Le pape François rencontrera les maires et les évêques de Méditerranée à Florence, le 27 février 2022: il poursuit donc son « pèlerinage méditerranéen » pour la paix et pour contribuer à répondre à la crise migratoire.
La rencontre est organisée par le maire de la ville de Florence, M. Dario Nardella, sur les pas du « saint » maire de Florence Giorgio La Pira (1904-1977), dont la cause de béatification a été ouverte. Une Fondation Giorgio La Pira promeut la diffusion de ses grandes intuitions notamment sur le rôle des villes pour la paix, l’urbanisme et le souci des pauvres.
En septembre dernier, il était question du destin méditerranéen lors d’une conférence à Rome intitulée « Méditerranée, un espace de rencontres et de dialogue » et organisée par l’Ambassade de France près le Saint-Siège et la chaîne de télévision catholique KTO, rappelle Vatican News du 9 septembre 2021.
Pour Mgr Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille et participant de la conférence, il est important de parler de la Méditerranée, « non seulement » comme d’« un concept, mais comme des personnes». Cette Méditerranée, qui mérite un synode, selon l’archevêque, est porteuse d’un message pour le monde.
Mgr Aveline invite à « un réveil des consciences », il appelle à ne pas oublier « la mémoire heureuse d’une convivialité partagée » dans ce bassin de civilisation. L’archevêque alerte sur le danger, par exemple, de dislocation libanaise, et sur l’oubli par l’Israël de la mémoire séfarade, marquée par une coexistence entre les juifs d’Afrique du Nord, les chrétiens et les musulmans.
Mgr Aveline rappelle combien « Marseille est un marqueur de la Méditerranée ». Presque 1 million d’habitants, 250 000 musulmans, 80 000 juifs, 15 à 20 000 bouddhistes, 80 000 Arméniens, descendants, pour la plupart, de rescapés du génocide de 1915: « Marseille est un laboratoire, où se conjugue la majorité des problèmes de la Méditerranée », note-t-il.
S’attardant sur le tableau plutôt sombre de la réalité actuelle de la Méditerranée – plus de 1 000 km de murs construits, un nombre de morts estimés à 6 personnes par jour en mer – l’archevêque estime que la proximité et la fidélité en actes pourraient aider à améliorer la situation.
« Quand les choses vont mal, il ne faut pas les reporter uniquement sur la religion », explique l’archevêque. « Il faut à tout prix éviter que l’indifférence n’étouffe l’indignation », souligne Mgr Aveline, revenant sur le cas marseillais, où le défi est de maintenir « la présence des petites communautés chrétiennes », de « conserver la présence des établissements catholiques là où la population ne l’est plus ».
Il parle aussi de trois plaies majeures qui exigent un remède rapide. Selon Mgr Aveline, il s’agit de la plaie de l’oisiveté qui nécessite une réponse par le travail. En ce sens, beaucoup d’espoir est placé dans le plan d’investissement pour Marseille. Les deux autres sont la plaie de la laideur, qui nécessite des politiques culturelles pour embellir l’environnement quotidien, et la plaie de la mésestime de soi, face à laquelle il faut encourager la confiance en soi et en l’autre.
L’archevêque de Marseille énumère également trois clés pour espérer: premièrement, la vitalité des personnes migrantes. Ensuite, la complicité des situations, liée à l’unité profonde de la famille humaine. Et enfin, la vérité : « Vivre en vérité est l’expression de la vie, souligne Mgr Aveline. Qu’est-ce que la religion, sinon une tentative de réponse aux grandes questions de la vie, comme la mort, le bonheur? Devant cela, nous sommes tous égaux. »