Le Kazakhstan, pays organisateur du Congrès des dirigeants des religions mondiales et traditionnelles auquel a participé le pape François, place « les religions au centre de son engagement », a souligné le pape François au cours de la catéchèse du 21 septembre.
Lors de l’audience générale de ce mercredi 21 septembre 2022, qui s’est déroulée à 9h sur la Place Saint-Pierre en présence de nombreux groupes de pèlerins et de fidèles d’Italie et du monde entier, le pape François est revenu, selon l’usage, sur le voyage apostolique au Kazakhstan qu’il a effectué du 13 au 15 septembre derniers. Le cycle de catéchèses sur le discernement, à peine initié, reprendra la semaine prochaine.
Mettre « les religions au centre de son engagement pour la construction d’un monde où l’on s’écoute et où l’on se respecte dans la diversité » « n’est pas du relativisme », a déclaré le pape, rendant hommage au « Gouvernement kazakh qui, après s’être libéré du joug du régime athée, propose maintenant une voie de civilisation, condamnant nettement les fondamentalismes et extrémismes ». Et il a insisté : « c’est une position équilibrée et d’unité ».
Après avoir remercié le Président de la République et les Autorités pour « l’accueil cordial » et pour « le généreux engagement » au service de l’organisation ainsi que les évêques et leurs collaborateurs pour tout leur travail et pour « la joie » de les avoir rencontrés ensemble, le pape François a également évoqué les nombreux martyrs « qui ont payé de leur vie leur fidélité au Dieu de la paix et de la fraternité ».
Catéchèse du pape François en langue italienne
Chers frères et sœurs, bonjour !
La semaine dernière, de mardi à jeudi, je me suis rendu au Kazakhstan, immense pays d’Asie centrale, à l’occasion du septième Congrès des dirigeants des religions mondiales et traditionnelles. Je renouvelle au Président de la République et aux autres Autorités du Kazakhstan ma gratitude pour l’accueil cordial qui m’a été réservé et pour le généreux engagement au service de l’organisation. Je remercie également de tout cœur les évêques et tous leurs collaborateurs pour le grand travail qu’il ont réalisé, et surtout pour la joie qu’ils m’ont procurée de pouvoir les rencontrer et les voir tous ensemble.
Comme je le disais, la raison principale de ce voyage était de prendre part au Congrès des dirigeants des religions mondiales et traditionnelles. Cette initiative est portée depuis vingt ans par les Autorités de ce pays, qui se présente au monde comme un lieu de rencontre et de dialogue, dans le cas présent au niveau religieux, et par conséquent comme un protagoniste dans la promotion de la paix et de la fraternité humaine. Il s’agissait de la septième édition de ce congrès : un pays, qui est indépendant depuis 30 ans, a déjà organisé sept éditions de ces congrès, un tous les trois ans. Cela signifie mettre les religions au centre de son engagement pour la construction d’un monde où l’on s’écoute et où l’on se respecte dans la diversité. Et ceci n’est pas du relativisme, non : c’est écouter et respecter. Il faut reconnaître cela au Gouvernement kazakh qui, après s’être libéré du joug du régime athée, propose maintenant une voie de civilisation, condamnant nettement les fondamentalismes et extrémismes. C’est une position équilibrée et d’unité.
Le Congrès a discuté et approuvé la Déclaration finale, qui se situe dans la continuité de celle qui a été signée à Abou Dhabi en février 2019 sur la fraternité humaine. J’aime interpréter ce pas en avant comme le fruit d’un chemin parti de loin : je pense naturellement à la Rencontre interreligieuse pour la paix, historique, convoquée par saint Jean-Paul II à Assise en 1986, si critiquée par les gens qui n’avaient pas de vision ; je pense au regard clairvoyant de saint Jean XXIII et de saint Paul VI, ainsi que de grandes âmes d’autres religions – je me limite à évoquer le Mahatma Gandhi. Mais comment ne pas faire mémoire des nombreux martyrs, hommes et femmes de tous âges, langues et nations, qui ont payé de leur vie leur fidélité au Dieu de la paix et de la fraternité ? Nous le savons : les moments solennels sont importants, mais ensuite, c’est l’engagement quotidien, c’est le témoignage concret qui construit un monde meilleur pour tous.
Au-delà du Congrès, ce voyage m’a permis de rencontrer les Autorités du Kazakhstan et l’Eglise qui vit sur cette terre.
Après avoir rendu visite au Président de la République – que je remercie à nouveau pour sa gentillesse –, nous nous sommes dirigés vers la nouvelle Salle de Concert où j’ai pu parler aux gouvernants, aux représentants de la société civile et au Corps diplomatique. J’ai souligné la vocation du Kazakhstan à être un Pays de la rencontre : en effet, environ cent-cinquante groupes ethniques cohabitent sur cette terre où sont parlées plus de quatre-vingts langues. Cette vocation, due à ses caractéristiques géographiques et à son histoire, – cette vocation à être un pays de rencontre, de cultures et de langues – a été accueillie et embrassée comme un chemin qui mérite d’être encouragé et soutenu. De même que j’ai souhaité que puisse se poursuivre la construction d’une démocratie de plus en plus mure, en mesure de répondre effectivement aux exigences de la société tout entière. C’est une tâche ardue, qui demande du temps, mais il faut déjà reconnaître que le Kazakhstan a fait des choix très positifs, comme celui de dire « non » aux armes nucléaires et celui de bonnes politiques énergétiques et environnementales. Cela a été courageux. A un moment de cette guerre tragique où certains pensaient aux armes nucléaires – une folie –, ce pays, dès le début, dit « non » aux armes nucléaires.
En ce qui concerne l’Eglise, cela m’a beaucoup réjoui de rencontrer une communauté de personnes contentes, joyeuses, enthousiastes. Les catholiques sont peu nombreux dans ce pays si vaste. Mais, vécue avec foi, cette condition peut porter un fruit évangélique : avant tout la béatitude de la petitesse, d’être levain, sel et lumière, comptant uniquement sur le Seigneur et non sur une forme d’importance humaine. En outre, le petit nombre invite à développer des relations avec les chrétiens d’autres confessions ainsi que la fraternité avec tous. Par conséquent, un petit troupeau, oui, mais ouvert, pas fermé, pas sur la défensive, ouvert et confiant dans l’action de l’Esprit Saint, qui souffle librement où et comme il veut. Nous avons aussi rappelé cette partie grise, les martyrs : les martyrs de ce peuple saint de Dieu – parce qu’il a souffert pendant des décennies d’oppression athée, jusqu’à sa libération il y a 30 ans – des hommes et des femmes qui ont beaucoup souffert pour leur foi pendant la longue période de la persécution. Assassinés, torturés, emprisonnés pour leur foi.
Avec ce petit mais joyeux troupeau, nous avons célébré l’Eucharistie, toujours à Nour Sultan, sur le parvis d’Expo 2017, entouré d’architectures ultra-modernes. C’était la fête de la Sainte Croix. Et ceci nous fait réfléchir : dans un monde où le progrès et le recul sont mêlés, la Croix du Christ demeure l’ancre du salut : signe de l’espérance qui ne déçoit pas parce qu’elle est fondée sur l’amour de Dieu, miséricordieux et fidèle. C’est à lui que s’adressent nos remerciements pour ce voyage et notre prière afin que celui-ci soit riche de fruits pour l’avenir du Kazakhstan et pour la vie de l’Eglise pèlerine sur cette terre. Merci.
© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat