Communiqué publié par le bureau de presse du Saint-Siège le 13 mars 2025
Cher frère dans l’épiscopat,
Cette année, je viens vous parler encore une fois de la Terre Sainte.
Je ressens fortement le besoin de m’adresser aux évêques catholiques du monde entier, au nom du Saint-Père, pour vous faire parvenir l’appel de l’Église en réponse au cri de ceux qui souffrent tant.
Au moment où je vous écris, notre cœur est soulagé à l’annonce de la trêve. Nous la savons fragile et que, par sa nature même, elle ne suffira pas à résoudre tous les problèmes ni à éteindre la haine dont souffre cette région. Au moins nous ne voyons plus de nouvelles explosions et l’angoisse a cessé face à l’irréparable.
Nous avons vu partout des larmes, du désespoir et de la destruction. Nous espérons maintenant que ce triomphe de la mort infligée n’ait pas de victoire éternelle. Et nous retrouvons l’espérance de voir le Ressuscité, Jésus-Christ notre Seigneur, qui précisément sur cette terre a montré, vivant, les plaies de sa Passion.
Nous voyons aujourd’hui que les paroles adressées par le Saint-Père aux chrétiens qui habitent les Lieux saints n’étaient pas un simple vœu pieux, mais une espérance possible : « Et vous, frères et sœurs dans le Christ qui habitez les Lieux dont les Écritures parlent le plus, vous êtes un petit troupeau sans défense, assoiffé de paix. Merci d’être ce que vous êtes, merci de vouloir rester sur vos terres, merci de savoir prier et aimer malgré tout. Vous êtes une graine aimée de Dieu. Et de même qu’une graine, apparemment étouffée par la terre qui la recouvre, sait toujours trouver son chemin vers le haut, vers la lumière, pour porter du fruit et donner la vie, de même vous ne vous laissez pas engloutir par les ténèbres qui vous entourent mais, plantés sur vos terres sacrées, vous devenez des germes d’espérance, parce que la lumière de la foi vous conduit à témoigner de l’amour alors que l’on parle de haine, de la rencontre alors que les affrontements se multiplient, de l’unité alors que tout tourne à la confrontation » (Lettre aux catholiques du Moyen- Orient, 7 octobre 2024).
Me vient immédiatement à l’esprit que notre devoir – et j’utilise ce terme avec appréhension et détermination – est d’accourir pour aider la vie à renaître le plus concrètement possible. A vous, frères Evêques, et à tous ceux que dont vous prenez soin dans votre ministère, s’adresse l’appel dramatique de Dieu : « Fils d’homme, ces ossements peuvent-ils revivre ? – Je lui répondis : Seigneur Dieu, c’est toi qui le sais ! – Il me dit alors : Prophétise sur ces ossements. Tu leur diras : Ossements desséchés, écoutez la parole du Seigneur : Ainsi parle le Seigneur Dieu à ces ossements : Je vais faire entrer en vous l’esprit, et vous vivrez » (Ez 37,3-5). Tous, à commencer par les enfants, ont le droit de vivre en paix et de retrouver leurs maisons et leurs écoles, de jouer ensemble sans avoir la peur de revoir le sourire satanique de la mort. C’est vrai. Pour nous chrétiens, les Lieux saints ont une valeur particulière, ils sont l’incarnation du mystère de l’Incarnation. Ils ont été gardés dès le début par les communautés chrétiennes dans la variété de leurs traditions et, depuis des siècles, les frères mineurs de la Custodie en prennent soin avec une fidélité admirable.
Autour de ces lieux fleurissent des initiatives d’une grande valeur pastorale : paroisses, écoles, hôpitaux, maisons pour personnes âgées, centres d’assistance aux migrants, aux personnes
déplacées et aux réfugiés. C’est précisément pour les soutenir que le Saint Pape Paul VI a institué la Collecte pour les Lieux saints, selon les modalités que vous connaissez, chaque année le Vendredi Saint ou à une autre date fixée localement.
Cette année, la Collecte est devenue une ressource incontournable : après la pandémie, l’interruption presque complète des pèlerinages et des petites activités que les chrétiens ont su créer proche d’eux, beaucoup ont été contraints à l’exil. Si nous voulons renforcer la Terre Sainte et assurer le contact vivant avec les Lieux saints, il faut soutenir les communautés chrétiennes qui, dans leur variété, offrent à Dieu-avec-nous leur louange éternelle, aussi en notre nom. Mais pour que cela se produise, nous avons absolument besoin du don généreux de vos communautés.
Je voudrais, chers confrères dans l’épiscopat, en faisant mémoire des images de destruction et de mort qui ont été présentées constamment à nos yeux en ces temps de nouveau Calvaire, que vous vous fassiez les apôtres persuasifs de cet engagement. La Terre Sainte, les Lieux saints, le peuple saint de Dieu sont votre famille car ils sont notre patrimoine commun. Je vous en prie, la Collecte doit être une de vos priorités pastorales : ici est en jeu la survie de cette précieuse présence qui remonte directement à l’époque de Jésus. Je suis certain que vous transmettrez votre enthousiasme et votre attention particulière aux communautés qui vous sont confiées.
Je vous remercie de veiller à ce que nos Eglises ne promeuvent pas de collectes parallèles dans le même but afin de ne pas compromettre la signification et l’efficacité de votre charité, initiative universelle du Successeur de Pierre, l’Evêque de Rome. Ce que vous aurez recueilli pourra être remis directement à ce Dicastère par les Commissariats de Terre Sainte de votre pays. Nous attendons qu’aucune communauté ne considère cette « liturgie », comme elle était appelée auparavant, comme quelque chose qui ne la concernerait pas.
Soyez assurés que le Pape François vous envoie à tous sa bénédiction : Dieu n’oubliera pas, en particulier en cette année jubilaire de l’espérance, ceux qui auront été témoins de sa Providence et se feront les instruments de sa paix. Nos chrétiens de ces terres vous attendent. Merci et bon pèlerinage jubilaire.
Préfet
✠ Michel Jalakh, oam
Archevêque Secrétaire