À l’occasion du centenaire de sa fondation, le pape a reçu en audience les membres du conseil d’administration et les joueurs du Real Club Celta de Vigo dans la matinée du lundi 10 juillet.
L’expédition céleste était dirigée par le président Carlos Mouriño et composée de membres du conseil d’administration, des dirigeants, du personnel et des entraîneurs de l’équipe première.
Carlos Mouriño a remis au Souverain Pontife une médaille avec l’écusson du club et le maillot du centenaire récemment lancé avec le nom du Pontife dans le dos. Il a également reçu un olivier au nom du club, un cadeau qui symbolise à la fois Vigo et l’hymne du centenaire du club.
Le pape François a prononcé des paroles émouvantes sur les valeurs du sport, l’importance du travail d’équipe, l’union entre les peuples galicien et argentin due à l’immigration du siècle dernier et la façon particulière dont les immigrés vivent leurs hobbies comme le football, une façon de rester unis à leur peuple. Voici le discours du Pape dans lequel il utilise les images de la Vierge Marie et de l’Apôtre Jacques pour toucher le cœur des footballeurs.
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« Je suis heureux de vous accueillir à l’occasion de la célébration du premier centenaire de ce club sportif. J’ai souvent dit que le sport est une raison et une occasion de redécouvrir et de promouvoir de nombreuses valeurs dans notre société et, en ce sens, la rencontre avec un club « galicien » est pour moi quelque chose qui évoque tant d’expériences, qu’en tant qu’Argentin j’ai vécues dans ma propre chair. Si vous l’avez remarqué, ses couleurs sont celles de la Vierge Immaculée et aussi celles du maillot argentin, un peu comme si notre Mère avait voulu relier les deux rives de ce grand océan qui, au lieu de nous séparer, nous a unis pour que nous ne l’oubliions pas.
Don Carlos m’a raconté dans sa lettre qu’il avait dû lui aussi traverser l’Atlantique pour fonder une famille ; comme tant d’autres, il a sûrement contemplé au loin ce drapeau blanc et bleu ciel qui, depuis la capitainerie du port de Vigo, leur disait adieu. Et c’est l’histoire de tant de migrants arrivés en Argentine ! Un petit morceau de son cœur est resté là, à l’attendre. Il n’est pas le seul à l’avoir laissé, et d’une certaine manière, nous pourrions dire que le cœur de l’humanité est constitué de tous ces morceaux qui, en restant et en partant, nous rappellent au plus profond de nous-mêmes que nous sommes tous unis, que nous sommes des pèlerins sur cette mer agitée qu’est l’existence. Parfois, la mer n’est pas si agitée.
Et si le bleu qui colore ses armoiries témoigne de sa confiance dans la protection de la Vierge, la croix de Saint-Jacques se dresse comme une bannière de victoire dans la bataille de la vie. La croix, en rappelant sa patrie galicienne, la relie également à l’Europe et, en elle, à l’ensemble de la chrétienté qui, depuis des temps immémoriaux, est en pèlerinage sur les traces du premier apôtre qui a versé son sang pour le Christ.
Peut-être certains d’entre vous ont-ils déjà perçu le sens profond de cet emblème que vous avez si fièrement défendu. Il nous arrive parfois de travailler dur, de nous battre, de vouloir être heureux, de gagner, de montrer ce que nous valons, mais absorbés par la défense de nos couleurs, nous oublions ce qu’elles signifient. Il faut toujours récupérer l’histoire poétique. Mais les racines sont importantes, ce sont elles qui nous donnent un sens, ce sont elles qui nous parlent d’une terre qui ne se ferme pas au frère qui arrive en pèlerin, et de personnes capables de tout laisser derrière elles pour se lancer dans les plus grandes entreprises. Un esprit d’aventure saine et un esprit d’hospitalité fraternelle.
Dans le stade comme dans la vie, vos armes, comme la croix de Saint-Jacques qui les préside, sont ces petits gestes auxquels nous n’accordons parfois aucune importance : il s’agit de gagner avec humilité, de travailler en équipe sans compter sur ses propres forces, en comprenant que la victoire appartient à tous. Le travail d’équipe est important : quand on ne travaille pas en équipe dans le monde du sport, tout le monde est perdant. C’est aussi se donner généreusement, ne pas ménager ses efforts, savoir se sacrifier pour les autres quand c’est nécessaire, accepter que la confrontation avec d’autres équipes serve à s’améliorer, à apprendre, à se mettre à l’épreuve et à évaluer son jeu.
Et en ce sens, l’autre, plus qu’un adversaire digne de respect, est toujours un ami bienvenu. Si notre jeu et notre vie, cohérents entre eux, donnent cet exemple, nous pourrons transmettre, non pas la passion des couleurs qui excluent, mais l’amour de ce qu’elles représentent. À ces drapeaux blanc et bleu et à ce chemin de l’Apôtre qui nous rendent capables de traverser les océans et d’unir les continents, dans l’attente de la couronne de justice que le Seigneur, le Juge, accordera à tous ceux qui espèrent en Lui.
Et je ne voudrais pas terminer sans mentionner un travail, un aspect qui est un travail difficile, mais qui doit toujours être maintenu : la dimension ‘’amateur’’. Lorsque le sport, en l’occurrence votre sport, perd cette dimension « amateur », il n’a plus de sens, il devient commercial ou tout simplement aseptisé, sans passion.
S’il vous plaît, gardez cette mystique « amateur ». Ne la perdez jamais !
Que Dieu vous bénisse tous et que la Sainte Vierge veille sur vous. Je vous remercie. »