Rome : En première mondiale la Symphonie tirée de la bande sonore de la « Passion »

« Une invitation à la conversion des cœurs », affirme le compositeur

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ROME, Vendredi 8 juillet 2005 (ZENIT.org) – L’auteur de la musique du film de Mel Gibson « Passion » a dirigé mercredi 6 juillet, à Rome, la symphonie inédite pour chœur et orchestre tirée du film qui raconte la Passion du Christ.

John Debney, âgé de 39 ans, californien, compositeur éclectique et auteur célèbre de la bande sonore de films d’action comme « Superman » de John Williams, ou « Spiderman 2 », jusqu’au violent « Sin City », a présenté en première mondiale dans la « cavea » de l’Auditorium du « Parco della Musica » de Rome « La Symphonie de la Passion du Christ », exécutée par l’orchestre et le choeur de « Santa Cecilia », en présence entre autres de Mgr John Foley, président du Conseil pontifical pour les Communications sociales.

Sur un écran placé derrière les quelque 200 musiciens, chanteurs et solistes, ont été projetées des images représentant la passion tirée de l’histoire de l’art de tous les temps : de Giotto à Tintoretto, du Beato Angelico à Mantegna.

Dans cette interview accordée à ZENIT, avant les répétitions générales, le compositeur John Debney raconte le chemin de foi entrepris lors de la composition de cette œuvre.

Zenit : Existe-t-il des différences entre la symphonie et la bande sonore du film ?

John Debney : Oui, bien sûr ! Tout a débuté quand j’ai commencé à composer la musique pour le film de Mel Gibson. J’ai pensé qu’écrire un grand opéra basé sur certains des thèmes réalisés pour le film, en en ajoutant d’autres, serait une merveilleuse idée.

J’entrepris alors d’essayer de raconter l’histoire de la Passion, qui dans de nombreuses traditions chrétiennes, et de manière particulière dans le monde catholique, est représentée par les stations du chemin de croix. C’est la raison pour laquelle ma symphonie se compose d’un prologue qui prend place dans les jardins du Gethsémani. Viennent ensuite sept mouvements qui contiennent deux stations chacune. Après les sept mouvements se trouve un épilogue constitué par la résurrection – qui naturellement ne fait pas partie des stations traditionnelles. J’ai ainsi voulu réécrire une œuvre qui embrasse vraiment toute l’histoire qui se trouve derrière la Passion du Christ.

Zenit : De quelle manière raconte-t-on une histoire à travers la musique ?

John Debney : Je voulais parler des idées principales qui sont sous-jacentes à chaque scène, d’idéaux universels comme l’amour, la miséricorde, la foi, le sacrifice, la charité. Il s’agit uniquement d’une œuvre chrétienne qui, à mon avis, souligne le message de bonté et de sacrifice de soi du Christ. Voilà l’idée d’ensemble qui se trouve derrière la symphonie. Et la chose merveilleuse est que l’on n’écoutera pas seulement cette musique mais l’on pourra aussi voir des images stupéfiantes, représentant certains des plus grands opéras artistiques de tous les temps sur ce thème, qui mettront en lumière des moments ou des personnages du film.

Il y a beaucoup de musique dans le film, c’est la raison pour laquelle j’ai décidé d’utiliser des instruments merveilleux provenant du monde entier. Il en est ainsi du duduk, un ancien instrument arménien que j’ai beaucoup utilisé dans le film. Cela a été une grande chance d’avoir avec nous ici à Rome, Lisbeth Scott, une des solistes du film. C’est sa voix que l’on entend dans les flash-back lorsque Marie revient en mémoire à l’époque où Jésus était encore enfant.

Au niveau personnel cela est très stimulant car 3-4 solistes m’accompagneront à Rome et parce que j’aurai la possibilité de travailler avec l’un des orchestres et des chœurs les plus raffinés au monde.

Zenit : En tant que compositeur, comment décririez-vous la trame et les sonorités de la musique, et de quelle manière celles-ci reflètent les thèmes que vous voulez mettre en valeur ?

John Debney : L’idée générale de ce type de partition a commencé avec Mel Gibson et avec son intention de créer une expérience universelle. Cela veut tout naturellement dire que le film est en mesure de parler aux personnes de foi chrétienne et également à celles qui peuvent être simplement intéressées par une histoire de l’Ecriture.

La partition doit vraiment refléter chaque région ou influence culturelle du monde. C’est la raison pour laquelle elle se termine de cette manière, comme si elle utilisait vraiment tous les instruments et les couleurs du monde.

Mais cela n’est pas tout ! Comme je l’ai dit précédemment, nous voulions insérer des instruments anciens, comme les tambours Taiko, ou les nombreuses flûtes provenant de cette terre d’il y a 2000 ans. C’est ce que je considère être l’effet des influences ethniques et multiculturelles, celui de transporter l’auditeur dans ce monde d’il y a 2000 ans. Mel disait fréquemment : « Je veux que vous réussissiez à sentir la poussière dans votre bouche ; à goûter Jérusalem et tous les milieux et les routes d’il y a 2000 ans ».

Je crois vraiment que l’auditeur sera en mesure de faire un voyage dans le temps en entendant le son du glas du duduk, le son d’une flûte naj, la voix d’une chanteuse. Certains instruments représentent des personnages, comme par exemple le erhu, violon chinois, pour Satan ou le mal.

J’utiliserai également trois langues dans la symphonie – l’araméen ancien, le latin et l’italien – sélectionnées pour des raisons très particulières. Ainsi même avec les langues l’on dépasse les frontières culturelles.

Zenit : Quelle a été votre expérience personnelle lors de la composition de cette symphonie ?

John Debney : Pour moi faire ce film a été vraiment un don du Ciel, parce que je suis catholique depuis ma naissance. Avoir composé cette symphonie a été pour moi d’une certaine manière, un grand don. Je le considère comme un acte de foi. C’est dans une attitude de foi que j’ai abordé la composition de cette symphonie ainsi que la bande sonore du film. J’espère que ceux qui l’entendront seront profondément émus. Tout comme j’espère qu’ils seront traversés par la pensée de l’existence de Dieu.

Zenit : En tant que compositeur célèbre, ayant à son actif de nombreuses musiques de films, peut-on parler d’une expérience unique dans l’écriture de la « Passion », aujourd’hui devenue également une symphonie ?

John Debney : Mon but était de contribuer à raconter l’histoire d’un film. Travailler aux côtés de Mel a été pour moi un voyage merveilleux, incroyable et difficile dans le même temps, en plus des autres choses que l’on peut imaginer dans un voyage de ce genre.

J’ai écrit des notes qui accompagnent la symphonie, qui décrivent mon voyage. J’espère en tous cas que les personnes qui l’écouteront prendront en considération l’existence de Dieu, qu’elles soient croyantes ou non, et qu’elles seront amenées à réfléchir au fait qu’il existe quelque chose de plus au-delà de ce monde physique.

Les auditeurs écouteront une symphonie profondément émouvante, quelquefois intensément vigoureuse, quelquefois extrêmement édifiante, mais aussi terriblement triste. Nous, en tant que croyants, nous connaissons la fin de l’histoire et c’est la note joyeuse par laquelle elle prend fin.

Zenit : Quel type d’étude avez-vous dû faire avant de composer cet opéra ?

John Debney : Quand la musique du film m’a été assignée, j’ai dû me documenter immédiatement. Et je puis vous dire qu’il existe peu de musique de cette période. Il existe des fragments de musique liturgique de tradition folklorique de différentes natures, et quand j’ai écrit aussi bien la partition que la sy
mphonie je ne savais vraiment pas où cela me mènerait. C’était comme si je suivais une route sans carte routière. Je savais que je devais être fidèle à chaque station de la Croix et conduire l’auditeur à travers ce voyage.

Et même si cela peut sembler étrange dans de nombreux milieux, je dois admettre que mon étude a été placée entre les mains de Dieu. Je n’ai fait que me laisser conduire par l’Esprit. A de nombreuses occasions je finissais de composer un mouvement, je partais quelques jours et quand je rentrais je ne réussissais même pas à me souvenir que je l’avais écrit ! L’expérience unique dans ce film, n’est pas la musique, mais l’esprit qu’il y a derrière.

Je crois qu’il y a vraiment Dieu derrière tout cela et dans le fait que j’ai réussi à écrire quelques bonnes notes. L’étude à été remplacée par la prière intérieure, tout comme par l’espérance et la confiance que les choses se seraient déroulées de la meilleure façon possible.

Zenit : La foi a donc joué un rôle significatif dans la composition de l’œuvre ?

John Debney : Oui. A mon humble avis, l’empreinte de Dieu se trouve sur tout ce travail. Ce n’est pas moi. Je suis heureux de l’avoir porté à son terme et dans le même temps je me sens honoré et plein d’humilité parce que j’ai perçu l’Esprit Saint à travers ce voyage dans ma vie.

Zenit : La symphonie sera-t-elle jouée dans d’autres villes après Rome ?

John Debney : J’espère que oui. Nous avons eu de nombreuses demandes même si nous ne l’avons encore jamais interprétée, du fait du bouche à oreille. Mon rêve est qu’elle puisse aller dans tous les coins du monde. Je souhaite que cette symphonie soit une source d’inspiration et une forme d’invitation permanente : une invitation à la conversion des cœurs.

Zenit : Merci d’avoir partagé votre expérience avec Zenit. Peut-être voulez-vous ajouter autre chose ?

John Debney : Je prie pour que cet opéra contribue à diffuser un message simple de vérité et d’amour à travers sa musique. Tout ce que je fais a pour but de Le glorifier, Lui qui continue de me faire don de mon talent malgré toutes les vicissitudes, afin que je puisse m’éveiller et écrire ces notes.

Mon espoir est de réussir à inviter le plus grand nombre de personnes à venir écouter cette symphonie, y compris les enfants et les religieux. A l’image du Christ il nous faut tendre la main à tous.

Parfois nous ne sommes pas à l’écoute de ce que Dieu nous dit, et pourtant, cela vaut la peine de s’arrêter et d’écouter pour pouvoir accueillir ces personnes à bras ouverts. La joie que l’on éprouve à écouter l’appel de Dieu est impossible à comprendre.

Pour de plus amples renseignements sur la « Symphonie de la Passion du Christ », cf. www.johndebney.com.

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ZENIT Staff

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