Après que le Haut Comité pour la Fraternité humaine a invité l’humanité entière à prier le 14 mai 2020 pour la fin de la pandémie du coronavirus, le pape François a exhorté « les croyants de toutes les religions » à participer à cette initiative, lors de la prière du Regina Coeli du 3 mai dernier. Il s’agit, a-t-il dit, de s’unir « spirituellement en une journée de prière et de jeûne et d’œuvres de charité, pour implorer Dieu d’aider l’humanité à vaincre la pandémie ».
Le cardinal Ayuso Guixot, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, revient sur la signification de cet appel et sur l’importance du soutien du pape François, dans un entretien publié sur le site Vatican News du 4 mai 2020.
Un événement et une réponse universels
Cet appel, estime-t-il, est une invitation à « reconnaitre la dimension spirituelle qu’en tant que croyants – mais aussi en tant que personnes de bonne volonté – nous percevons dans le profond bouleversement que connait le monde avec cette pandémie. Chacun, quelle que soit sa culture, sa situation économique, sa croyance ou son absence de croyance religieuse, ressent et entend l’immensité du cri de l’humanité souffrante, débordée de toute part, angoissée, meurtrie ».
Et le soutien du pape François manifeste « le caractère universel du moment historique qui nous touche tous » et « l’universalité de la réponse intérieure que tout un chacun peut y apporter », souligne le président du dicastère, qui se félicite des adhésions à cet appel de la part de hautes autorités comme le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, et le Patriarche œcuménique de Constantinople, Bartholomée.
Pour le cardinal, le soutien du secrétaire général de l’ONU est « un appel à la conscience des êtres humains qu’ils soient croyants ou non-croyants ». En effet, face à cette grave crise mondiale, et alors que l’humanité tout entière souffre, il est important de se savoir soutenu par les non-croyants, par les responsables politiques ou les responsables d’entreprises. Tous ensemble, croyants et non croyants, nous nous sentirons frères et sœurs, unis pour invoquer la fin de cette pandémie ».
Prière, jeûne et miséricorde
Dans le contexte de la crise actuelle, souligne-t-il, « toutes les religions accordent une grande place à l’intériorité et, en conséquence, à l’intériorisation à laquelle, bon gré mal gré, nous sommes contraints. Avec des nuances et des pratiques sensiblement différentes les unes des autres, la prière et l’oraison nous disposent cependant à un acte d’amour ouvert sur le bien de l’autre et sur l’acceptation. Ce n’est pas rien ! »
Quant au jeûne et aux œuvres de miséricorde, qui « sont à la fois des actes individuels et communautaires », ils « impliquent une véritable prise de responsabilité et cette responsabilité donne à chacun le sens profond de l’action à entreprendre ». Ce qui est « très important pour « l’après » », fait-il observer.
Le bien qui ne fait pas de bruit
Si le cardinal espagnol se réjouit des initiatives communes lancées depuis le début de la pandémie, il souligne l’importance des « initiatives silencieuses : celles qui consistent à vivre ensemble malgré la séparation momentanée, à prendre soin des personnes et à subvenir aux besoins des plus démunis, sans distinction religieuse, à mettre en commun des savoirs, etc. »
Cette initiative est « une occasion unique », conclut le président du dicastère, « d’enraciner dans nos traditions religieuses respectives les plus chères, le nom que nous voulons donner à notre avenir ! »
Le Haut Comité s’appuie sur le «Document sur la fraternité humaine pour la paix mondiale et la coexistence commune» signé par le pape François et le grand imam d’Al-Azhar, Ahmad Al-Tayyeb, le 4 février 2019 à Abou Dabi.