ROME, Vendredi 15 juillet 2005 (ZENIT.org) – Le visage du Christ dans l’art, de la résurrection à la résurrection: une exposition est organisée sur ce thème dans le cadre des Journées mondiales de la Jeunesse de Cologne du 15 au 21 août prochain, comme le souligne l’agence catholique belge CathoBel qui a rencontré le commissaire de l’exposition.
À travers plus de 80 œuvres marquantes de l’histoire de l’art – peintures, sculptures, icônes, dessins, gravures, … – l’exposition « Visages du Christ – La représentation du Christ de l’Antiquité au XXe siècle » développe la thématique de la représentation du Christ à travers les âges en sept chapitres.
Elles rassemblent de grands noms et des pièces exceptionnelles qui n’ont pas toujours été faciles à obtenir. Contacté il y a deux ans par le Vatican, le musée Wallraf-Richartz Museum a nommé Roland Krischel, son Directeur du département Moyen-Âge commissaire de l’exposition. Il a expliqué à CathoBel la genèse de cet événement, en lien avec les JMJ de Cologne, et la présentation originale qu’il avait voulu donner à l’exposition.
Jusqu’au 2 octobre 2005, le musée Wallraf-Richartz de Cologne propose une exposition originale autour de la représentation du Christ de l’Antiquité au XXème siècle. Cette exposition a été voulue par le Vatican, qui a pris l’habitude, depuis les Journées Mondiales de Denver, en 1993, d’accompagner ce grand rassemblement de jeunes d’autres événements culturels. « Ce n’est pas une « commande » », se défend le commissaire, Roland Krischel qui se dit néanmoins flatté de la requête du Saint-Siège. Il a appris par la suite que des représentants de l’État du Vatican avaient visité « son » musée incognito, avant de prendre la décision.
C’est donc ensemble que le musée allemand et le comité vatican ont élaboré l’expo. Après avoir rejeté le thème du « visage du Christ », car déjà monté à Rome lors du jubilé de l’an 2000, le Wallraf-Richartz Museum a donc proposé cette idée de « représentations » du Christ selon plusieurs aspects. « Un thème majeur dans l’art européen qui peut intéressé les jeunes auxquels on a voulu montrer 7 aspects toujours actuels », explique Roland Krischel. C’était il y a deux ans. Depuis, musée et Vatican ont multiplié les démarches – et les concessions – pour parvenir à rassembler une telle collection.
La liste idéale
Après avoir dressé une liste des œuvres exhaustives et même parfois utopique des œuvres qui se devaient de figurer dans l’expo, le commissaire et son équipe se sont mis au travail. Car certaines pièces présentées ont été difficiles à obtenir. Mais, grâce au Vatican, l’expo est parvenue à convaincre certains propriétaires et à résoudre certains problèmes de transports. C’est le cas pour le Christ à la couronne d’épines de Fra Angelico, qui lorsqu’il aura regagné sa paroisse de Santa Maria del Soccorso à Livourne, y sera définitivement scellé. Il n’avait jamais voyagé… C’est aussi le cas du reliquaire du monastère de la Santa Croce de Jérusalem ou de la « Résurrection » du peintre El Greco, prêté très exceptionnellement par le Musée Prado de Madrid. Pour cette dernière œuvre, Roland Krischel avoue qu’il y a eu une contrepartie. Il n’est cependant pas autorisé à la dévoiler…
Pourtant, toutes les œuvres de la liste de « rêve », telle que dressée par le Musée n’ont pas été obtenues. « Beaucoup parce que, justement, elles sont en même temps des reliques, ne pouvaient être déplacées », précise le commissaire. « Ou alors qu’elle sont purement et simplement intransportables, comme le plafond de la chapelle Sixtine », ajoute-t-il en souriant. Malgré tout, il se refuse à penser que les œuvres présentées ne sont que « des second choix ». « Nous avons dû composer avec les problèmes techniques, mais les œuvres que nous avons choisies restes majeures ». « Certaines, comme la « Copie du jugement dernier de Michel Ange » de Giulio Clovio (1570) sont là non pas comme un prix de consolation mais parce qu’elles y avaient leur place. D’une part, dans cet exemple, la copie rappelle l’originale sans laquelle le thème n’aurait pas été complet mais ce n’est pas n’importe quelle copie : il s’agit de la plus grande des œuvres représentées dans le plus petit support… », poursuit-il.
Parmi les pièces importées du Vatican, certaines ne sont pas visibles là-bas, souligne encore Roland Krischel, saluant l’extraordinaire collaboration des différents musées contactés.
L’Alpha et l’oméga
Le choix des œuvres a donc été laissé libre au Comité de l’expo. « Il fallait des tableaux qui tiennent le coup d’une longue exposition », explique le Commissaire, « et nous en avons éliminés d’emblée ». « Nous n’avons pas subi de « censure » de la part du Vatican », enchaîne-t-il. Il admet cependant que son équipe a écarté certains tableaux, non pour leur côté provoquant ou choquant, mais parce qu’ils auraient attiré à eux toute l’attention et détourné celles des autres.
L’expo, construite autour de sept thèmes, a été pensée comme un cercle. « Elle commence et se termine par la Résurrection du Christ, qui est l’alpha et l’oméga. C’est le centre de la théologie catholique et c’est aussi le centre artistique de notre exposition », précise Roland Krischel. L’expo est bien sûr à la portée des jeunes qui aimeront sans aucun doute son aspect éclectique sans pour autant se perdre dans les dédales de l’art. « Nous voulions jeter des ponts entre l’art ancien et le 20e siècle », conclut le commissaire.