Assassiné à l’âge de 26 ans à Goma, en République démocratique du Congo, Floribert Bwana Chui a été béatifié ce dimanche 15 juin 2025 dans la basilique Saint-Paul-hors-les-Murs, à Rome. La cérémonie n’a pu avoir lieu au Congo en raison de l’insécurité et de la guerre.
Cette béatification est un grand motif d’action de grâce pour toute l’Église catholique : « Que son témoignage donne courage et espérance aux jeunes de la République démocratique du Congo et de toute l’Afrique » a déclaré le pape Léon XIV le jour-même, lors de l’Angélus sur la place Saint-Pierre.
Floribert Bwana Chui est le premier martyr africain assassiné pour avoir refusé de céder à la corruption. Ce jeune catholique laïc était chef de l’Office congolais du contrôle des douanes et des marchandises. Il a été enlevé, torturé et tué en juillet 2007 après avoir repoussé une cargaison de riz avarié à la frontière entre la République démocratique du Congo et le Rwanda.
Engagé dans la foi et membre de la communauté internationale de Sant’Egidio, Floribert donnait également beaucoup de son temps auprès des enfants de la rue à Goma. Il a été reconnu martyr « en haine de la foi » par le pape François en novembre 2024, et sa mémoire liturgique a été fixée au 8 juillet, jour de sa mort.
« La résistance au mal jusqu’à l’effusion du sang »

Messe de béatification à Saint-Paul-hors-les-Murs le 15 juin 2025 © santegidio.org
De nombreux congolais et africains de tous pays se sont déplacés dans la capitale italienne pour assister à la messe de béatification présidée par le cardinal Marcello Semeraro, préfet du Dicastère pour les causes des saints, en présence de plusieurs évêques congolais, la famille du bienheureux et des centaines de représentants internationaux de la communauté de Sant’Egidio.
Le cardinal Semeraro a souligné dans son homélie la foi et la fidélité au Christ du jeune homme, dont le choix radical lui a coûté la vie. « La grâce coûteuse est la résistance au mal, jusqu’au bout, jusqu’à l’effusion du sang » a-t-il déclaré. « Prière, pauvres, paix ! Notre bienheureux recherchait tout cela dans le climat tendu de sa ville. Il ne voulait pas la guerre et, par son engagement, il entendait réunir les jeunes de Goma comme une famille. »
Il a ensuite prié pour que le « Seigneur donne aux jeunes et à tous les croyants du Congo, en particulier à Goma, la force de poursuivre le bien et de résister au mal ». Enfin, il a cité ces quelques mots forts du bienheureux : « En tant que chrétien, je ne peux pas accepter de sacrifier la vie des autres. Mieux vaut mourir que d’accepter cet argent. »
De son côté, le fondateur de la communauté Sant’Egidio, Andrea Riccardi, a parlé de Floribert comme d’une « lumière » pour tous les jeunes : « Floribert parle à notre époque, marquée par le culte de l’argent et de la force. Son choix, silencieux mais limpide, a aujourd’hui une valeur héroïque. »