La mondialisation peut et doit être changée. Le fonctionnement actuel de l’économie mondiale souffre de déséquilibres « inacceptables » du point de vue éthique et « insoutenables » du point de vue politique. Pour la majorité des hommes, et des femmes, la mondialisation ne répond pas aux aspirations légitimes d’avoir un travail digne et un avenir meilleur pour leurs enfants. Ce sont des affirmations du Rapport intitulé: « Une mondialisation juste: créer des opportunités pour tous », élaboré par la Commission mondiale dur la dimension sociale de la mondialisation, institué par le Bureau international du Travail de Genève (BIT) en 2002. Le Rapport sera présenté le 25 février par le directeur du BIT, M. Juan Somavia, et par le cardinal Martino.
Voici un entretien publié par le conseil pontifical Justice et Paix où le cardinal Martino prend position sur ces questions.
CJP : Il est urgent de recenser les politiques de la mondialisation, dans quelle direction, Eminence?
Card. Martino : Il faut avant tout se concentrer sur les justes attentes des personnes qui veulent être respectées dans leur identité culturelle et leur autonomie et aspirent à un travail digne et rémunérateur, sans discriminations entre homme et femme. Une mondialisation juste doit s’appuyer sur les colonnes portantes et interdépendantes du développement intégral durable et de la protection de l’environnement. Il faut en outre des marchés productifs et des règles justes avec la possibilité pour tous d’y accéder, dans le respect des différentes capacités de développement; une solidarité et un partenariat plus étroits; un système ONU plus efficace; et l’augmentation des aides publiques au développement, pour atteindre les Objectifs du Millénaire, dont la diminution pour moitié des pauvres dans le monde d’ici 2015.
CJP : Le pape, pour sa part insiste sur la mondialisation de la solidarité…
Card. Martino : Certes, et puisque la solidarité n’est pas un vague sentimentalisme, mais l’assomption de responsabilités envers les autres en coordonnant les ressources en vue du bien commun, je dirais que pour arriver concrètement à une mondialisation de la solidarité il faut miser sur le travail: faire du travail digne et satisfaisant pour tous un objectif mondial des politiques locales, nationales, et internationales.
CJP : Comment cela touche-t-il le simple citoyen?
Card. Martino : Je commencerais par un style de vie plus sobre, ce qui est à la portée de tous. Le démon tentateur de la consommation crée des besoins factices pour nous en niant les besoins vitaux des autres. Aujourd’hui, hélas, on est passé de « user et jeter » à « jeter et acheter », ce qui est pire. On peut par exemple encourager la voie du « commerce équitable et solidaire », pour assurer une juste compensation à qui produit matériellement des biens.