Discours du pape Léon XIV aux membres du Système d’information pour la sécurité de la République, 12 décembre 2025 © Vatican Media

Discours du pape Léon XIV aux membres du Système d’information pour la sécurité de la République, 12 décembre 2025 © Vatican Media

Léon XIV : La sécurité « ne peut jamais manquer au respect de la dignité et des droits de chacun »

Discours du pape Léon XIV aux dirigeants et fonctionnaires des services de renseignement italiens

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Dans la salle de la bénédiction, ce vendredi 12 décembre 2025, le Saint-Père a rencontré les responsables du Système d’information pour la sécurité de la République, saluant leur engagement essentiel au service du bien commun.

 

Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit

Que la paix soit avec vous !

Distinguées autorités,
frères et sœurs !

Je suis heureux de vous accueillir en ce centenaire de la création du service chargé des activités de renseignement en Italie. C’est en 1925 que fut institué le Service d’information militaire et que furent posées les bases d’un système plus coordonné et plus efficace, destiné à protéger la sécurité de l’État.

Je tiens tout d’abord à exprimer ma gratitude pour le travail que vous accomplissez, qui exige compétence, transparence et confidentialité. Il vous confère la lourde responsabilité de surveiller en permanence les dangers qui pourraient menacer la vie de la nation, afin de contribuer avant tout à la préservation de la paix. Il s’agit d’un travail exigeant qui, en raison de sa confidentialité, risque souvent d’être instrumentalisé, mais qui est d’une grande importance pour anticiper les scénarios potentiellement dangereux pour la vie de la société.

Au cours de ces cent dernières années, beaucoup de choses ont changé, les capacités et les outils se sont considérablement affinés, tout comme les défis auxquels nos sociétés sont confrontées se sont multipliés et diversifiés. À cet égard, je voudrais vous exhorter à accomplir votre travail non seulement avec professionnalisme, mais aussi avec un regard éthique qui tienne compte d’au moins deux aspects indispensables : le respect de la dignité de la personne humaine et l’éthique de la communication.

Tout d’abord, le respect de la dignité de la personne humaine. L’activité de sécurité ne doit jamais perdre de vue cette dimension fondamentale et ne peut jamais manquer au respect de la dignité et des droits de chacun. Dans certaines circonstances difficiles, lorsque le bien commun à poursuivre nous semble plus nécessaire que tout le reste, on peut courir le risque d’oublier cette exigence éthique et, par conséquent, il n’est pas toujours facile de trouver un équilibre. Comme l’a affirmé la Commission européenne pour la démocratie par le droit, les agences de sécurité doivent souvent collecter des informations sur des individus et ont donc un impact important sur les droits individuels. [1]

Il est donc nécessaire que des limites soient fixées, selon le critère de la dignité de la personne, et que vous restiez vigilants face aux tentations auxquelles un travail comme le vôtre vous expose. Veillez à ce que vos actions soient toujours proportionnées au bien commun à poursuivre et que la protection de la sécurité nationale garantisse toujours et en tout cas les droits des personnes, leur vie privée et familiale, la liberté de conscience et d’information, le droit à un procès équitable. En ce sens, il est nécessaire que les activités des services soient régies par des lois dûment promulguées et publiées, qu’elles soient soumises au contrôle et à la surveillance de la magistrature et que les budgets soient soumis à des contrôles publics et transparents.

Le deuxième aspect concerne l’éthique de la communication. Le monde des communications a considérablement changé au cours des dernières décennies et, aujourd’hui, la révolution numérique fait tout simplement partie de notre vie et de notre façon d’échanger des informations et d’interagir. En outre, l’avènement de technologies nouvelles et toujours plus avancées nous offre davantage de possibilités, mais nous expose en même temps à des dangers constants. L’échange massif et continu d’informations exige une vigilance critique sur certaines questions d’importance vitale : la distinction entre la vérité et les fake news, l’exposition indue de la vie privée, la manipulation des plus fragiles, la logique du chantage, l’incitation à la haine et à la violence.

Il faut veiller rigoureusement à ce que les informations confidentielles ne soient pas utilisées pour intimider, manipuler, faire chanter ou discréditer le travail des politiciens, des journalistes ou d’autres acteurs de la société civile. Tout cela vaut également pour le domaine ecclésial. En effet, dans plusieurs pays, l’Église est victime de services de renseignement qui agissent à des fins malveillantes en opprimant sa liberté. Ces risques doivent toujours être évalués et exigent une grande stature morale de la part de ceux qui se préparent à exercer un travail comme le vôtre et de ceux qui l’exercent depuis longtemps.

Je suis bien conscient du rôle délicat et de la responsabilité qui vous incombent. À cet égard, je voudrais également rappeler vos collègues qui ont perdu la vie dans des missions délicates, menées dans des contextes difficiles. Leur dévouement ne fait peut-être pas la une des journaux, mais il reste vivant dans les personnes qu’ils ont aidées et dans les crises qu’ils ont contribué à résoudre.

Enfin, je tiens à exprimer ma gratitude pour les efforts déployés par les services de renseignement italiens afin de garantir la sécurité du Saint-Siège et de l’État de la Cité du Vatican. Je tiens ici à exprimer ma gratitude pour la collaboration avec la Gendarmerie, le Vatican, le Saint-Siège, dans de nombreux services, où cette capacité et cette possibilité de servir les autres deviennent réalité grâce à la bonne collaboration avec vous.

Je vous encourage à poursuivre votre travail en visant toujours le bien commun, en apprenant à évaluer avec discernement et équilibre les différentes situations qui se présentent à vous et en restant fermement ancrés dans les principes juridiques et éthiques qui placent la dignité de la personne humaine au-dessus de tout.

Mesdames et Messieurs, je vous félicite d’avoir choisi de vivre ensemble le Jubilé en tant que communauté de travail. La grâce de Dieu ne manquera pas de porter ses fruits au niveau personnel et, par conséquent, dans votre activité. Tel est mon souhait, que j’accompagne de la bénédiction apostolique pour vous et vos familles. Je vous souhaite à tous un joyeux Noël !

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[1] Cf. Commission de Venise, Rapport sur le contrôle démocratique des services de sécurité (1-2 juin 2007), § 2.

 

Traduction réalisée par ZENIT

 

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Pape Léon XIV

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