« Da Vinci Code » : « La vérité sur le Christ doit être recherchée avec honnêteté », affirme le p. Sesboüé

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« L’auteur joue sur une ambiguïté volontairement entretenue » : roman ou livre d’histoire

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ROME, Jeudi 11 mai 2006 (ZENIT.org) – A l’occasion de la sortie de son livre « Da Vinci Code expliqué à ses lecteurs » (éditions du Seuil, 6 euro), un ouvrage « pour décoder Da Vinci Code sous l’angle du christianisme », Zenit a demandé des précisions au P. Bernard Sesboüé, jésuite.

Zenit : P. Sesboüé votre premier chapitre pose justement la question : « Un roman ou un livre d’histoire ? » Pourquoi est-ce si important de bien situer le « genre littéraire » ?

P. Sesboüé : C’est très important pour ce livre, car son auteur joue sur une ambiguïté volontairement entretenue : d’une part, il dit que c’est un roman et d’autre part il invoque « les faits ». Parmi ceux-ci, il mélange, il « mixe » avec la plus grande finesse l’histoire véridique et des inventions totales. De la sorte, le lecteur est discrètement invité à tout prendre pour argent comptant. Quand on lit « Les trois mousquetaires » d’Alexandre Dumas, on sait bien qu’il s’agit d’une histoire inventée placée dans un contexte historique. Avec Dan Brown, celui qui n’a pas de culture historique perd tous ses repères. Il faut donc dire que tout ce qui concerne Jésus et Marie-Madeleine, la soi-disant « invention » de la divinité du Christ à Nicée, le « mensonge institutionnel » établi dans l’Eglise : tout cela est du pur roman.

Zenit : Comment « défendre » la vérité sur le Christ ?

P. Sesboüé : La vérité sur le Christ n’a pas à être défendue : elle doit être recherchée avec honnêteté et accueillie avec respect. Il n’y a eu aucun complot pour cacher quelque vérité que ce soit. La vérité n’est pas cachée dans un ésotérisme prétendu.

Zenit : Sur quelle historicité se fondent les Evangiles ?

P. Sesboüé : Les évangiles sont à la fois des récits d’histoire et des témoignages de foi. Il faut bien distinguer les deux, sans les séparer ni les confondre. Il est donc normal de vérifier le mieux possible les données historiques. Mais aussi il faut reconnaître que l’on ne peut pas rejoindre par l’histoire la totalité de ce que la foi nous enseigne au sujet du Christ. Pour la raison très simple que Jésus est la parole même de Dieu et que cette parole ne peut se recevoir que dans la foi et dans l’amour. Je sais par l’histoire que les apôtres ont témoigné de la résurrection de Jésus. L’événement même de cette résurrection, je ne peux que le croire, car en lui-même il nous annonce quelque chose qui dépasse notre histoire. Cela dit, tout ce que l’histoire nous permet de rejoindre au sujet de Jésus est en pleine cohérence avec ce que la foi nous dit de lui.

Zenit : Faut-il boycotter le DVC, répondre devant les tribunaux : quel conseil aux lecteurs de votre ouvrage ?

P. Sesboüé : Je ne leur donne aucun conseil, parce que je les suppose suffisamment adultes et informés pour savoir qu’en penser. Je crois qu’un boycott de DVC ferait plus de mal que de bien. Dans la mouvance publicitaire d’aujourd’hui, l’important n’est pas qu’on dise du bien ou du mal de quelque chose, l’important est qu’on en parle. Ne tombons pas dans le piège de leur faire de la publicité. Informons simplement en vérité ceux qui se posent des questions.

Zenit : Le roman a-t-il quelque chose de « choquant » ?

P. Sesboüé : Il est « choquant » dans la mesure où il s’en prend à Jésus, la figure centrale du christianisme, et invente à son sujet une aventure amoureuse et sexuelle en vue de mélanger le sexe et le sacré. Il y a trois femmes dans les évangiles qui ont été réunies pour former l’image de Marie-Madeleine (la pécheresse chez Simon, Marie de Béthanie et Marie de Magdala). Jésus a éprouvé de l’affection pour elles, comme pour d’autres (la samaritaine, la femme adultère) et un certain nombre d’hommes (Lazare, le jeune homme riche, le disciple bien-aimé). N’oublions jamais qu’il a dû répondre au quolibet « d’eunuque », parce qu’il n’était pas marié et que cela étonnait. Il dit : ce n’est pas ce que vous pensez : il y a des eunuques pour le Royaume de Dieu. Comprenne qui pourra ! Alors comme aujourd’hui il y en qui ne comprennent pas…

[Pour en savoir plus, on peut écouter l’interview réalisée pour croire.com par Catherine Sesboüé (www.croire.com).

Croire.com explique que Bernard Sesboüé a rédigé ce livre, agacé de ce que la foi chrétienne et ses fondements soient ainsi malmenés. Il a axé son ouvrage sur le plan de la foi chrétienne. Il explique comment l’auteur procède. Il démonte ainsi amalgames et associations de vérités historiques jusqu’à l’imposture, en cinq chapitres (Un roman ou un livre d’histoire ? – Jésus et Marie-Madeleine, – Peut-on faire confiance à la Bible ? – Jésus était-il le Fils de Dieu ? – L’Eglise n’a-t-elle fait que fabriquer des mensonges ?).]

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ZENIT Staff

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