À la fin de l’audience générale du mercredi 3 mai, le pape François a reçu plusieurs victimes qui ont été abusées sexuellement par des membres du clergé. Les victimes étaient originaires de Slovénie et parmi elles se trouvait un prêtre, également victime. « Je m’appelle Janez Cerar, je suis un prêtre catholique slovène et je travaille avec des enfants vulnérables. Je suis moi-même un survivant d’abus sexuels », a-t-il déclaré au quotidien Il Messaggero.
Deux jours plus tard, le Saint-Père a adressé un message aux membres de la Commission pontificale pour la protection des mineurs, organisme du Saint-Siège qui conseille le pontife sur les actions visant à éradiquer les abus sexuels dans l’Église.
C’est dans ce contexte que le vendredi 5 mai, le Saint-Père a raconté une expérience qu’il a eue avec des victimes. La façon dont il s’est exprimé a permis de comprendre qu’il ne faisait pas référence aux victimes slovènes, mais à une autre réunion, qui n’a pas eu lieu sur la place Saint-Pierre.
Le souverain pontife a déclaré : « Récemment, j’ai rencontré un groupe de victimes d’abus qui ont demandé une entrevue avec la direction de l’Institut religieux, qui dirigeait l’école qu’ils fréquentaient il y a environ 50 ans. Je le mentionne parce qu’ils l’ont déploré ouvertement. Il s’agissait d’hommes âgés et certains d’entre eux, conscients de la rapidité du temps qui passe, ont exprimé le désir de vivre les dernières années de leur vie en paix. Pour eux, la paix signifiait renouer avec l’Église qui les avait offensés. Ils voulaient tourner la page non seulement du mal qu’ils avaient subi, mais aussi trouver des réponses aux questions qu’ils gardaient en eux. Ils voulaient être écoutés, crus. Ils voulaient que quelqu’un les aide à comprendre.
Le Saint-Père a également déclaré que, lors de cette réunion, « nous avons parlé ensemble », et que les victimes « ont eu le courage de se confier. En particulier, la fille de l’un des personnes maltraitées a parlé de l’impact que les souffrances subies par son père a eu sur toute sa famille. » Le pape a répondu en disant que « réparer le tissu déchiré de l’histoire est un acte rédempteur, c’est l’acte du Serviteur souffrant, qui n’a pas évité la douleur, mais a pris sur lui l’iniquité de nous tous (cf. Is 53, 1-14). C’est le chemin de la réparation et de la rédemption – le chemin de la croix du Christ. »
Le Saint-Père a conclu la rencontre en déclarant que « dans ce cas concret, je peux dire que pour ces victimes, un véritable dialogue s’est instauré au cours des rencontres, à l’issue desquelles ils ont déclaré s’être sentis accueillis par des frères et avoir retrouvé un sentiment d’espérance dans l’avenir. »
Tout cela témoigne d’une pastorale d’accueil qui, si souvent, n’est pas médiatisée mais qui existe bel et bien. C’est une pastorale qui n’est pas seulement juste et nécessaire et qui ne vise pas à améliorer l’image publique d’une institution, mais à contribuer à la guérison de ceux qui ont souffert.