COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Dans la revue « Place Saint-Pierre », le pape François répond à la douleur d’une mère : « Il n’y a même pas de mots pour donner un nom aux parents qui perdent un enfant. »
Le Saint-Père cite saint Jean-Paul II : « Il n’y a pas de mal dont Dieu ne sache tirer un bien plus grand. »
VATICAN, 27 FÉVRIER – « Il n’y a même pas de mots pour donner un nom à une mère ou à un père qui perd un enfant. La femme qui perd son mari est veuve. Le mari qui perd sa femme est veuf. L’enfant qui perd un parent est orphelin. Mais pour un parent qui perd un enfant, il n’y a pas de mot ». C‘est ce qu’écrit le pape François à partir des pages de « Place Saint-Pierre », la revue mensuelle dirigée par le père Enzo Fortunato qui explore les thèmes de la foi, de la spiritualité et de la vie quotidienne, répondant – comme chaque mois – à l’une des lettres qui lui sont adressées. C’est celle d’une femme qui a connu la plus grande douleur : voir son fils mourir.
La tragédie de Cinzia, une mère romaine qui a perdu son fils de 21 ans dans un accident de voiture, a touché le Saint-Père. « Jésus, qui pleure avec nous, sèmera dans nos cœurs toutes les réponses que nous cherchons » est le message du pape – élaboré dans les jours précédant son hospitalisation – qui, citant saint Jean-Paul II, écrit : « Il n’y a pas de mal dont Dieu ne sache tirer un plus grand bien ».
LA LETTRE AU PAPE FRANÇOIS – texte intégral
Cher Pape François,
Je suis Cinzia, la mère de Fabrizio, un garçon de seulement 21 ans, bon, généreux et altruiste, qui dans la nuit du 4 au 5 octobre 2019, est sorti pour passer une soirée avec des amis, mais qui n’est jamais rentré à la maison à cause de la voiture dans laquelle il était assis à l’arrière, conduite par un conducteur novice. En raison de son comportement irrespectueux du code de la route, il a fait plusieurs tonneaux et Fabrizio a eu le pire en sauvant avec son corps la fille assise à côté de lui, mais laissant toute notre famille dans la douleur la plus atroce. Après la tragédie, mon mari et moi avons sombré dans les ténèbres de l’obscurité, nous avons ressenti de la haine, de la colère, de la douleur et perdu la foi. Puis, le 8 décembre 2019, grâce à Marie, je suis revenue à la foi et j’ai recommencé à prier ; Mon mari, en revanche, ne peut pas le faire. Nous avons compris que nous devions faire quelque chose pour nous relever et donner un sens à ce malheur. Nous sommes devenus des volontaires de la Croix-Rouge. Pour aider ceux qui souffrent et ont besoin d’aide, nous avons fondé une association à but non lucratif, « Ensemble pour Fabrizio APS », afin de promouvoir une culture qui favorise la vie et les valeurs qui y sont associées, notamment en œuvrant pour la prévention et la sécurité routière dans les écoles et dans tous les lieux de regroupement.
Pape François, je vous remercie pour vos paroles du 31 octobre dernier adressées aux parents qui ont perdu un enfant et c’est précisément pour cette raison que je voudrais vous demander pourquoi le Seigneur n’a pas sauvé Fabrizio en nous donnant cette grande douleur toujours présente dans nos cœurs ? Et où se trouve Fabrizio ? Est-il au ciel ? Est-il devenu notre ange gardien ? Vous seul, Saint-Père, pouvez répondre à ces questions qui me tourmentent quotidiennement.
Merci beaucoup et je prie pour vous tous les jours.
Cinzia de Rome
LA RÉPONSE DU PAPE FRANÇOIS
Chère Cinzia,
Votre prière est née de la douleur la plus atroce et la plus contre nature : la perte de votre fils Fabrizio. J’ai dit récemment, comme vous vous en souvenez, qu’il n’y a pas de mots, pas même ceux de réconfort, même avec les meilleures intentions.
Même ces mots peuvent finir par amplifier la blessure. Sachez que je suis avec vous et que je voudrais pouvoir vous consoler comme Jésus a consolé les affligés et encouragé l’espérance.
Il n’y a même pas de mots pour donner un nom à une mère ou à un père qui perd un enfant. La femme qui perd son mari est veuve. Le mari qui perd sa femme est veuf. L’enfant qui perd un parent est orphelin. Mais pour un parent qui perd un enfant, il n’y a pas de mot.
La réponse à vos questions part d’une prémisse. Demandez toujours l’intercession de Marie, qui vous a tant aidés et qui sera toujours proche de vous et de votre mari Antonio. Et je voudrais que nous fassions nôtres les paroles de la prière de Don Tonino
Belle « Vierge d’attente » : Sainte Marie, femme d’attente, réconforte la douleur des mères pour leurs enfants qui, ayant quitté un jour la maison, ne sont jamais revenus […].
L’attente est toujours un signe d’espoir. Faites donc de nous des ministres d’attente. Et que le Seigneur qui vient, vierge de l’Avent, nous surprenne, aussi pour votre complicité, avec la lampe à la main.
Nous ne pouvons pas avoir toutes les réponses au mystère de la souffrance innocente. Marie participe et partage aujourd’hui aussi votre douleur en tant que Mère de l’humanité, Mère de nous tous ; une mère proche, silencieuse et qui accompagne chaque cœur brisé.
Quelques paroles de saint Jean-Paul II m’aident également : « Il n’y a pas de mal dont Dieu ne sache tirer un plus grand bien ». Et cela devrait nous donner de l’espoir, chers Cinzia et Antonio. Dans la prière, dans la grâce que Dieu nous donne chaque jour au-delà de toute mesure, dans le cheminement de la foi, dans la vie sacramentelle, ouvrons nos cœurs avec sincérité. Jésus, qui pleure avec nous, sèmera dans nos cœurs toutes les réponses que nous cherchons.
La rencontre avec Lui est l’Amour qui sauve, l’Amour plus grand que tout mal.
François