Le cardinal Mauro Zenari, nonce apostolique en Syrie, affirme que l’aide à la population touchée par le séisme « sera un test d’humanité pour la communauté internationale et en Syrie » : « on voit bien, explique-t-il, ce qui est nécessaire et ce qu’il est urgent de faire pour venir en aide à ces personnes dans le besoin, au-delà des clivages politiques ».
Dans l’entretien avec Vatican News, le cardinal invite à mettre « de côté les conflits et l’animosité » et à regarder « ces pauvres gens avec un sentiment d’humanité ». Le nonce est arrivé le 7 février à Alep, une ville du nord-ouest de la Syrie, déjà meurtrie par la guerre et maintenant ravagée par le séisme, pour soutenir les habitants et pour leur exprimer sa proximité. Ayant fait 400 km en voiture, il a apporté « des barils contenant des réserves d’essence qui sont difficiles à trouver ici ».
Dès qu’il est entré en ville, il a vu « la grande mosquée avec les quatre minarets tombés au sol », « puis l’église des Franciscains et là aussi, des corniches tombées, des fissures et ainsi de suite ».
Des habitants, raconte le nonce, sont « hors de chez eux », « beaucoup se sont réfugiés dans nos édifices religieux » : « Ils vivent, dorment et mangent dans des communautés chrétiennes et catholiques. Certains en ont accueilli jusqu’à 500… Il y a une vraie peur parmi la population, ils sont choqués par le tremblement de terre et ne veulent absolument pas retourner dans leurs maisons, qui sont déjà endommagées par la guerre, pas sûres du tout. »
L’Église catholique en Syrie « était déjà engagée dans le domaine humanitaire », affirme le card. Zenari : « Le travail bat … son plein dans ce domaine et des efforts sont déployés pour acquérir davantage d’expérience et d’expertise professionnelle. Surtout, on s’efforce de faire en sorte que ces ‘cinq pains et deux poissons’ soient distribués équitablement et de la meilleure façon possible. » Selon lui, « il y a beaucoup de solidarité, mais il faut aussi la gérer avec le cœur et avec des compétences professionnelles ».
Le nonce rappelle qu’Alep est déjà « considérée comme une « ville martyre » », et aujourd’hui plusieurs habitants – dont aussi « les prêtres, les religieux » – « posent cette question: ‘Nous étions sous les bombes, il y avait les rebelles, maintenant d’où vient cette catastrophe ?’». Ce sont « des questions auxquelles il est difficile de répondre », avoue le cardinal.
Il énumère plusieurs malheurs qui ravagent le pays depuis les décennies : « Toute la Syrie, dit-il, était déjà sous ce que j’appelle ‘l’autre bombe’, la bombe de la pauvreté. Selon les statistiques des Nations unies, 90 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. Donc d’abord les vraies bombes, puis toutes sortes d’armes utilisées, la pauvreté, maintenant le grand tremblement de terre… À cela s’ajoute un drame dans le drame, qui est celui des sanctions qui, selon les témoignages locaux, empêchent le passage de l’aide… »