » pendant huit jours. Le second livre des Maccabées ajoute deux précisions importantes : la durée de la fête est calquée sur celle de la dédicace du premier temple par Salomon ; cette fête de huit jours devait aussi compenser celle de Souccot, qui n’avait pas pu être célébrée deux mois plus tôt en raison de la persécution. C’est probablement ce qui explique l’insistance du livre des Maccabées sur la joie qui doit accompagner la fête de Hanoukka ; la joie, en effet, est une des caractéristiques de la fête de Souccot.

Le Talmud, quant à lui, rapporte une histoire peut-être légendaire, mais qui est le fondement du rituel propre à la fête : « Quand les idolâtres étaient entrés dans le temple, ils avaient profané toute l’huile. Il ne restait plus qu’une jarre d’huile portant le sceau du grand-prêtre (…). La quantité d’huile qui s’y trouvait n’était suffisante que pour l’allumage d’une seule journée. Un miracle se produisit : cette huile dura en fait pendant huit jours. »

Aujourd’hui, l’essentiel du rituel consiste dans l’allumage des lumières de Hanoukka, bougies ou lampes à huile. On en allume une le premier soir, deux le second et ainsi de suite jusqu’à huit. La pratique suit ainsi l’école de Hillel, alors que, selon l’école de Shammaï, l’autre grand maître contemporain du début de l’ère chrétienne, on devait en allumer huit le premier soir, sept le second et ainsi de suite jusqu’à une. La justification de cet usage, qui n’a pas été retenu par la tradition, vaut d’être signalée : le nombre des lumières devait aller en décroissant comme le nombre des sacrifices pendant la fête de Souccot, ce qui confirme que cette fête est bien inspirée de la fête des tentes.

La lampe de Hanoukka, la hanoukiyya, doit être placée dans chaque maison dans un endroit visible de l’extérieur, près d’une fenêtre, ou même à l’extérieur de la maison, si elle est protégée du vent. Depuis le Moyen-Age, l’art juif a produit une variété considérable de ces lampes. La hanoukiyya doit comporter le support de neuf lumières, la neuvième, le shamash, devant servir à allumer les autres. On ne doit pas utiliser la hanoukiyya pour s’éclairer : elle doit donner sa lumière de façon purement gratuite et non utilitaire. La fête est appelée aussi fête des lumières : peut-être moins à cause des lampes qu’en souvenir des illuminations qui éclairaient jadis Jérusalem pendant la fête des tentes (Souccot), et qui ont pu être transposées à Hanoukka.

La fête de Hanoukka ne rappelle que de façon allusive les prouesses militaires des Maccabées, sans doute à cause du souvenir ambigu que ces derniers ont laissé dans la tradition d’Israël : les frères de Judas Maccabée et leurs descendants fondèrent en effet une dynastie, celle des Asmonéens, qui fut considérée comme doublement illégitime par le parti pharisien, puisque cumulant les fonctions de grand-prêtre et la royauté — alors que ses représentants n’appartenaient pas à la lignée de David ni à celle de l’héritier légitime du souverain pontificat. En outre, les Asmonéeens firent alliance avec les Romains. C’est d’ailleurs pour arbitrer un conflit entre les derniers Asmonéens que les légions romaines, sous le commandement de Pompée, pénétrèrent en terre d’Israël, pour n’en plus repartir. Lorsque la liturgie de ce jour célèbre « les miracles qu’Il a faits pour nos pères, en ces jours et en ce temps-là », il s’agit essentiellement du miracle de l’huile qui a brûlé pendant les huit jours de la dédicace.

On trouve une allusion à la fête de Hanoukka dans l’Évangile de Jean, dont la chronologie se réfère au cycle liturgique juif : « On célébrait alors à Jérusalem la fête de la dédicace. C’était l’hiver. » (Jn 10,22). Le passage précédent prenait comme point de repère « le dernier jour de la fête » de Souccot (7,37), célébrée deux mois plus tôt, et la suite du récit commence à compter les jours en référence à la fête de la Pâque, vers laquelle tend tout le récit évangélique.

© Tous droits réservés, P. Michel Remaud

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ZENIT Staff

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