Toni Zweifel (au centre de l’image) opusdei.org

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Toni Zweifel : l’attention au prochain était sa motivation

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L’habitude de penser aux autres l’a conduit à accomplir des choses extraordinaires

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Première parution le 5 mars 2024 sur le site de l’Opus Dei

Hiver 1984-1985. Après une conversation d’affaires au siège de la Fondation Limmat à Zurich, Toni Zweifel conduit le Français Michel Baroni en voiture jusqu’à la gare centrale. En chemin, ils sont bloqués dans un embouteillage et il devient de moins en moins probable qu’ils puissent prendre le train pour Paris. Toni a donc laissé son invité descendre et lui a indiqué un raccourci à prendre à pied. Ce raccourci s’est avéré inutile, car Baroni est arrivé avec deux minutes de retard. Mais quelle ne fut pas sa surprise de trouver non seulement le train à l’arrêt sur le quai, mais aussi Toni, qui était arrivé à temps avec la voiture et avait réussi à obtenir du conducteur qu’il retarde le départ du train jusqu’à l’arrivée de Baroni. « Vous voyez, dit-il en souriant, en Suisse on est prêt à tout pour un Français, même à laisser partir un train en retard ! »

Cette anecdote illustre bien un trait typique de Toni qui se préoccupait des besoins des autres et trouvait des solutions ingénieuses. Il avait appris de saint Josémaria que l’amour du prochain ne se limite pas à un engagement organisationnel et financier à des fins humanitaires, mais qu’il doit surtout imprégner les relations avec les personnes avec qui nous sommes étroitement liés.

On se sentait à l’aise en compagnie de Toni. Il était toujours prêt à discuter, à résoudre des problèmes concrets, à faire face aux difficultés de la vie quotidienne. Toni planifiait son temps à la minute près, ce qui signifiait qu’il adaptait ses plans aux circonstances imprévues. Ce qui est remarquable, c’est qu’il le faisait de manière très amicale.

Il était particulièrement affectueux envers sa mère. En vieillissant, celle-ci a souffert de dépression et s’est très souvent tournée vers lui pour trouver un soutien moral. Toni avait de longues conversations téléphoniques avec elle et prenait des jours de congé pour aller la voir, l’accompagner et l’encourager.

Comme toute personne en contact avec d’autres personnes, dans la famille et au travail, Toni a également été confronté aux défauts et aux limites des autres. Il y a toujours fait face avec beaucoup de compréhension et de patience. Afin de ne pas tomber dans une attitude négative, il se concentrait consciemment sur les aspects positifs de chaque personne et les admirait sincèrement. Parfois, il allait jusqu’à les écrire et les méditer dans la prière. Cela ne l’empêchait pas d’avertir quelqu’un de ses défauts, lorsque c’était objectif et opportun, mais il le faisait toujours avec sympathie et sans faire la morale.

À son tour, il s’est laissé corriger. Au début, il était trop exigeant dans l’organisation de son temps. Dès qu’il avait fini son café après le déjeuner, il quittait la maison en toute hâte pour se rendre au bureau. Un jour, quelqu’un lui a fait remarquer que cela mettait les autres mal à l’aise et provoquait une certaine tension. Dès lors, il a changé ses habitudes : il restait un peu à la maison pour régler quelque chose avant de retourner tranquillement à son bureau.

Il réagissait avec charité lorsqu’il était traité injustement. Cela a été particulièrement évident lorsqu’il était sur le point de réaliser son projet de construction d’un centre de conférences international. Une violente controverse médiatique, avec des humiliations et de faux rapports de presse, s’est déclenchée alors que le projet allait voir le jour. Cette campagne a mis fin à ce projet.  Son travail constructif, mené depuis des années avec les meilleures intentions du monde, s’est effondré d’un coup. Pourtant, pendant tout ce temps, aucune remarque amère ou désobligeante ne lui a échappé, même en privé.

En résumé, la foi chrétienne avait fait de Toni un homme agréable : de bonne humeur, doux, serviable et digne de confiance. En lui, l’idéal souvent cité de l’amour du prochain est devenu une réalité concrète.

Mais qui était Toni Zweifel ?

Toni Zweifel naît le 15 février 1938 à Vérone (Italie), de Antonia di Benedetto, de nationalité italienne, et Justus Zweifel, tisserand industriel suisse. Au début de la 2e Guerre Mondiale, sa mère l’emmène avec sa jeune sœur dans le canton de Glaris. En 1944, il est de retour en Italie, à San Giovanni Lupatoto, près de Vérone, pour commencer sa scolarité. De 1949 à 1957, il fait son gymnase et son lycée à Vérone. Il décide alors d’étudier le génie mécanique à l’École Polytechnique Fédérale de Zurich (EPFZ).

Vers la fin de ses études, en 1961, des camarades lui font connaître l’existence du foyer pour étudiants « Fluntern », dont l’orientation chrétienne est confiée à l’Opus Dei. C’est là qu’il va habiter dès 1962. Le 19 mars de cette même année, il demande à être admis dans l’Opus Dei. En juin, ses études terminées, il commence à travailler dans une entreprise.

En 1964, il devient collaborateur scientifique à l’institut de thermodynamique de l’EPFZ, où il développe plusieurs systèmes brevetés. Deux ans plus tard, il se voit confier la direction du foyer pour étudiants. À l’occasion d’une session de travail à Rome, en 1970, il peut rencontrer personnellement saint Josémaria Escriva, le fondateur de l’Opus Dei.

En 1972, il devient directeur d’une nouvelle fondation zurichoise, la Fondation Limmat, qu’il dirigera durant dix-sept ans, jusqu’à sa mort. Durant ces années, il pourra venir en aide à des centaines d’initiatives sociales et d’éducation, dans 30 pays et 4 continents, centrées surtout sur la promotion de la famille et de la femme, la santé et la formation professionnelle de la jeunesse.

Toni réalise un travail de grande qualité humaine et surnaturelle, fruit de son désir d’aider efficacement son prochain. En même temps, il sait allier un sens délicat de l’humour avec un style de vie plein de simplicité.

Le 19 février 1986, il apprend qu’il est atteint de leucémie. Il accepte cette maladie en s’abandonnant pleinement à la volonté de Dieu, alors qu’il est au zénith de son activité. A plusieurs reprises il se soumet à des chimiothérapies longues et épuisantes. Mais elles n’arrivent pas à détenir le cours de la maladie. Toni meurt le 24 novembre 1989, laissant l’exemple lumineux d’une vie de travail professionnel chargée de sens chrétien. Sa tombe se trouve au cimetière zurichois de Fluntern.

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Rédaction

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