Première publication le 30 novembre 2025 par la Custodie de Terre Sainte
Le samedi 29 novembre, selon la tradition, le Custode de Terre Sainte a fait son entrée solennelle à Bethléem pour le début de l’Avent.
La paroisse de Jérusalem a accueilli le Custode, Frère Francesco Ielpo, dans la paroisse de Saint Sauveur, avec des salutations et des remerciements, avant de partir en cortège vers le couvent Mar Elias.
Là, le Custode a salué la communauté locale et accordé quelques interviews. Le cortège s’est ensuite dirigé vers le checkpoint de Bethléem, par lequel il entre selon les accords du Statu Quo.
Arrivé au centre « Action Catholique » de Bethléem, les autorités civiles et la communauté locale ont accueilli le Custode et les frères de la Custodie de Terre Sainte. Les scouts ont alors commencé le cortège avec la fanfare et ont accompagné le Custode le long de Star Street jusqu’à la Basilique de la Nativité.

L’arrivée à la Basilique de la Nativité
Le Custode et les frères franciscains ont été accompagnés par la fanfare des scouts le long de la traditionnelle Star Street, où Frère Ielpo a salué la communauté locale, les étudiants et les personnes âgées.
À ses côtés marchaient également des autorités locales civiles et religieuses, dans la continuité de la tradition séculaire qui accompagne la présence franciscaine en Terre Sainte.

L’accueil à la paroisse Sainte-Catherine
Arrivé sur la Place de la Nativité, accueilli par les étudiants du Terra Santa College de Bethléem ainsi que par d’autres autorités civiles, citoyens et fidèles locaux, le Custode a ensuite fait son entrée dans la Basilique de la Nativité par la porte qui mène à la Basilique Orthodoxe, où il a été reçu par les autorités des Églises Orthodoxes Locales.
Il s’est ensuite dirigé, accompagné par les fidèles et les frères de la Custodie, vers l’Église de Sainte Catherine. Là, le Custode a été accueilli par Frère Marcelo Cicchinelli, gardien de la Nativité.
Après la vêture et le baiser de la Croix, le Custode a salué la communauté avec un message que le curé, Frère Rafael Tayem, a traduit en arabe pour la paroisse et les fidèles présents.
Dans son message, Frère Ielpo a souligné que ce retour représente un « grand signe d’espérance », rappelant que Dieu n’abandonne jamais ses enfants, même lorsque l’histoire semble s’éloigner de nos désirs d’harmonie et de réconciliation.

Dans son discours, le Custode a ensuite souligné que l’Avent n’est pas une attente passive mais confiante, enracinée dans la certitude que Dieu continue de se faire proche. L’attente chrétienne est « la certitude que le Seigneur vient, et vient toujours pour apporter la lumière dans nos nuits ».
Ces paroles résonnent dans une terre qui depuis des siècles alterne entre espérances et blessures, et qui trouve dans cette célébration un moment d’unité. Bethléem, lieu de l’Incarnation, devient une fois encore le centre symbolique d’une histoire dans laquelle, malgré tout, Dieu continue d’entrer.
L’appel à l’Incarnation est fort et actuel: l’histoire, même dans la souffrance, demeure l’histoire de Dieu, qui à Bethléem a choisi de se faire homme et qui aujourd’hui encore continue de marcher aux côtés de l’humanité. C’est précisément cette continuité qui permet aux fidèles de regarder l’avenir avec confiance, conscients de la fidélité de Dieu et de sa présence dans les passages les plus complexes de la vie collective.
Le retour de l’entrée solennelle ne représente pas seulement la reprise d’une tradition mais l’annonce d’un nouveau départ possible. À une époque où les blessures de la guerre restent ouvertes, la célébration devient une déclaration de résilience, un choix de lumière contre la tentation du découragement.
Bethléem redevient ainsi non seulement un lieu de mémoire chrétienne mais un symbole vivant, une invitation universelle à l’espérance.

Premières vêpres: la procession vers la grotte de la Nativité
En début d’après-midi, les frères franciscains ont prié les premières Vêpres, présidées par le Père Custode. La procession s’est ensuite poursuivie jusqu’à la Grotte de la Nativité, où le Custode a encensé l’étoile d’argent qui indique l’endroit où, selon la tradition, le Sauveur est né. Il a ensuite encensé l’autel latin et la mangeoire, dans un climat de silence et de recueillement, en vue de l’Avent que nous sommes appelés à vivre dans les prochaines semaines.

La célébration eucharistique du premier dimanche de l’Avent
Le dimanche 30 novembre, dans l’Église de Sainte Catherine, le Custode a célébré la messe solennelle pour le début de l’Avent avec la paroisse et la communauté locale, venue nombreuse et heureuse d’accueillir le Custode pour son premier Avent et Noël en Terre Sainte.
Dans son homélie, Frère Ielpo a voulu souligner la signification de l’Avent pour les communautés chrétiennes du passé.
En particulier, il a expliqué comment les communautés chrétiennes vivaient, et vivent encore aujourd’hui, un paradoxe: le Christ était déjà venu, avait tout donné, et pourtant l’histoire semblait ne pas changer. Les injustices, les violences et les peurs ne disparaissaient pas. C’est le mystère du « déjà et pas encore », l’idée que quelque chose a commencé mais n’est pas encore accompli.

Aujourd’hui, ce paradoxe n’est pas moins actuel: nous vivons dans un monde où la technologie avance rapidement mais où de nombreux cœurs restent en arrière, où l’on parle de progrès alors que des nations entières sont encore à genoux, où nous nous efforçons de construire tout en sachant que « il ne restera pas pierre sur pierre » si ce n’est la fidélité de Dieu.
L’invitation de l’Évangile, rappelée avec une force particulière, ne pourrait être plus directe: « Veillez ».
Non pas un simple regard distrait mais un regard capable de saisir ce qui échappe au bruit du monde.
Veiller pour reconnaître les signes d’une présence discrète.
Veiller pour ne pas se laisser séduire par l’éphémère.
Veiller pour rester éveillés dans une époque de distraction permanente.
C’est un commandement qui aujourd’hui semble presque aller à contre-courant: en un temps qui nous veut rapides, hyperconnectés et saturés de stimuli, il nous est demandé de ralentir, de focaliser notre regard et de ne pas laisser échapper ce qui compte vraiment.

Bethléem, la ville qui connaît l’attente
Ce n’est pas un hasard si cette invitation arrive précisément de Bethléem. La ville où, selon la tradition, Dieu a choisi d’entrer dans le monde sans bruit, « avec des pas petits et silencieux », comme le rappelle le Custode. C’est une leçon encore vivante: ce qui change vraiment l’histoire commence souvent dans l’ombre, loin des projecteurs, dans des gestes quotidiens qui ne feront jamais la une.
De Bethléem vient aussi l’image la plus forte: nous sommes tous attente.
Attente d’une lumière qui éclaire des temps complexes.
Attente d’un avenir qui n’ait pas peur de la fragilité.
Attente d’un bien que nous ne voyons pas encore mais qui peut nous surprendre justement quand nous croyons que tout est resté comme avant.
Et depuis Bethléem, en ce premier dimanche de l’Avent, les paroles finales résonnent comme un vœu universel: demander des yeux capables de vigilance et un cœur capable d’attendre.
Pour accueillir une paix qui n’est pas naïve mais courageuse.
Et pour découvrir, une fois encore, que l’espérance sait fleurir même dans les lieux les plus éprouvés.
Francesco Guaraldi
