L’Instrumentum laboris pour la première session de la XVIe Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques (4-29 octobre 2023) a été rendu public ce mardi 20 juin 2023. Publié en six langues, dont le français, c’est un document d’orientation des travaux de l’Assemblée sur le thème « Pour une Église synodale : communion, participation, mission ».
Une conférence de presse présentant l’Instrumentum laboris a eu lieu aujourd’hui au Vatican, avec les interventions des cardinaux Mario Grech, secrétaire général du Synode des évêques, et Jean-Claude Hollerich sj, archevêque de Luxembourg et rapporteur général de la XVIe Assemblée générale ordinaire.
L’Instrumentum laboris est divisé en deux grandes parties intitulées : « Pour une Église synodale. Une expérience intégrale » et « Communion, mission, participation. Trois questions prioritaires pour l’Église synodale ». Il comporte également l’avant-propos expliquant « le chemin parcouru jusqu’à présent » et « la structure du texte » ainsi que les « fiches de travail » regroupées dans trois sections : « Une communion qui rayonne », « Co-responsables de la mission » et « Participation, gouvernance et autorité ».
Dans l’avant-propos on lit que cet Instrumentum laboris « a été rédigé sur la base de tous les éléments recueillis au cours de la phase d’écoute, et en particulier des documents finaux des Assemblées continentales ». Sa publication clôt la première phase du Synode et ouvre la seconde. Son objectif sera « de relancer le processus et de l’incarner dans la vie ordinaire de l’Église, en identifiant les sentiers sur lesquels l’Esprit nous invite à marcher plus résolument en tant que Peuple de Dieu ».
La première phase du Synode a démontré « la nécessité de prendre l’Église locale comme point de référence privilégié, comme lieu théologique où les baptisés font concrètement l’expérience de marcher ensemble ».
« Pour une Église synodale. Une expérience intégrale »
Dans la première partie du document, on trouve les « traits caractéristiques » d’une Église synodale. Il s’agit d’« une Église de l’écoute », d’une Église qui « désire être humble » et qui « sait qu’elle doit demander pardon et qu’elle a beaucoup à apprendre ».
Une Église synodale est « une Église de la rencontre et du dialogue ». C’est une Église qui « n’a pas peur de la diversité qu’elle porte, mais la valorise sans la réduire à l’uniformité ». Une Église synodale, lit-on, « favorise le passage du « je » au « nous », car elle constitue un espace au sein duquel résonne l’appel à être membres d’un corps qui valorise la diversité, mais en même temps est unifié par l’unique Esprit ».
Voici les autres caractéristiques de l’Église synodale : c’est une « Église ouverte et accueillante. Elle s’adresse à tous et toutes »; elle « affronte honnêtement et sans crainte l’appel à une compréhension plus profonde de la relation entre amour et vérité »; elle « se caractérise aussi par la capacité de gérer les tensions sans se laisser écraser par elles ».
Enfin, une Église synodale « se nourrit sans cesse du mystère qu’elle célèbre dans la liturgie » « et en particulier dans l’Eucharistie ». C’est une Église « du discernement, dans la richesse des significations que ce terme revêt et que les différentes traditions spirituelles mettent en lumière ».
« Communion, mission, participation. Trois questions prioritaires pour l’Église synodale »
Dans la deuxième partie du document, l’accent est mis sur l’ordre d’apparition du terme « mission » qui est maintenant « au centre » de trois termes : communion, mission, participation. L’Instrumentum laboris cite saint Jean-Paul II qui écrivait que « la communion et la mission sont profondément unies, elles s’interpénètrent et s’impliquent mutuellement, au point que la communion est la source et en même temps le fruit de la mission : la communion est missionnaire et la mission est pour la communion ».
« Il y a une prise de conscience croissante, explique ensuite le document, que l’orientation missionnaire constitue l’unique critère fondé sur l’Évangile pour penser l’organisation interne de la communauté chrétienne, la distribution des rôles et des charges et la gestion de ses institutions et de ses structures. C’est dans une double relation avec la communion et la mission que la participation peut être comprise, et c’est pourquoi elle ne peut être abordée qu’après les deux autres. »
Le document rappelle que « la communion n’est pas un rassemblement sociologique de membres d’un groupe identitaire », mais « avant tout un don du Dieu trinitaire », « une mission jamais terminée de construction du « nous » du Peuple de Dieu ». C’est « dans l’action liturgique, et en particulier dans la célébration de l’Eucharistie, que l’Église fait chaque jour l’expérience d’une unité radicale dans une même prière, mais dans la diversité des langues et des rites : un point clé de la synodalité ».
Dans une section « Co-responsables de la mission » il est noté qu’une Église « synodale missionnaire a le devoir de se demander comment elle peut reconnaître et valoriser la contribution que chaque personne baptisée peut offrir à la mission ». « Contribuer activement au bien commun de l’humanité » est « une composante inaliénable de la dignité de la personne, y compris au sein de la communauté chrétienne ».
Une des questions importantes émergeant de la première phase du synode est celle « de l’autorité, de sa signification et du style de son exercice au sein d’une Église synodale » : « En particulier, l’autorité se présente-t-elle comme une forme de pouvoir dérivée des modèles offerts par le monde ou comme un véritable service ? »
Le document rappelle qu’« à l’origine, le terme « autorité » désigne la capacité de faire grandir les autres ». Voici comment cette question est traitée par les auteurs du document : « L’autorité est donc au service de la vocation unique de chaque personne, elle l’encourage à la créativité au lieu d’exercer un contrôle qui la bloque. Elle est au service de la croissance de la liberté de la personne au lieu d’être une chaîne qui la réprime. »