(ZENIT News / Mexico, 13 décembre 2025) – Pendant deux jours en décembre, la colline de Tepeyac a de nouveau été le centre de l’attention au Mexique. Des millions de pèlerins ont traversé la périphérie nord de Mexico, formant un flot humain ininterrompu, convergeant vers la basilique Notre-Dame de Guadalupe pour commémorer l’anniversaire de la dernière apparition de la Vierge à Juan Diego.
Le soir du 12 décembre, les autorités locales ont confirmé un nouveau record d’affluence. On estime à 12,8 millions le nombre de visiteurs ayant foulé le sol du sanctuaire entre le 11 et le 12 décembre, dépassant ainsi le précédent record établi en 2014 (12,5 millions). Ce chiffre place la basilique parmi les lieux de culte les plus visités au monde et témoigne de la ferveur toujours vive envers Notre-Dame de Guadalupe dans la société mexicaine contemporaine.
L’ampleur du pèlerinage a nécessité une organisation digne d’une mégapole plutôt que d’une simple célébration religieuse. Les autorités municipales ont fait état d’un déroulement quasi sans incident malgré l’affluence sans précédent. Selon le maire de l’arrondissement Gustavo A. Madero, où se situe la basilique, les célébrations se sont conclues sur une note positive : aucun trouble majeur n’a été signalé et le dispositif de sécurité restera opérationnel tout au long du week-end, à mesure que de nouveaux pèlerins continueront d’arriver.
Derrière ces chiffres records se cache un effort logistique complexe. Les équipes médicales ont prodigué des milliers de soins, à l’intérieur comme à l’extérieur du sanctuaire, pour des problèmes allant de la déshydratation à l’épuisement. Des dizaines de signalements de personnes disparues ont été enregistrés et résolus en quelques heures. Les forces de l’ordre ont interpellé un petit nombre de personnes pour trouble à l’ordre public et vol – un chiffre marginal compte tenu de l’ampleur du rassemblement. Même les conséquences moins visibles du pèlerinage ont été prises en charge, comme le sauvetage de dizaines de chiens errants trouvés le long des itinéraires, qui attendent désormais de retrouver leurs propriétaires ou d’être adoptés.
L’impact matériel de la célébration fut tout aussi frappant. Plus de mille tonnes de déchets solides ont été collectées dans les environs, rappelant que le pèlerinage de Guadalupe n’est pas seulement un phénomène spirituel, mais aussi un phénomène urbain qui met à l’épreuve les capacités des services publics année après année.
Au-delà des chiffres, les responsables religieux ont porté une attention particulière à ce que les pèlerins apportent intérieurement. Les évêques mexicains ont constaté que les prières adressées à la Vierge reflètent de plus en plus les angoisses liées à la violence et à l’insécurité, une préoccupation qui transcende les régions et les classes sociales. En ce sens, le pèlerinage est devenu une sorte de baromètre national, enregistrant des craintes et des espoirs qui dépassent le cadre religieux.
Le matin du 12 décembre, la présidente Claudia Sheinbaum s’est entretenue par téléphone avec le pape Léon XIV © Claudia Sheinbaum Pardo (X)
Les célébrations de cette année ont également revêtu une dimension politique et diplomatique notable. Le matin du 12 décembre, la maire Claudia Sheinbaum s’est entretenue par téléphone avec le pape Léon XIV, renouvelant son invitation à se rendre au Mexique. La date avait été choisie délibérément. Dans une déclaration publique faisant suite à cet appel, la maire a souligné que la Vierge de Guadalupe transcende les clivages religieux, la décrivant comme un symbole d’identité et de paix pour les Mexicains, quelles que soient leurs convictions personnelles ou le principe de laïcité inscrit dans la Constitution mexicaine.
Cette conversation est intervenue après des mois de gestes officiels entre le Mexique et le Saint-Siège. Mme Sheinbaum a publiquement félicité le cardinal Robert Prévost pour son élection à la papauté suite au décès du pape François, soulignant ce qu’elle a décrit comme un engagement humaniste commun en faveur de la paix et du bien-être mondial. Par la suite, une invitation officielle à se rendre au Mexique a été présentée au pontife par voie diplomatique lors des funérailles du pape François au Vatican.
Des fidèles du Mexique entament leur pèlerinage annuel vers le sanctuaire de la ©compasinformativo.com
Les événements du 12 décembre, pris dans leur ensemble, ont dressé un portrait saisissant de la place de Guadalupe dans le Mexique contemporain. La dévotion demeure extrêmement populaire et profondément personnelle, s’exprimant par des pèlerinages exigeants, la prière et des supplications silencieuses. Parallèlement, elle constitue un point de ralliement national, où responsables politiques, religieux et autres figures politiques évoluent au sein d’un même espace symbolique.
Lorsque les portes de la basilique se sont fermées dans la nuit du 12 décembre et ont rouvert avant l’aube le lendemain, le flot de pèlerins a repris presque sans interruption. Ce record sera peut-être battu à nouveau, mais le message de fond demeure : à Tepeyac, le Mexique continue d’affirmer son identité, ses craintes et ses espoirs, un pèlerinage à la fois.
