Le Cardinal Louis Raphael Sako © Rudaw

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Harcelé par le gouvernement, un dirigeant catholique irakien quitte Bagdad

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Le Vatican intervient

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Par Elizabeth Owen

Suite à la récente abrogation d’un décret présidentiel qui reconnaissait depuis 2013 la gouvernance de l’Église catholique chaldéenne en la figure du patriarche de cette même communauté catholique, le cardinal Louis Raphaël Sako a quitté le siège patriarcal de Bagdad et a été transféré à Erbil au Kurdistan irakien.

Pour le chef des catholiques irakiens, le cardinal Sako, la révocation le 3 juillet 2023 d’un décret datant de 2013 révèle un manque de reconnaissance officielle, ce qui entraîne un risque pour la propriété des biens ecclésiastiques de l’Église chaldéenne en communion avec le pape.

La révocation entraîne également le retrait de l’immunité du patriarche Sako en tant que chef religieux. À Erbil, les catholiques chaldéens soutiennent le patriarche qu’ils considèrent comme une victime des prétentions d’un leader pseudo-chrétien qui s’en prend aux biens de l’église catholique-chaldéenne, le gouvernement n’ayant rien fait pour protéger ses biens.

En effet, la décision du président Rashid a été prise après une rencontre avec Rayan al-Kildani, chef du Mouvement de Babylone, prétendument chrétien, un parti et une milice affiliés aux Forces de mobilisation populaire pro-iraniennes (PMF, ou Hashd al-Shaabi en arabe) et au Corps des gardiens de la révolution islamique (IRGC). Dans une lettre adressée au président le lundi 10 juillet, le patriarche l’a exhorté à changer d’avis.

La question atteint maintenant un niveau diplomatique.

Le lundi 17 juillet, le président irakien Abdullatif Jamal Rashid a rencontré un représentant de la nonciature (ambassade) du Saint-Siège en Irak, le père Charles Lwanga Ssuuna.

La présidence a diffusé un communiqué indiquant que « le Saint-Siège n’a pas d’observations ou d’objections concernant les procédures de la présidence de la République ». Le communiqué ajoutait également : « Son Excellence, le Président Rashid, a réitéré au Chargé d’affaires les raisons de l’abolition du décret présidentiel 147 de 2013. Le président a déclaré que depuis 2018, les conseillers juridiques et constitutionnels de la présidence, ainsi que les autorités judiciaires de l’État dans le pays, ont estimé que le président de la République d’Irak n’a tout simplement pas le pouvoir ou l’autorité à émettre des décrets présidentiels à l’intention des chefs de confessions religieuses. »

Le président Rashid a souligné que l’abrogation du décret présidentiel ne diminue en rien le statut religieux ou juridique de Son Éminence le cardinal Raphael Louis Sako en tant que patriarche catholique chaldéen de Babylone par le Saint-Siège.

Dans ses remarques, le président Rashid a clairement indiqué que l’abolition du décret présidentiel visait uniquement à corriger une anomalie juridique et constitutionnelle.

Dépourvu de fondement juridique, le décret n° 147 de 2013 a également placé l’État irakien et la présidence dans un dilemme, car de nombreuses autres demandes ont été formulées par d’autres chefs d’Église et d’autres communautés religieuses en vue d’obtenir des décrets présidentiels similaires qui ne reposent sur aucun fondement constitutionnel ou juridique, a déclaré le président Rashid.

Charles Lwanga Ssuuna a précisé que Son Éminence et la communauté chaldéenne éprouvaient du respect pour la Présidence de la République.

Cependant, dans une note du patriarcat chaldéen, après la réunion entre le Vatican et les parties irakiennes, la clarification suivante de la nonciature a été publiée :

« La nonciature apostolique en Irak regrette les malentendus et les transactions inappropriées concernant le rôle de Sa Béatitude Louis Sako en tant que gardien des biens de l’Église chaldéenne. En plus de certains rapports biaisés et trompeurs sur cette question, qui ignorent souvent qu’il est une figure religieuse très estimée, la nonciature apostolique déclare ce qui suit : ‘’Aujourd’hui, le Président de la République, S.E. Latif Rashid, a demandé à rencontrer le Chargé d’affaires de la Nonciature apostolique (Ambassade du Saint-Siège/Vatican) en République d’Irak, le Révérend Père Charles Lwanga Ssuuna, au sujet de son récent décret sur Sa Béatitude Louis Sako, patriarche de l’Église chaldéenne.’’ »

Le Cardinal Louis Raphael Sako © Rudaw

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Au cours de la conversation, le Père Ssuuna a souligné que l’administration des biens ecclésiastiques – telle que prescrite par la Constitution irakienne – doit continuer à être librement exercée par les chefs des Églises au quotidien, c’est-à-dire devant les tribunaux irakiens et les bureaux du gouvernement, tandis que la nonciature apostolique ne commente pas si cela devrait être garanti par des décrets présidentiels ou d’une autre manière appropriée.

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Rédaction

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