ROME, Vendredi 1 septembre 2006 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le commentaire de l’Evangile de ce dimanche, proposé par le père Raniero Cantalamessa OFM Cap, prédicateur de la Maison pontificale.
Evangile de Jésus Christ selon saint Marc 7,1-8.14-15.21-23
Les pharisiens et quelques scribes étaient venus de Jérusalem. Ils se réunissent autour de Jésus,
et voient quelques-uns de ses disciples prendre leur repas avec des mains impures, c’est-à-dire non lavées. Les pharisiens en effet, comme tous les Juifs, se lavent toujours soigneusement les mains avant de manger, fidèles à la tradition des anciens ; et au retour du marché, ils ne mangent pas avant de s’être aspergés d’eau, et ils sont attachés encore par tradition à beaucoup d’autres pratiques : lavage de coupes, de cruches et de plats. Alors les pharisiens et les scribes demandent à Jésus : « Pourquoi tes disciples ne suivent-ils pas la tradition des anciens ? Ils prennent leurs repas sans s’être lavé les mains. » Jésus leur répond : « Isaïe a fait une bonne prophétie sur vous, hypocrites, dans ce passage de l’Écriture : Ce peuple m’honore des lèvres, mais son coeur est loin de moi.
Il est inutile, le culte qu’ils me rendent ; les doctrines qu’ils enseignent ne sont que des préceptes humains. Vous laissez de côté le commandement de Dieu pour vous attacher à la tradition des hommes. »
Il appela de nouveau la foule et lui dit : « Écoutez-moi tous, et comprenez bien. Rien de ce qui est extérieur à l’homme et qui pénètre en lui ne peut le rendre impur. Mais ce qui sort de l’homme, voilà ce qui rend l’homme impur. »
Car c’est du dedans, du coeur de l’homme, que sortent les pensées perverses : inconduite, vols, meurtres, adultères, cupidités, méchancetés, fraude, débauche, envie, diffamation, orgueil et démesure. Tout ce mal vient du dedans, et rend l’homme impur. »
© AELF
Ce qui rend l’homme impur
« Écoutez-moi tous, et comprenez bien. Rien de ce qui est extérieur à l’homme et qui pénètre en lui ne peut le rendre impur. Mais ce qui sort de l’homme, voilà ce qui rend l’homme impur. Car c’est du dedans, du coeur de l’homme, que sortent les pensées perverses : inconduite, vols, meurtres, adultères, cupidités, méchancetés, fraude, débauche, envie, diffamation, orgueil et démesure. Tout ce mal vient du dedans, et rend l’homme impur ».
Dans l’Evangile de ce dimanche Jésus attaque à la racine la tendance à donner plus d’importance aux gestes et aux rites extérieurs qu’aux dispositions du cœur, le désir d’apparaître plutôt que d’être bons. En deux mots, l’hypocrisie et le formalisme.
Nous pouvons cependant aujourd’hui tirer de cette page d’Evangile non seulement un enseignement d’ordre individuel mais également social et collectif. La déformation que Jésus dénonçait, d’accorder plus d’importance à la propreté extérieure qu’à la pureté du cœur, se reproduit aujourd’hui à l’échelle mondiale. On se préoccupe énormément de la pollution extérieure et physique de l’atmosphère, de l’eau, du trou d’ozone ; en revanche c’est le silence presque total sur la pollution intérieure et morale. Nous sommes indignés devant des images d’oiseaux marins qui sortent de l’eau polluée par des nappes de pétrole, recouverts de goudron et incapables de voler, mais pas devant nos enfants gâtés dès leur plus jeune âge et éteints, à cause du manteau de malice qui recouvre désormais tous les aspects de la vie.
Soyons bien clairs : il ne s’agit pas d’opposer ces deux types de pollution. La lutte contre la pollution physique et l’attention à l’hygiène sont un signe de progrès et de civilisation auquel on ne peut renoncer à aucun prix. Jésus n’a pas dit, à cette occasion, qu’il n’était pas nécessaire de se laver les mains, de laver les verres et tout le reste ; il a dit que cela ne suffisait pas ; cela ne va pas à la racine du mal.
Jésus lance donc le programme d’une écologie du cœur. Prenons l’un des éléments « polluants » cités par Jésus, la calomnie, avec le vice qui s’y apparente de dire des méchancetés sur notre prochain. Voulons-nous vraiment réaliser une œuvre d’assainissement du cœur ? Lançons-nous dans une lutte sans merci contre notre habitude de céder aux commérages, de rapporter des critiques, de jaser sur le compte de personnes absentes, de prononcer des jugements irréfléchis. Il s’agit d’un venin très difficile à neutraliser une fois qu’il a été répandu.
Une femme alla un jour se confesser à saint Philippe Néri, s’accusant d’avoir dit du mal de certaines personnes. Le saint lui accorda l’absolution mais lui donna une étrange pénitence. Il lui demanda de rentrer chez elle, de prendre une poule et de revenir le voir, en plumant la poule le long du chemin. Lorsqu’elle fut de retour, il lui dit : « Maintenant rentre à la maison et ramasse une à une les plumes que tu as laissées tomber en venant jusqu’ici ». « C’est impossible ! s’exclama-t-elle. Le vent les a sûrement dispersées entre-temps dans toutes les directions ». Saint Philippe l’attendait là. « Tu vois, lui dit-il, de même qu’il est impossible de ramasser les plumes lorsqu’elles ont été éparpillées par le vent, il est également impossible de retirer des ragots et des calomnies une fois qu’ils ont été prononcés ».