Jorge Mario Bergoglio jeune jésuite © Compañía De Jesús

Jorge Mario Bergoglio jeune jésuite © Compañía De Jesús

Vocation du pape François : 70e anniversaire de sa confession à Buenos Aires

« Là, j’ai su que je devenais prêtre. J’en étais sûr et certain »

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Il y a soixante-dix ans, le 21 septembre 1953, le jeune Jorge Mario Bergoglio – aujourd’hui pape François – a vécu une expérience inoubliable et décisive pour sa vocation lors de la confession dans la basilique Saint-Joseph à Buenos Aires : « Là, j’ai su que je devenais prêtre. J’en étais sûr et certain. Au lieu de sortir avec les autres, je suis revenu à la maison parce que j’étais submergé. Cela étant, j’ai poursuivi mes études et tout le reste, mais je savais maintenant où j’allais. »

C’est un extrait de la biographie du pape François écrite par Austen Ivereigh (« François, le réformateur, de Buenos Aires à Rome », éd. Emmanuel, 2017).

Le pape n’a jamais oublié cette confession qui a changé sa vie, le jour de la fête de saint Matthieu.

Austen Ivereigh raconte : « Dieu lui « passe devant » le 21 septembre 1953 …. Descendant à pied l’Avenida Rivadavia, il passe devant la basilique Saint-Joseph qu’il connaît si bien. Il sent alors un étrange besoin d’y entrer. « Je suis entré, je sentais qu’il fallait que j’entre – ces choses que tu sens en toi sans savoir ce que ‘est », expliquera-t-il au père Isasmendi. »

Et l’auteur continue en citant le pape : « J’ai regardé, il faisait noir, c’était un matin de septembre, peut-être 9 heures, et j’ai vu un prêtre qui marchait, je ne le connaissais pas, il ne faisait pas partie des prêtres de la paroisse. Et il s’assoit dans l’un des confessionnaux, le dernier sur la gauche quand on regarde l’autel. Je ne sais même pas ce qui s’est passé ensuite. J’avais l’impression que quelqu’un m’avait poussé à entrer dans le confessionnal. Évidemment, je lui ai raconté des choses, je me suis confessé… mais je ne sais pas ce qui s’est passé.

Quand j’ai eu fini de me confesser, j’ai demandé au prêtre d’où il venait, parce que je ne le connaissais pas, et il m’a dit : « Je viens de Corrientes et je vis ici tout près, au foyer. Je viens célébrer la messe ici de temps en temps ». Il avait un cancer – la leucémie – et il est mort l’année suivante.

Là, j’ai su que je devenais prêtre. J’en étais sûr et certain. »

Quelque temps plus tard, le pape confie à Oscar Crespo, du laboratoire de chimie où il travaille : « Je vais finir le lycée professionnel avec vous, les gars. Mais je ne serai pas chimiste. Je serai prêtre. Mais pas prêtre dans une basilique. Je serai jésuite parce que je veux sortir dans les quartiers, dans les villas, pour être avec les gens. »

La fête de saint Matthieu : le regard de Jésus

L’Évangile de la fête de saint Matthieu évoque l’appel du Christ et son regard : « Jésus sortit de Capharnaüm et vit, en passant, un homme, du nom de Matthieu, assis à son bureau de collecteur d’impôts. Il lui dit : « Suis-moi. » L’homme se leva et le suivit. »

Dans son homélie de la messe présidée le 21 septembre 2015 à Holguin, à Cuba, le pape François explique comment le Christ a regardé Matthieu : « Jésus s’est arrêté, il n’est pas passé au large à la hâte, il l’a regardé sans hâte, avec paix. Il l’a regardé avec des yeux de miséricorde ; il l’a regardé comme personne ne l’avait fait auparavant. Et ce regard a ouvert son cœur, l’a rendu libre, l’a guéri, lui a donné l’espérance, une vie nouvelle comme à Zachée, à Bartimée, à Marie-Madeleine, à Pierre, ainsi qu’à chacun d’entre nous. »

Et le pape parle de la transformation : « Jésus l’a regardé et Matthieu a trouvé la joie dans le service. Pour Matthieu et pour tous ceux qui ont senti le regard de Jésus, les concitoyens ne sont pas ceux aux dépens desquels on « vit », dont on use et abuse. Le regard de Jésus génère une activité missionnaire, de service, de don. »

« Apprenons à regarder comme lui nous regarde, invite le pape François. Partageons sa tendresse et sa miséricorde avec les malades, les prisonniers, les personnes âgées ou les familles en difficulté. Sans cesse nous sommes appelés à apprendre de Jésus ; il regarde toujours le plus authentique qui subsiste dans chaque personne, qui est précisément l’image de son Père. »

La devise papale

La devise du pape François est tirée des Homélies de saint Bède le Vénérable, prêtre et Docteur de l’Église (672/673-735), qui, en commentant l’épisode évangélique de la vocation de saint Matthieu, écrit: Vidit ergo lesus publicanum et quia miserando atque eligendo vidit, ait illi Sequere me («Jésus vit un publicain et comme il le regarda avec un sentiment d’amour et le choisit, il lui dit: Suis-moi»).

Cette homélie est reproduite dans la Liturgie des Heures de la fête de saint Matthieu.

Une fois élu évêque, Mgr Bergoglio – en souvenir de la confession durant laquelle il a fait l’expérience, « de manière toute particulière, de la présence pleine d’amour de Dieu dans sa vie » – a décidé de choisir, comme devise et programme de vie, l’expression de saint Bède miserando atque eligendo, qu’il a voulu reproduire aussi dans son blason pontifical.

Lorsque le futur pape venait à Rome en tant qu’évêque et logeait dans la Maison du clergé de la Via della Scrofa, il aimait venir contempler la toile du Caravage (1571-1610), « La Vocation de saint Matthieu », réalisée entre 1599 et 1600 pour la chapelle Contarelli de l’église Saint-Louis-des-Français où elle est conservée jusqu’à aujourd’hui.

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Marina Droujinina

Journalisme (Moscou & Bruxelles). Théologie (Bruxelles, IET).

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