Mgr Francesco Follo

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Méditer sur la fin pour comprendre le but, par Mgr Francesco Follo

Méditation sur les lectures de dimanche 13 novembre 2022

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XXXIII Dimanche du Temps ordinaire – Année C – 13 novembre 2022

Rite Romain  Ml 3,19-20; Sal 97; 2Ts 3,7-12; Lc 21,5-19

 

I Dimanche de l’Avent (Année A)

La venue du Seigneur

 

1) Réfléchir à la fin du monde pour connaître sa fin dernière.

En ce dernier dimanche de l’année liturgique, qui rythme notre vie, l’Eglise nous fait méditer sur la fin de tout, pour donner le départ au « Tout », qui est la Vie éternelle. 

La Parole de Dieu nous invite aujourd’hui à méditer sur les réalités ultimes, pour pouvoir connaitre et comprendre les signes des temps avec un regard de foi sur le monde et sur notre vie, et nous préparer avec confiance à la rencontre finale avec l’amour de Dieu. En effet, qui a une confiance amoureuse en Dieu est capable de persévérer et mérite la vie à jamais.

Dans le passage de l’évangile d’aujourd’hui le Messie nous enseigne à vivre avec une confiance et un témoignage persévérants, découvrant de plus en plus que « ce que tu n’as pu recevoir aussitôt à cause de ta faiblesse, tu le reçois à d’autres moments grâce à ta persévérance.» (cf. St Ephrem le Syrien (306 – 373), tiré du Diatessaron, IV siècle.).

            En parlant de guerres, révolutions, famines, persécutions et d’autres événements tristes, le Christ n’entend pas affoler les disciples d’hier et ceux d’aujourd’hui. Il veut enseigner que les difficultés de la vie, petites ou grandes qu’elles soient, sont des occasions pour devenir plus forts, dans sa foi et en espérance.

D’une part, tenir bon, persévérer, dans l’attente du Christ, est notre Fin ultime. C’est la méthode pour accueillir l’Attendu et comme ça qu’il établira sa demeure parmi nous : Lui c’est l’Emmanuel, Dieu avec nous – toujours. D’autre part, le temps qui nous sépare de la fin pour toujours rester avec la Fin dernière est le temps du témoignage. Pendant cette période, nous expérimentons la proximité de Dieu et son amour, qui n’abandonne jamais ses disciples, mais reste près d’eux pour leur dire aussi quel langage tenir face aux persécuteurs (cf. Lc 21,15).

Jésus nous encourage à Lui rester fidèles jusqu’à la fin. Attendons de Le rencontrer avec persévérance, tenons bon. Il transformera nos difficultés, nos peurs et angoisses, voire celles de la mort, en une glorieuse résurrection.

2) Deux témoins de persévérance

Des saints qui sont des exemples de persévérance et des témoins d’une vraie attente, il y en a beaucoup. J’en choisis deux : Saint Jean, le précurseur, et la Vierge Marie, car ils sont les deux piliers du portail que Jésus a passé pour entrer dans notre histoire.

Tous les deux n’attendaient pas quelque chose mais quelqu’un. Ils ne cherchaient pas à discerner des faits plus ou moins apocalyptiques pour décider que faire dans un avenir plus ou moins proche : ils n’attendaient rien de moins que Dieu. Ils n’attendaient pas de meilleurs jours, ni une vague utopie, ni un héros, mais attendaient vraiment Dieu.

Saint Jean Baptiste attendait tout simplement Dieu, ce Dieu qui venait mettre de l’ordre, juger et sauver. Le précurseur était un homme décidé à tout, jusqu’à la fin. Il n’eut aucun scrupule à appeler les chefs du peuple « race de vipères » et à reprocher au roi Hérode tous ses méfaits. Il n’eut peur ni de la prison ni de la décapitation. Il persévéra a être « tout simplement » une voix qui résonne dans le désert et à travers chaque chose, même au travers d’oreilles bouchées. Jean Baptiste fut un vrai témoin, qui a indiqué avec persévérance la présence de l’Agneau de Dieu et scella cette indication en donnant sa vie. Celui-ci montre comment on doit témoigner, c’est-à-dire comment être des martyrs – Il est un modèle pour tous les chrétiens (laïcs, religieux/ses, prêtres et évêques) – comment être des missionnaires du Christ : personne ne doit s’annoncer soi-même, ni remplacer la Parole par des bavardages, nous devons tous être uniquement la voix de Celui qui grandit parmi nous, qui est toujours plus grand que nous.

La Vierge Marie aussi attendait Dieu. Elle sait ce que l’ange lui a dit : « le Saint que tu portes sera appelé Fils du Très-Haut ; et son règne n’aura pas de fin » (Lc 1, 31 ss). Mais son attente n’est pas comme celle de Jean le Baptiste qui attendait « l’inimaginable », qui avançait avec le feu, la cognée et la pelle à vanner. Elle attendait un petit enfant. Mais pour une maman, un enfant qui est Dieu n’est-ce pas quelque chose d’inimaginable ? Cet enfant ne viendra-t-il pas « jeter un feu sur la terre » ? Et une épée ne transpercera-t-elle pas le cœur de la mère ? Mais la Vierge Marie attendit avec persévérance, l’accueillit en elle et donna à l’humanité (à chacun de nous) Quelqu’un de « doux et humble de cœur », qui ne « fera pas entendre sa voix sur les places publiques et n’éteindra pas la mèche qui faiblit » (Mt 11, 29, 12, 19 s). Marie persévéra aussi dans sa marche aux côtés du Christ, de Nazareth où elle le conçut par œuvre du Saint Esprit, à Jérusalem où Jésus émit l’Esprit et recréa le monde.

Notre Mère céleste est donc, pour nous, un modèle d’excellence, qui nous montre comment nous pouvons et devons témoigner.

La fin des temps et les signes terribles qui l’indiquent nous épouvantent, non seulement parce qu’ils sont terrifiants mais aussi parce qu’ils nous annoncent la fin inexorable du monde.

Que faire ? « Se convertir et faire pénitence » nous dit Jean le Baptiste. « Porter le Christ en nous pour les autres » nous dit la mère de Dieu. Nous devons passer du « moi » au « tu », à Dieu. Passer d’un comportement stérile et égoïste à un comportement amoureux et fécond pour les autres, en suivant le Christ, l’Emmanuel avec nous et pour vous.

3) L’exemple des vierges consacrées dans le monde.

Voici maintenant une brève réflexion sur comment les vierges consacrées dans le monde peuvent nous servir d’exemples pour suivre Jean Baptiste et la Vierge Marie.

A l’école de saint Jean, ces femmes consacrées apprennent non pas à parler du Christ mais à l’indiquer en appliquant quotidiennement la phrase : « Je dois me faire petite si je veux qu’il grandisse ». Les vierges consacrées montrent que le Précurseur n’invite pas seulement à un style de vie sobre mais aussi à un changement intérieur, grâce auquel ont accueille la lumière de Celui qui est « le plus grand » et s’est fait petit, le « plus fort » et s’est fait faible.

A l’école de Marie, les consacrées apprennent à vivre la virginité comme un désir intense, une vie féconde intense. Grâce à leur consécration, le miracle de la maternité virginal de la Mère de Dieu se reproduit.

Voici comment l’Eglise décrit dans le Pontifical romain, pour la consécration des Vierges,(voir aussi prière de consécration des vierges n° 24) cette « race sainte » qui fleurit à partir de l’incarnation de Dieu et la grâce du baptême: « Tout en protégeant la bénédiction nuptiale, qui découle de l’état matrimonial, il doit y avoir des âmes plus nobles qui renoncent à la communauté physique de l’homme et de la femme, et tendent au mystère que le mariage contient pour donner tout leur amour au mystère indiqué par le mariage, en se consacrant à Celui qui est époux et fils de la virginité éternelle ». 

Mais nous avons là le grand mystère de l’Eglise : l’union entre « divinité » et « humanité » dans le sein de la Vierge. C’est pourquoi l’Eglise bénit les vierges dans les prières de consécration en disant ceci : « Que le créateur du ciel et de la terre vous bénisse, Lui qui a daigné vous choisir pour la communion avec la bienheureuse Marie, Mère de notre Seigneur Jésus-Christ ». Sa vie est tout simplement un modèle. « Que l’image, oui, de la virginité soit pour vous la vie de Marie, d’où se réfléchit, tel un miroir, la beauté de la chasteté et la règle de toute vertu » (Saint Ambroise, De Virginibus, II, 2, 6, PL 16, 108). Si l’Eglise veut rester ce qu’elle est, « la Vierge, qu’elle soit vierge » (Saint Augustin, Discours 1,8). Il doit y avoir ces « âmes nobles qui imitent dans leur corps ce qui se passa en Marie et anticipent ce que l’Eglise, sauvée, recevra dans la gloire.

 

Lecture Patristique

Saint Augustin d’Hippone

Sermon sur le Psaume 95

« Une terre nouvelle, où habitera la justice ».

Tous les arbres des forêts bondiront de joie devant la face du Seigneur, car il vient, car il vient pour juger la terre. Il est venu une première fois, et il viendra. ~ La première fois, sa parole a résonné dans l’Évangile : Désormais, vous verrez le Fils de l’homme venir sur les nuées. Pourquoi désormais ? Est-ce que le Fils de l’homme ne viendra pas plus tard, lorsque se lamenteront toutes les tribus de la terre ? Il est d’abord venu en la personne de ses prédicateurs et c’est ainsi qu’il a rempli toute la terre. Ne résistons pas au premier avènement si nous ne voulons pas redouter le second. ~

Que doit donc faire le chrétien ? User du monde, ne pas servir le monde. En quoi cela consiste-t-il ? A posséder, comme si l’on ne possédait pas. C’est ce que dit saint Paul : D’ailleurs, frères, le temps est limité. Dès lors, que ceux qui ont une femme soient comme s’ils n’avaient pas de femme ; ceux qui pleurent, comme s’ils ne pleuraient pas, ceux qui se réjouissent, comme s’ils ne se réjouissaient pas, ceux qui font des achats, comme s’ils ne possédaient rien, ceux qui usent de ce monde, comme s’ils n’en usaient pas, car elle passe, la figure de ce monde. Je veux que vous soyez libres de tout souci. Celui qui est libre de tout souci attend avec sécurité la venue de son Seigneur. Car est-ce qu’on aime le Seigneur, lorsqu’on redoute sa venue ? Mes frères, est-ce que nous n’avons pas honte ? Nous aimons, et nous redoutons sa venue ! Aimons-nous vraiment, ou est-ce nous n’aimons pas davantage nos péchés ? Nous haïrons nos péchés eux-mêmes, et nous aimerons celui qui va venir pour punir les péchés. Il viendra, que nous le voulions ou non. Ce n’est pas parce qu’il ne vient pas maintenant qu’il ne viendra pas. Il viendra, et tu ne sais pas quand. Et s’il te trouve prêt, cela n’a pas d’inconvénient pour toi que tu ne le saches pas. ~

Et tous les arbres des forêts bondiront de joie. Il est venu première fois, et il viendra pour juger la terre. Il trouvera bondissant de joie ceux qui ont cru à son premier avènement, car il vient. ~

Il jugera le monde avec justice, et les peuples selon sa vérité. Quelle justice et quelle vérité ? Il rassemblera auprès de lui ses élus pour le jugement, et les autres, il les séparera, car il mettra ceux-ci à sa droite, et ceux-là à sa gauche.

Qu’y aura-t-il de plus juste, de plus vrai que cela : ils n’attendront pas du juge la miséricorde, ceux qui n’ont pas voulu exercer la miséricorde avant la venue du juge. Ceux qui ont voulu exercer la miséricorde seront jugés avec miséricorde. Car il dira à ceux qu’il aura mis à sa droite : Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le royaume préparé pour vous depuis la création du monde. Et il leur attribue des actes de miséricorde : J’avais faim, et vous m’avez donné à manger, j’avais soif et vous m’avez donné à boire, et toute la suite.

Ceux qu’il a placés à sa gauche, qu’est-ce qu’il leur reproche ? De n’avoir pas voulu exercer la miséricorde. Et où iront-ils ? Allez au feu éternel. Cette sentence funeste suscitera un grand gémissement. Mais que dit un autre psaume ? Jamais on n’oubliera le juste. Il ne craint pas une sentence funeste. Quelle est cette sentence funeste ? Allez au feu éternel, préparé pour le démon et ses anges. Celui qui se réjouira d’une sentence favorable ne craindra pas une sentence funeste. ~ Voilà la justice, voilà la vérité.

Parce que tu es injuste, le juge ne sera pas juste ? Parce que tu es menteur, la vérité ne sera pas véridique ? Mais si tu veux rencontrer un juge miséricordieux, sois miséricordieux avant qu’il vienne. Pardonne, si l’on t’a offensé. Donne les biens que tu possèdes en abondance. Et avec quoi donneras-tu, sinon avec ce que tu tiens de lui ? Si tu donnais de ton bien, ce serait de la générosité. Puisque tu donnes ce que tu tiens de lui, c’est de la restitution. Que possèdes-tu que tu n’aies reçu ? Voilà les sacrifices qui sont très agréables à Dieu : miséricorde, humilité, reconnaissance, paix, charité. Si c’est cela que nous apportons, nous attendrons avec assurance l’avènement du juge, lui qui jugera le monde avec justice, et les peuples selon sa vérité.

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Mgr Francesco Follo

Mgr Francesco Follo est ordonné prêtre le 28 juin 1970 puis nommé vicaire de San Marco Evangelista à Casirate d’Adda de 1970 à 1976. Il obtient un doctorat en Philosophie à l’Université pontificale grégorienne en 1984. De 1976 à 1984, il travaille comme journaliste au magazine Letture du Centre San Fedele de la Compagnie de Jésus (jésuites) à Milan. Il devient membre de l’Ordre des journalistes en 1978. En 1982, il occupera le poste de directeur-adjoint de l’hebdomadaire La Vita Cattolica. De 1978 à 1983, il est professeur d’Anthropologie culturelle et de Philosophie à l’Université catholique du Sacré Cœur et à l’Institut Supérieur des Assistant Educateurs à Milan. Entre 1984 à 2002, il travaille au sein de la Secrétairerie d’Etat du Saint-Siège, au Vatican. Pendant cette période il sera professeur d’Histoire de la Philosophie grecque à l’Université pontificale Regina Apostolorum à Rome (1988-1989). En 2002, Mgr Francesco Follo est nommé Observateur permanent du Saint Siège auprès de l’UNESCO et de l’Union Latine et Délégué auprès de l’ICOMOS (Conseil international des Monuments et des Sites). Depuis 2004, Mgr Francesco Follo est également membre du Comité scientifique du magazine Oasis (magazine spécialisé dans le dialogue interculturel et interreligieux). Mgr Francesco Follo est Prélat d’Honneur de Sa Sainteté depuis le 27 mai 2000.

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