Réalisée en février 2025, juste avant l’hospitalisation et le décès du pape François, l’enquête a porté sur près de 10 000 adultes et visait à explorer les contours de la vie catholique aux États-Unis. Elle a révélé que 20 % des Américains se déclarent catholiques.
Dans une nation souvent perçue à travers le prisme de son héritage protestant, le catholicisme est présent, discrètement mais profondément, dans l’histoire américaine. Aujourd’hui, près de la moitié des adultes américains déclarent entretenir un lien avec l’Église catholique – pas nécessairement religieux, mais familial, culturel ou historique. Une nouvelle enquête du Pew Research Center révèle un portrait nuancé de l’identité catholique en 2025 : un spectre complexe allant de ceux qui assistent à la messe chaque semaine à ceux qui fréquentent rarement, voire jamais, une église, tout en se déclarant catholiques « d’une manière ou d’une autre ».
Réalisée en février 2025, juste avant l’hospitalisation et le décès du pape François, l’enquête a porté sur près de 10 000 adultes et visait à explorer les contours de la vie catholique aux États-Unis. Elle a révélé que 20 % des Américains se déclarent catholiques. Mais 27 % supplémentaires ont des liens plus lâches et plus personnels avec le catholicisme, que ce soit par leur éducation, leurs liens familiaux ou une identité culturelle persistante.
Les données reflètent une Église en transformation, façonnée non seulement par la pratique sacramentelle, mais aussi par la mémoire, l’héritage et la réinvention personnelle.
Qui se considère catholique ? Quatre visages de l’appartenance
L’enquête Pew propose quatre catégories principales de lien avec le catholicisme :
20 % s’identifient comme catholiques.
9% sont des « catholiques culturels » qui ne s’identifient plus religieusement à l’Église, mais se considèrent toujours comme catholiques dans un sens plus large.
9% sont d’anciens catholiques, élevés dans l’Église mais n’y sont plus affiliés d’aucune façon.
9 % supplémentaires sont liés par des liens familiaux ou par une participation occasionnelle à la messe.
Au total, 47 % des adultes américains ont une forme ou une autre de lien avec le catholicisme. Mais ce que cela signifie – spirituellement, émotionnellement et même sociologiquement – est loin d’être uniforme.
Pratiquer vs. Appartenir
13% des catholiques prient chaque jour et vont à la messe au moins chaque semaine et se confessent au moins une fois par an
% des catholiques américains qui disent :
- Prier quotidiennement : 50
- Aller à la messe au moins une fois par semaine : 28
- Se confesser au moins annuellement : 23
- Faire tout ce qui précède : 13
Parmi les catholiques religieux, les niveaux d’engagement varient considérablement. Seuls 13 % accomplissent trois pratiques fondamentales : la prière quotidienne, la messe hebdomadaire et la confession annuelle. Cependant, 74 % se situent entre les deux : ils prient occasionnellement, fréquentent l’église sporadiquement et se confessent rarement, voire jamais.
En revanche, 13 % des personnes se déclarant catholiques déclarent ne presque jamais prier, assister à la messe ou se confesser. Pour elles, l’étiquette « catholique » est davantage une question d’identité que de participation.
Jésus au centre, mais pas toujours de la même manière
La plupart des catholiques disent qu’avoir une relation avec Jésus est essentiel à ce qu’être catholique signifie pour eux
% des catholiques américains qui disent que – est une partie essentielle de ce qu’être catholique signifie pour eux ; % des pratiquants non réguliers (moins d’une fois par semaine), et % des pratiquants réguliers (messe au moins hebdomadaire) :
- Avoir une relation personnelle avec Jésus-Christ : 69 …………………………………… 60 …..91
- Dévotion à la Vierge Marie : 50 …………………………………………………………………..42 …..69
- S’efforcer d’aider les pauvres et les nécessiteux : 47 ……………………………………. 40 …. 65
- Recevoir l’Eucharistie : 46 ……………………………………………………………………….. 32 …. 83
- Se marier à l’Eglise : 40 …………………………………………………………………………… 28 ….. 70
- Le leadership du pape : 33 ………………………………………………………………………. 25 …. 52
- Faire partie d’une tradition ininterrompue remontant aux apôtres : 32 ……………. 20 …. 61
- L’opposition à l’avortement : 32 ………………………………………………………………… 22 …. 59
- Le soin de l’environnement : 31 ………………………………………………………………… 27 …. 41
- Faire partie d’une paroisse catholique : 30 …………………………………………………. 16 …. 67
- Prendre soin des immigrants : 30 ………………………………………………………………. 27 …. 39
- Célébrer les fêtes ou festivals appartenant à votre héritage national/ethnique : 26, 20 , 41
- L’opposition à la peine de mort : 22 …………………………………………………………… 17 …. 36
- Aller en pèlerinage : 9 ……………………………………………………………………………….. 6 …. 15
Interrogés sur ce qui définit le catholicisme, 69 % des catholiques ont indiqué qu’ «avoir une relation personnelle avec Jésus-Christ » était essentiel. Ce chiffre atteint 91 % parmi ceux qui assistent à la messe hebdomadaire. La dévotion à Marie (50 %), l’aide aux pauvres (47 %) et la réception de l’Eucharistie (46 %) sont également très bien accueillies.
Pourtant, ces valeurs diffèrent radicalement entre les catholiques pratiquants et les catholiques moins pratiquants. Les fidèles hebdomadaires sont beaucoup plus susceptibles de considérer les enseignements, les saints et les sacrements de l’Église comme essentiels à leur foi. À l’inverse, les participants plus occasionnels privilégient souvent la vie éthique, la spiritualité ou l’héritage personnel plutôt que la doctrine.
Convertis : peu nombreux, mais très engagés
Seuls 1,5 % des adultes américains actuels se sont convertis au catholicisme, mais leur dévotion est bien plus importante que celle des catholiques de naissance. Les données du Pew Research Center montrent que les convertis sont plus susceptibles que les catholiques de naissance d’assister à la messe hebdomadaire (38 % contre 28 %) et de recevoir la communion à chaque fois (58 % contre 34 %).
Pourquoi se convertir ? Pour près de la moitié d’entre eux, la réponse est le mariage. Un conjoint catholique ou un mariage religieux les a attirés. D’autres ont cité une conviction théologique ou une admiration pour la tradition catholique.
Catholiques latinos : une profonde dévotion, des chiffres en constante évolution
Les catholiques hispaniques demeurent un pilier essentiel du catholicisme américain. Bien que leur pourcentage ait diminué, ils représentent toujours 40 % de l’ensemble des catholiques américains. Ils affichent également une plus grande dévotion religieuse, avec une utilisation plus fréquente d’objets religieux, une participation aux dévotions mariales et des pratiques telles que l’allumage de bougies ou la récitation du chapelet.
Cependant, même parmi les Latinos, les tendances évoluent. 15 % supplémentaires se disent « catholiques culturels » et 18 % sont d’anciens catholiques. La transmission générationnelle de l’identité catholique devient moins automatique.
Catholiques culturels : toujours reliés, mais comment ?
Parmi les 9 % d’Américains qui se disent « catholiques culturels », l’activité religieuse est minime. La plupart assistent rarement, voire jamais, à la messe, ne se confessent pas et ne récitent pas le chapelet. Pourtant, beaucoup éprouvent encore un sentiment d’appartenance.
Lorsqu’on leur demande pourquoi, ils mentionnent souvent avoir été élevés dans la religion catholique, avoir des parents catholiques ou se sentir liés aux valeurs et traditions catholiques. Un petit nombre d’entre eux célèbrent encore les fêtes catholiques ou participent à des rituels catholiques, mais pour la plupart, leur catholicisme est une question de mémoire et d’héritage, plutôt que de croyance ou de pratique.
Départ et déception
Les témoignages de ceux qui ont quitté l’Église sont peut-être les plus révélateurs. Pew a demandé à d’anciens catholiques d’expliquer, avec leurs propres mots, les raisons de leur départ. Les réponses étaient variées : 18 % ont évoqué des désaccords doctrinaux, 10 % ont déclaré ne jamais s’être sentis engagés, 9 % ne croient plus en Dieu ni en la religion, et 8 % ont quitté l’Église en raison de scandales d’abus sexuels.
Au total, 43 % des personnes élevées dans la foi catholique ne s’identifient plus à l’Église, même pas culturellement.
Autres perspectives : sacrements, scandales et rituels sacrés
Des résultats supplémentaires de l’enquête Pew dressent un tableau de loyautés mitigées et d’un malaise persistant :
82 % des participants à la messe hebdomadaire déclarent recevoir régulièrement la communion.
58 % des catholiques affirment que recevoir l’onction des malades serait extrêmement ou très important s’ils sont gravement malades.
Seulement 2 % des personnes interrogées assistent à la messe en latin chaque semaine, même si 13 % y ont assisté au moins une fois au cours des cinq dernières années.
62 % des personnes interrogées estiment que les scandales d’abus représentent un problème persistant et non pas seulement un sombre chapitre du passé.
Cependant, malgré ces tensions, la majorité des catholiques expriment leur confiance en leurs pasteurs. Parmi ceux qui assistent à la messe hebdomadaire, 95 % ont une opinion favorable de leurs pasteurs.
Conclusion
En 2025, le catholicisme américain est moins monolithique que jamais. C’est une foi que certains professent fermement, d’autres vaguement, et dont beaucoup se souviennent avec tendresse. C’est à la fois culturel et doctrinal, familial et théologique.
Qu’ils soient attirés par la dévotion, l’héritage ou la coutume, près de la moitié des Américains vivent encore dans son orbite, faisant du catholicisme non seulement une religion mais l’une des identités les plus profondes et les plus complexes du tissu spirituel du pays.
