À l’occasion de sa rencontre avec le Groupe des conservateurs et réformistes européens du Parlement européen, le pape Léon XIV a rappelé, ce 10 décembre dans la Salle Clémentine, la responsabilité des responsables politiques de promouvoir une Europe fidèle à ses racines, soucieuse du bien commun et résolue à défendre la dignité de chaque personne.
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Bonjour à tous et bienvenue au Vatican.
Je suis heureux d’avoir l’occasion de saluer votre délégation à l’occasion de votre participation à la conférence du groupe ECR qui se tient ces jours-ci ici à Rome.
Tout d’abord, je tiens à vous remercier pour votre travail au service non seulement de ceux que vous représentez au Parlement européen, mais aussi de tous les membres de vos communautés. En effet, occuper une fonction importante au sein de la société implique la responsabilité de promouvoir le bien commun. Je vous encourage donc tout particulièrement à ne jamais perdre de vue les oubliés, les marginaux, ceux que Jésus-Christ appelait « les plus petits » parmi nous (cf. Lc 9, 48).
En tant qu’élus démocratiques, vous reflétez un éventail de points de vue qui s’inscrivent dans un spectre plus large d’opinions diverses. En effet, l’un des objectifs essentiels d’un parlement est de permettre l’expression et la discussion de ces points de vue. Cependant, toute société civilisée se caractérise par le fait que les divergences sont débattues avec courtoisie et respect, par la capacité à être en désaccord, à écouter attentivement et même à dialoguer avec ceux que nous pouvons considérer comme des adversaires. Cela témoigne de notre respect pour la dignité donnée par Dieu à tous les hommes et toutes les femmes. Je vous invite donc à vous tourner vers saint Thomas More, patron des politiciens, dont la sagesse, le courage et la défense de la conscience sont une source d’inspiration intemporelle pour ceux qui cherchent à promouvoir le bien-être de la société.
À cet égard, je me fais volontiers l’écho de l’appel lancé par mes récents prédécesseurs, selon lequel l’identité européenne ne peut être comprise et promue qu’en référence à ses racines judéo-chrétiennes. Cependant, l’objectif de la protection de l’héritage religieux de ce continent n’est pas simplement de sauvegarder les droits de ses communautés chrétiennes, ni principalement de préserver des coutumes ou des traditions sociales particulières, qui varient de toute façon d’un endroit à l’autre et à travers l’histoire. Il s’agit avant tout d’une reconnaissance des faits. De plus, chacun bénéficie de la contribution que les membres des communautés chrétiennes ont apportée et continuent d’apporter au bien de la société européenne. Il suffit de rappeler certains des développements importants de la civilisation occidentale, en particulier les trésors culturels que sont ses cathédrales imposantes, son art et sa musique sublimes, ses progrès scientifiques, sans parler de la croissance et de l’expansion des universités. Ces développements créent un lien intrinsèque entre le christianisme et l’histoire européenne, une histoire qui doit être chérie et célébrée.
Je pense en particulier aux riches principes éthiques et modèles de pensée qui constituent le patrimoine intellectuel de l’Europe chrétienne. Ceux-ci sont essentiels pour sauvegarder les droits accordés par Dieu et la valeur inhérente à chaque personne humaine, de la conception à la mort naturelle. Ils sont également fondamentaux pour répondre aux défis posés par la pauvreté, l’exclusion sociale, la privation économique, ainsi que par la crise climatique actuelle, la violence et la guerre. Veiller à ce que la voix de l’Église, notamment à travers sa doctrine sociale, continue d’être entendue, ne signifie pas restaurer une époque révolue, mais garantir que les ressources essentielles à la coopération et à l’intégration futures ne soient pas perdues.
Je tiens ici à réaffirmer l’importance de ce que le pape Benoît XVI a identifié comme le dialogue nécessaire entre « le monde de la raison et le monde de la foi – le monde de la rationalité séculière et le monde de la croyance religieuse » (Discours à la société civile, Westminster Hall, Londres, 17 septembre 2010). En effet, ce dialogue public, dans lequel les politiciens ont un rôle très important à jouer, est essentiel pour respecter les compétences spécifiques de chacun, ainsi que pour fournir à l’autre ce dont il a besoin, à savoir un rôle de « purification » mutuelle afin de garantir qu’aucun des deux ne soit victime de distorsions (cf. ibid.). Je prie pour que vous jouiez votre rôle en vous engageant de manière positive dans cet important dialogue, non seulement pour le bien des peuples d’Europe, mais aussi pour celui de toute notre famille humaine.
Avec ces quelques réflexions, je vous assure de mon souvenir dans mes prières et j’invoque sur vous et vos familles les bénédictions de Dieu, la sagesse, la joie et la paix. Merci.
Traduction réalisée par ZENIT




