À quelques semaines de la visite du pape François en Mongolie (du 31 août au 4 septembre), l’agence vaticane Fides publie un texte sur la vie de Mgr Wenceslao Padilla (1949 – 2018), missionnaire philippin de la Congrégation du Cœur Immaculé de Marie (CICM), un des trois premiers missionnaires venus dans le pays en 1992 et plus tard préfet apostolique de Mongolie (2002-2018).
Il était « un travailleur acharné dans la vigne du Seigneur », comme le rappelle le frère Gilbert Sales, missionnaire de la CICM, venu dans le pays avec Mgr Padilla le 10 juillet 1992. Mgr Padilla, dit-il, « s’est donné sans réserve pour la mission évangélisatrice en Mongolie, se confiant toujours à Dieu et s’efforçant d’initier de nouvelles œuvres pastorales et sociales ». « Dieu l’a utilisé pour toucher le cœur de nombreuses personnes en Mongolie », affirme P. Sales.
Wenceslao Padilla est né le 28 septembre 1949 à Tubao, aux Philippines. Il a été ordonné prêtre le 17 mars 1976. Supérieur de la « Missio sui iuris » depuis 1992, il n’a plus jamais quitté la Mongolie. Le territoire confié à Mgr Padilla comprenait toute la Mongolie, soit deux millions et demi d’habitants. Il a été nommé préfet apostolique dix ans après son arrivée, en 2002, et sa consécration épiscopale a eu lieu le 29 août 2003 dans la cathédrale dédiée aux saints Pierre et Paul, à Oulan-Bator, dont il avait lui-même supervisé la construction. Peu après avoir célébré le Jubilé de l’Église en Mongolie (25 ans), Mgr Padilla est décédé à Oulan-Bator le 25 septembre 2018 à l’âge de 68 ans, à la suite d’une crise cardiaque.
Début de la mission
Les relations diplomatiques entre le Saint-Siège et la Mongolie ont été établies le 4 avril 1992 et déjà en juillet le premier groupe de missionnaires (pères Wenceslao Padilla, Robert Goessens et Gilbert Sales) est arrivé dans le pays.
En évoquant l’histoire de l’Église en Mongolie, Mgr Padilla aimait parler de « renaissance ». « En 1992, a-t-il raconté à Fides, lorsque nous sommes arrivés ici tous les trois, nous n’avons jamais pensé à « implanter l’Église » ex novo, mais nous avons cru qu’il fallait ramener l’annonce du Christ sur cette terre, convaincus que le Seigneur a toujours été aux côtés du peuple mongol, qui a accueilli l’Évangile une fois de plus avec foi et espérance. Nous avons été des « collaborateurs du Très-Haut » dans l’établissement de son Royaume au sein du peuple mongol. »
Lorsque les trois missionnaires sont arrivés, il n’y avait pas de catholiques autochtones en Mongolie. Avec quelques catholiques expatriés (du personnel des ambassades étrangères), ils ont commencé les réunions de prière et la célébration de la messe dominicale dans l’appartement où résidaient les missionnaires. Au fur et à mesure que le nombre de participants augmentait, des salles ont été louées pour les célébrations et ce n’est que plusieurs années plus tard que de véritables églises ont été construites.
Dès le début, la communauté catholique a maintenu une attitude respectueuse à l’égard des cultures locales et a établi de bonnes relations avec les autres religions. Lors de son ordination épiscopale en 2003, Mgr Padilla a dit : « La priorité est d’avoir de bonnes relations avec tout le monde, sans discrimination, en témoignant de l’amour du Christ aux bouddhistes, aux autres chrétiens, aux musulmans et à tous les habitants de la Mongolie. »
Au cours des années de sa mission, Mgr Padilla a essayé d’inviter le plus grand nombre possible de congrégations religieuses et missionnaires à s’installer en Mongolie pour donner « un visage pluriel à l’Église locale, avec la richesse de ses différents charismes ». Plusieurs missionnaires sont venus pour créer des écoles techniques, des orphelinats, des maisons de retraite, des cliniques, des centres d’accueil pour les victimes de violences domestiques et des jardins d’enfants.
Les fruits de la mission
En 2006, la Mongolie comptait environ 600 catholiques, dont 350 Mongols de souche. Après 20 ans d’évangélisation, ils étaient 835 et, en 2008, deux jeunes Mongols sont entrés au séminaire pour se former au sacerdoce, devenant par la suite prêtres. Aujourd’hui, la communauté locale compte quelque 1300 fidèles. Le pape François a créé cardinal le préfet apostolique d’Oulan-Bator, Giorgio Marengo, lors du consistoire du 27 août 2022.
Après 25 ans de travail missionnaire, Mgr Padilla a pu constater « la stabilité de l’Église en Mongolie, avec sa présence dans différents districts, avec différentes paroisses, avec des services sociaux et éducatifs dans la société. L’arrivée de missionnaires de différentes congrégations religieuses et nations, la collaboration et la foi de nombreux Mongols ont aidé à construire une présence solide de l’Église en Mongolie. »
Plusieurs œuvres pastorales, sociales, éducatives ont été lancées au fil des ans, telles que : deux centres pour enfants des rues, un foyer pour personnes âgées, deux jardins d’enfants Montessori, deux écoles primaires, un centre pour enfants handicapés, une école technique. Trois bibliothèques ont été créées, un foyer pour les étudiants universitaires et divers centres d’activités pour la jeunesse. Deux fermes ont été créées, avec des programmes d’aide aux communautés rurales, une clinique et un dispensaire.
Mgr Padilla a lancé le travail de Caritas Mongolie, qui réalise des programmes d’approvisionnement en eau, de construction de maisons pour les nécessiteux, d’agriculture durable et de sécurité alimentaire.
« Je me suis fait le serviteur de tous »
Les Mongols se souviennent avec émotion d’un épisode qui a eu lieu en 2017, lorsqu’ils ont célébré « Tsagaan Sar », l’une des fêtes les plus importantes de leur culture, dédiée au Nouvel An lunaire. L’Église catholique a intégré cette fête dans la liturgie : une eucharistie spéciale est célébrée à cette occasion dans les églises de Mongolie.
En 2017, la célébration du Nouvel An lunaire a coïncidé avec le Mercredi des Cendres. Pour cette raison, Mgr Padilla a reporté l’imposition des cendres au premier dimanche de Carême, délivrant une « dispense extraordinaire du jeûne et de l’abstinence du carême » puisque les Mongols consomment traditionnellement beaucoup de viande pendant les jours de la fête.
Les fidèles ont apprécié ce geste et le fait que la liturgie catholique puisse s’harmoniser avec les traditions locales. En expliquant sa décision, l’évêque a cité la première lettre de saint Paul aux Corinthiens : « En effet, bien que libre à l’égard de tous, je me suis fait le serviteur de tous afin de gagner le plus grand nombre : je me suis fait juif avec les juifs, afin de gagner les juifs ; avec ceux qui sont sous la loi, je me suis fait comme celui qui est sous la loi, bien que je ne sois pas sous la loi, afin de gagner ceux qui sont sous la loi. Avec les sans-loi, je suis devenu comme un sans-loi, sans être sans la loi de Dieu, mais en étant dans la loi du Christ, afin de gagner les sans-loi. Je me suis fait faible avec les faibles, pour gagner les faibles ; je me suis fait tout à tous, pour sauver quelqu’un à tout prix. Tout ce que je fais, c’est à cause de l’Évangile, afin d’y participer avec eux. » (1 Co 9, 19-23).