Ordre franciscain séculier © Vatican Media

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Ordre franciscain séculier : apporter l’Evangile dans les périphéries (traduction complète)

Et « organiser » l’espérance

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Le pape François a exhorté les représentants de l’Ordre franciscain séculier réunis à Rome pour leur Chapitre général à « sortir vers les périphéries, les périphéries existentielles d’aujourd’hui, et à y faire raisonner la parole de l’Évangile », ce lundi 15 novembre 2021.

Le pape a reçu en audience les participants au Chapitre général de l’Ordre franciscain séculier au Palais apostolique du Vatican. Il les invités à vivre dans le monde « la pauvreté, la minorité et la simplicité » comme autant de « signes distinctifs » devant tous.

« Que votre sécularité soit pleine de proximité, de compassion, de tendresse. Et puissiez-vous être des hommes et des femmes d’espérance, engagés à la vivre et également à « l’organiser », a encouragé le pape. Il a également invité ses hôtes à annoncer aussi la Bonne Nouvelle aux pauvres, « qui sont la chair du Christ ».

A l’époque de saint François, les nombreux laïcs souhaitant mener une vie évangélique à la suite du saint d’Assise tout en conservant leur état, étaient connus sous le nom de « pénitents », indique le site français de l’Ordre franciscain séculier.

Leur statut fut formellement reconnu par l’Ordre franciscain en 1289 avec une règle, la Règle des Pénitents, approuvée par le pape Nicolas IV : c’est la naissance officielle du « Tiers Ordre Franciscain ».

En 1883, le Pape Léon XIII donna une nouvelle règle au Tiers Ordre qui devint un instrument de réforme sociale au sein de l’Église.

En 1978, Paul VI promulgua une nouvelle règle ou Projet de vie évangélique qui adaptait le Tiers Ordre, devenu Ordre Franciscain Séculier, aux exigences et aux attentes de l’Église dans les conditions du monde actuel.

Aujourd’hui, l’Ordre franciscain séculier rassemble 450 000 membres dans 110 pays sur tous les continents.

Voici notre traduction du discours que le pape a prononcé en italien.

Ordre franciscain séculier © Vatican Media

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Discours du pape François

Chers frères et sœurs de l’Ordre franciscain séculier, bonjour !

Je vous salue avec les mots que saint François adressait à ceux qu’il rencontrait en chemin : « Que le Seigneur vous donne la paix ! ». Je suis heureux de vous accueillir à l’occasion de votre chapitre général. Dans ce contexte, j’aimerais rappeler quelques éléments spécifiques de votre vocation et de votre mission. Votre vocation prend sa source dans l’appel universel à la sainteté. Le Catéchisme de l’Église catholique nous rappelle que « les laïcs participent au sacerdoce du Christ : de plus en plus unis à lui, ils déploient la grâce du Baptême et de la Confirmation dans toutes les dimensions de la vie personnelle, familiale, sociale et ecclésiale, et ils réalisent ainsi l’appel à la sainteté adressé à tous les baptisés » (n. 941).

Cette sainteté, à laquelle vous êtes appelés en tant que franciscains séculiers, comme vous appellent les Constitutions générales et la Règle approuvée par saint Paul VI, comporte la conversion du cœur, attiré, conquis et transformé par Celui qui est le seul Saint, qui est « le bien, tout bien, le souverain bien » (S. François, Louanges de Dieu). C’est ce qui fait de vous de vrais « pénitents ». Dans sa Lettre à tous les fidèles, saint François présente la « pénitence » comme un chemin de conversion, un chemin de vie chrétienne, un engagement pour faire la volonté et les œuvres du Père céleste. Dans son Testament, il décrit ensuite son propre parcours de conversion par ces paroles, que vous connaissez bien : « Voici comment le Seigneur me donna, à moi frère François, la grâce de commencer à faire pénitence. Au temps où j’étais encore dans les péchés, la vue des lépreux m’était insupportable. Mais le Seigneur lui-même me conduisit parmi eux ; je les soignais de tout mon cœur ; et au retour, ce qui m’avait semblé si amer s’était changé pour moi en douceur pour l’esprit et pour le corps. Ensuite j’attendis peu, et je dis adieu au monde. » (1-3).

Le chemin de la conversion est ainsi : c’est Dieu qui prend l’initiative : « le Seigneur me donna la grâce de commencer à faire pénitence ». Dieu conduit le pénitent dans des lieux où il n’aurait jamais voulu aller : « Dieu me conduisit parmi eux, les lépreux ». Le pénitent répond en acceptant de se mettre au service des autres et en usant de miséricorde envers eux. Et le résultat est le bonheur : « ce qui m’avait semblé si amer s’était changé pour moi en douceur pour l’esprit et pour le corps ». C’est exactement le chemin de conversion de François.

Ceci, chers frères et sœurs, est ce que je vous exhorte à réaliser dans votre vie et dans votre mission. Et, s’il vous plaît, ne confondons pas « faire pénitence » avec les « œuvres de pénitence ». Celles-ci – jeûne, aumône et mortification – sont des conséquences de la décision d’ouvrir son cœur à Dieu. Ouvrir son cœur à Dieu ! Ouvrir son cœur au Christ, en vivant parmi les gens ordinaires, selon le style de saint François. Comme François fut « le miroir du Christ », puissiez-vous vous aussi devenir « les miroirs du Christ ».

Vous êtes des hommes et des femmes engagés à vivre dans le monde selon le charisme franciscain. Un charisme qui consiste essentiellement à observer le saint Évangile de notre Seigneur Jésus-Christ. La vocation des franciscains séculiers et de vivre dans le monde l’Évangile selon le style du Poverello, sine glossa ; assumer l’Évangile comme « forme et règle » de vie. Je vous exhorte à embrasser l’Évangile comme si vous embrassiez Jésus. Que ce soit l’Évangile, c’est-à-dire Jésus lui-même, qui façonne votre vie. Vous assumerez ainsi la pauvreté, la minorité, la simplicité, comme étant vos signes distinctifs devant tous.

Avec votre identité franciscaine séculière, vous faites partie de l’Église en sortie. Votre lieu préféré est d’être au milieu des gens et là, en tant que laïcs – célibataires ou mariés -, prêtres et évêque, chacun selon sa vocation spécifique, rendez témoignage à Jésus par une vie simple, sans prétention, toujours heureux de suivre le Christ pauvre et crucifié, comme le firent saint François et tant d’hommes et de femmes de votre ordre. Je vous encourage, vous aussi, à sortir vers les périphéries, les périphéries existentielles d’aujourd’hui, et à y faire raisonner la parole de l’Évangile. N’oubliez pas les pauvres, qui sont la chair du Christ. Vous êtes appelés à leur annoncer la Bonne Nouvelle (cf. Lc 4, 18) comme le fit entre autres Sainte Élisabeth de Hongrie, votre patronne. Et de même qu’hier les « fraternités de pénitents » se caractérisaient en fondant des hôpitaux, des dispensaires, des cantines pour les pauvres et d’autres œuvres de charité sociale concrète, ainsi aujourd’hui l’Esprit vous envoie exercer la même charité avec la créativité exigée par les nouvelles formes de pauvreté.

Que votre sécularité soit pleine de proximité, de compassion, de tendresse. Et puissiez-vous être des hommes et des femmes d’espérance, engagés à la vivre et également à « l’organiser », en la traduisant dans les situations concrètes de tous les jours, dans les relations humaines, dans l’engagement social et politique ; en nourrissant l’espérance dans le lendemain et en soulageant la souffrance d’aujourd’hui.

Et tout cela, chers frères et sœurs, vous êtes appelés à le vivre en fraternité, en vous sentant partie intégrante de la grande famille franciscaine. En ce sens, je vous rappelle le désir de François que toute la famille reste unie, dans le respect certes des diversités et de l’autonomie des différentes composantes et également de chaque membre. Mais toujours dans une communion vitale réciproque, rêver ensemble d’un monde où tous seront et se sentiront frères, et en œuvrant ensemble pour le construire (cf. encyclique Fratelli tutti, 8) : des hommes et des femmes qui luttent pour la justice et qui travaillent pour une écologie intégrale, en collaborant à des projets missionnaires et en se faisant artisans de paix et témoins des Béatitudes.

Ainsi, nous avons commencé par le chemin de la conversion et puis toutes ces propositions de fécondité, qui viennent du cœur uni au Christ et amoureux de la pauvreté.

Que saint François et tous les saints et les saintes de la famille franciscaine vous accompagnent sur votre chemin.

Que le Seigneur vous bénisse et que Marie, « vierge faite Église », vous garde. Et s’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Merci.

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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