Sanctuaire du Divin Amour, Rome, capture TV2000

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L’Amour est d’abord « un don de Dieu », par Mgr Francesco Follo

« …avant d’être un commandement »

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Il existe « un lien indissoluble » entre « l’amour » que nous portons à Jésus et « l’observance de sa parole », écrit Mgr Francesco Follo, observateur permanent du Saint-Siège auprès de l’UNESCO, dans son commentaire des lectures du VIe Dimanche de Pâques 2022.

Dans l’Evangile selon saint Jean, Jésus affirme : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ». « Quand on aime, explique Mgr Follo, la “parole” » de celui ou celle qu’on aime devient si importante qu’on la porte dans son cœur, on veille sur elle en l’observant ».

Voici le commentaire des lectures du VI Dimanche de Pâques, le 22 mai 2022, par Mgr Francesco Follo.

 

« Avec l’invitation à se rappeler qu’avant d’être un commandement, l’amour est un don que Dieu nous fait connaître et expérimenter, nous invitant à le partager ».

Obéir veut dire aimer

VI Dimanche de Pâques – Année C – 22 mai 2022

Ac 15,1-2.22-29 ; Ps 66 ; Ap 21,10-14.22-23 ; Jn 14,23-29

1) La marche des six dimanches de Pâques.

Pendant la période pascale, la liturgie de l’Eglise nous fait vivre (dans le sens biblique du terme : rendre présent) la présence concrète, et vraiment vivante, du Christ ressuscité. C’est pourquoi, pendant la messe des trois premiers dimanches de Pâques, sont proposés des passages de l’Evangile où l’on parle des rencontres de Jésus avec Marie Madeleine, avec les disciples d’Emmaüs, avec les apôtres, saint Thomas, et pour finir Pierre qui sera confirmé dans son amour après Lui avoir remis ses peines.

Le IV dimanche, on nous a rappelé que le Christ est le bon pasteur, qui nous guide par le biais des prêtres et des évêques. Le V dimanche, on nous a rappelé que Jésus ressuscité est présent dans l’amour vécu concrètement et donné réciproquement dans la communauté des chrétiens, qui ont « comme » exemple le Christ lui-même.

Aujourd’hui, l’enseignement des dimanches précédents est à son apogée. En effet, en ce VI dimanche de Pâques, l’Evangile nous dit que Jésus ne se contente par de demeurer parmi nous, il demande d’être écouté (que l’on observe sa parole) pour pouvoir « demeurer » en nous. Jésus n’est donc plus simplement avec nous, un parmi nous, même s’il est le meilleur : il est maintenant en nous avec son Esprit.

A nous croyants qui écoutons sa parole et à qui il donne l’Esprit Saint pour obtenir la paix et pour « rappeler à notre cœur tout ce que le Christ a fait et enseigné et nous rendre capables d’en témoigner, en joignant le geste à la parole » (cf. la Collecte du VIème dimanche de Pâques).

Connaître et faire l’expérience de l’amour de Dieu en nous et pour nous, est source de paix et de joie mais suppose également une grande responsabilité quotidienne.

2) Observer la Parole, qui est un don d’amour.

La méditation du jour, tirée d’un passage de l’évangile de Jean (14,23-29), illustre deux aspects : l’amour obéissant porté à Jésus et le don de l’Esprit.

Dans cet extrait, le Fils de Dieu fait le lien – un lien indissoluble – entre l’Amour qui Lui est porté et l’observance de sa parole. A ce propos, n’oublions pas que le terme grec « Logos », utilisé par saint Jean, peut varier selon les circonstances. Il peut signifier la « Parole » qui est Jésus Christ, le Verbe de Dieu, la « parole » que Jésus adresse à ses interlocuteurs, et le « commandement » donné par amour et à observer avec amour.  Ce troisième sens n’a rien d’étrange finalement, car quand on aime, la « parole » de celui ou celle qu’on aime devient si importante qu’on la porte dans son cœur, on veille sur elle en l’observant. Autrement dit, si nous aimons le Seigneur, cela veut dire que nous Le portons dans notre cœur. Nous conservons (observons) ses paroles, parce que nous voulons vivre comme Lui, nous voulons qu’Il devienne notre vie. En effet, quand on aime quelqu’un, cette personne devient notre vie et nous l’écoutons, mettant en pratique ce qu’elle nous dit.

Donc « obéir » au Seigneur est la preuve qu’on L’aime vraiment. Mais il est vrai que le verbe « aimer » dit aussi désir, affection, appartenance, mais ici on souligne que l’on ne peut parler de vrai amour sans observance des commandements : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole » (Jn 14, 23). Et, aussitôt après, dans le même verset 23, Jésus ajoute « mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure » (Id 14, 23). Ici, le Fils de Dieu souligne une autre caractéristique de l’amour: c’est là où se passe la rencontre avec l’amour du Père. Je dirais même mieux ; c’est là où le Père et Jésus établissent leur demeure.

Marie, Vierge et Mère, est l’icône parfaite de cette demeure «  construite » par obéissance amoureuse. Elle a accueilli le Fils de Dieu dans sa foi puis dans sa chair, obéissant pleinement à la Parole de Dieu.

L’obéissance à Dieu et à son action inclut aussi l’élément « obscurité » dans notre foi. Les relations entre l’être humain et Dieu n’effacent pas la distance entre le Créateur et la créature, n’effacent pas tout ce qu’affirme l’apôtre Paul devant la profondeur de la sagesse de Dieu: « Ses décisions sont insondables, ses chemins sont impénétrables ! » (Rm 11,33). Mais ceux qui, comme Marie, s’ouvrent à Dieu totalement, finissent par accepter la volonté divine. Même si cette volonté est mystérieuse et ne correspond pas toujours à ce que nous voudrions, qu’elle est comme une épée qui transperce l’âme, comme le prophète Siméon a dit à Marie quand, avec Joseph, elle est allée présenter Jésus au Temple (cf. Lc 2,35).

Sur le chemin de la foi, la joie de recevoir un don d’amour est grande, mais il ne manque pas aussi de moments obscurs dus aux souffrances de la vie, aux croix de la vie. Il en fut ainsi pour Marie. Grâce à sa foi, elle connut la joie de l’Annonciation, mais connut l’obscurité de la crucifixion du Fils jusqu’à la lumière de sa Résurrection, sans jamais céder.

Alors, pour les apôtres, et pour chacun de nous, aujourd’hui, dans notre foi, le chemin de l’obéissance n’est pas différent: nous rencontrons des moments de lumière, mais aussi des moments où Dieu paraît absent, où son silence pèse sur notre cœur, et sa volonté ne correspond pas à la nôtre, à ce que nous voudrions. Mais plus nous nous ouvrons à Lui, plus nous accueillons le don de la foi et plaçons totalement notre confiance en Lui, plus Il nous rend capables, par sa présence, de vivre chaque situation de notre vie dans la paix et la certitude de sa fidélité et de son amour. Mais cela signifie sortir de soi-même et de ses propres projets, pour que la Parole de Dieu, observée avec amour, soit comme un phare pour guider nos pensées et nos actions.

Comment la Mère de Dieu a-t-elle pu vivre ce chemin de foi aux côtés de son Fils de manière si solide, même au plus fort de l’obscurité, sans perdre sa pleine confiance en l’action de la Providence? Et cette question vaut aussi pour les apôtres: « Comment ont-ils pu continuer à marcher avec le Christ et donner leur vie pour son Evangile, c’est-à-dire pour sa bonne et heureuse Parole qui conduit à la joie de la vraie vie par la Croix.

Marie et les apôtres ont obéi à l’amour, ont observé la parole reçue qui se tenait devant eux. Ils ont «  dialogué » avec le Christ, en conservant et observant Sa Parole. Ils ont réfléchi  au sens de cette Parole et en ont conclu qu’ils ne pouvaient pas quitter Jésus, car Lui seul avait la parole de vie éternelle. Le terme grec utilisé dans l’évangile, pour définir cette « réflexion », ‘’dielogizeto”, rappelle la racine du mot « dialogue ». Cela signifie que nous croyants, « auditeurs de la Parole », nous devons persévérer dans le dialogue avec la Parole de Dieu qui nous est dite, en la laissant pénétrer dans son esprit et dans son cœur pour comprendre ce que le Seigneur veut de chacun de nous.

3) le don de l’Esprit.

L’Evangile du jour nous dit aussi: « Je vous parle ainsi, tant que je demeure avec vous ; mais le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit » (Jn 14, 25-26).

Que veut dire Jésus dans ces deux versets? Il veut dire à ses disciples d’hier et d’aujourd’hui, à nous ses disciples de toujours, qu’Il ne nous laisse jamais seuls, nous envoie le Défenseur, l’Esprit Saint, l’Esprit de vérité qui donne la vie de Dieu. La vie de Dieu c’est l’amour. Et c’est cet amour, progressivement, qui nous fera connaître ce que Jésus a dit. Plus nous le connaitrons plus nous l’aimerons; plus nous l’aimerons plus nous le connaitrons et ainsi de suite jusqu’à l’infini.

L’enseignement de l’Esprit et l’enseignement de Jésus sont le même enseignement. Les deux ne s’opposent pas. L’Esprit a pour tâche d’enseigner et de faire en sorte que nous nous souvenions. C’est toujours l’enseignement de Jésus, mais saisi et compris dans sa totalité: « Il vous enseignera tout ». Il ne s’agit pas d’ajouter quelque chose à l’enseignement de Jésus, comme s’il était incomplet. « Tout » signifie totalité, sa racine, sa raison profonde. Et la mémoire aussi, don de l’Esprit, n’est pas un souvenir répétitif, mais un souvenir  qui actualise. L’Esprit entretient l’histoire de Jésus, la tient ouverte, la rendant  éternellement actuelle et salvifique. Donc  l’Esprit que Jésus nous a laissé sur la croix et dans l’histoire, sa présence constante dans l’histoire, est l’Esprit d’amour qui nous fait comprendre et nous fait faire ce que lui a dit et a fait. L’Esprit n’enseigne pas ou n’inspire pas de choses étranges, il nous fait comprendre ce que le Christ a dit et fait, en nous donnant la force de le vivre car seul l’amour nous fait comprendre et agir.

Naturellement nous recevons tous le don de l’Esprit, dont l’action en nous nous fait «  souvenir » (c’est-à-dire redonner au cœur) et « rend toujours présent » le Christ. Mais  Les Vierges consacrées dans le monde, en particulier, sont le signe visible du mystère de l’Eglise, qui est en même temps vierge et épouse (cf. 2 Cor 11,2; Ep 5, 25 – 27). Si d’un côté la virginité annonce d’emblée ce que sera la vie future (cf. Mt 22,30), une vie semblable à celle des anges, celle-ci a aussi une signification nuptiale comme il est indiqué dans le Rituel de consécration, au moment de la remise des insignes de la consécration, c’est-à-dire le voile et l’anneau, accompagnée de cette prière: « Recevez ce voile et cet anneau, signe de votre consécration nuptiale. Toujours fidèle au Christ, votre Epoux, n’oubliez jamais que vous vous êtes vouée au service du Christ et de son corps qui est l’Eglise » (REV, n 19 e n. 88).

Lecture Patristique

Saint Jean Chrysostome (+ 407)

Homélie 75, 1

PG 59, 403-405.

Si vous m’aimez, vous resterez fidèles à mes commandements (Jn 14,15-18). Je vous ai donné ce commandement de vous aimer les uns les autres, de pratiquer entre vous ce que moi-même ai fait pour vous. C’est cela l’amour: obéir à ces commandements, et ressembler à celui que vous aimez. Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur. Nouvelle parole, pleine de délicatesse. Parce que les disciples ne connaissaient pas encore le Christ d’une manière parfaite, on pouvait penser qu’ils regretteraient vivement sa société, ses entretiens, sa présence selon la chair, et que rien ne pourrait les consoler de son départ. Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur, c’est-à-dire: un autre tel que moi. <>

C’est quand le Christ les eut purifiés par son sacrifice que l’Esprit Saint descendit en eux. pourquoi n’est-il pas venu pendant que Jésus était avec eux? Parce que le sacrifice n’avait pas été offert. C’est seulement lorsque le péché eut été enlevé et que les disciples furent envoyés affronter les périls du combat, qu’il leur fallut un entraîneur. Mais alors, pourquoi l’Esprit n’est-il pas venu aussitôt après la résurrection? Afin qu’ayant un plus vif désir de le recevoir, ils l’accueillent avec une plus grande reconnaissance. Tandis que le Christ était avec eux, ils n’étaient pas affligés; lorsqu’il fut parti, leur solitude les plongea dans une crainte profonde; ils allaient donc accueillir l’Esprit avec beaucoup d’ardeur.

Il sera pour toujours avec vous. Cela signifie clairement qu/il ne vous quittera jamais. Il ne fallait pas qu’en entendant parler d’un Défenseur, ils imaginent une seconde incarnation et espèrent la voir de leurs yeux. Il rectifie donc leur pensée en disant: Le monde est incapable de le recevoir parce qu’il ne le voit pas. Car il ne sera pas avec vous de la même manière que moi, mais c’est dans vos âmes qu’il habitera, comme le signifient ces paroles: Il est en vous. Et il l’appelle l’Esprit de vérité parce qu’il leur fera connaître le vrai sens des préfigurations de la Loi ancienne.

Il sera pour toujours avec vous. Qu’est-ce que cela veut dire? Ce qu’il dit de lui-même: Voici que je suis avec vous. Mais d’une façon différente, et il insinue que le Défenseur ne souffrira pas comme le Christ, et que lui ne vous quittera pas. Le monde est incapable de le recevoir parce qu’il ne le voit pas. Quoi donc? Serait-il visible pour les autres? Nullement. Il parle ici de la connaissance par l’esprit, puisqu’il ajoute aussitôt: Et ne le connaît pas. Nous savons qu’il emploie le mot « voir » au sens de connaissance très claire. Par « le monde » il entend ici les méchants, et c’est là un réconfort pour les disciples, que leur soit accordé un don de choix. <>

Il annonce un Défenseur autre que lui; il affirme que ce Défenseur ne les quittera pas; il ajoute qu’il viendra uniquement pour eux, comme le Christ lui-même est venu. Il déclare enfin qu’il va demeurer e n eux, mais ce n’est pas ainsi qu’il dissipe leur chagrin, car c’est lui qu’ils veulent, c’est sa compagnie. Et il dit pour les apaiser: Je ne vous laisserai pas orphelins, je reviens vers vous.

Ne craignez pas, dit-il. Si j’ai promis d’envoyer un autre Défenseur, ce n’est pas que je veuille vous abandonner pour toujours. En disant : Pour qu’il soit toujours avec vous, ce n’est pas en ce sens que je ne vous verrai plus. Car, moi aussi, je reviens vers vous, je ne vous laisserai pas orphelins.

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Mgr Francesco Follo

Mgr Francesco Follo est ordonné prêtre le 28 juin 1970 puis nommé vicaire de San Marco Evangelista à Casirate d’Adda de 1970 à 1976. Il obtient un doctorat en Philosophie à l’Université pontificale grégorienne en 1984. De 1976 à 1984, il travaille comme journaliste au magazine Letture du Centre San Fedele de la Compagnie de Jésus (jésuites) à Milan. Il devient membre de l’Ordre des journalistes en 1978. En 1982, il occupera le poste de directeur-adjoint de l’hebdomadaire La Vita Cattolica. De 1978 à 1983, il est professeur d’Anthropologie culturelle et de Philosophie à l’Université catholique du Sacré Cœur et à l’Institut Supérieur des Assistant Educateurs à Milan. Entre 1984 à 2002, il travaille au sein de la Secrétairerie d’Etat du Saint-Siège, au Vatican. Pendant cette période il sera professeur d’Histoire de la Philosophie grecque à l’Université pontificale Regina Apostolorum à Rome (1988-1989). En 2002, Mgr Francesco Follo est nommé Observateur permanent du Saint Siège auprès de l’UNESCO et de l’Union Latine et Délégué auprès de l’ICOMOS (Conseil international des Monuments et des Sites). Depuis 2004, Mgr Francesco Follo est également membre du Comité scientifique du magazine Oasis (magazine spécialisé dans le dialogue interculturel et interreligieux). Mgr Francesco Follo est Prélat d’Honneur de Sa Sainteté depuis le 27 mai 2000.

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