Deepavali © Wikimedia Commons

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Chrétiens et hindous : appel à « la solidarité interreligieuse »  (texte complet)

« Apporter ensemble la lumière aux personnes désespérées »

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« Apporter la lumière dans la vie des gens à travers la solidarité interreligieuse », tel est le souhait du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux exprimé dans un message annuel aux hindous à l’occasion de la fête de Deepavali, célébrée cette année le 4 novembre.

Publié par le Vatican en anglais, italien, français et aussi – pour la première fois – en hindi, le message est signé par le président du dicastère, le cardinal Miguel Ángel Ayuso Guixot (Espagne), et le secrétaire, Mgr Indunil Kodithuwakku Janakaratne Kankanamalage (Sri Lanka)

« Nous, chrétiens et hindous, pouvons apporter en ces temps difficiles une lumière d’espérance dans la vie des personnes », lit-on dans un message.

Deepavali signifie en effet « file de lampes à huile » et la fête s’enracine dans une mythologie de la victoire de la vérité sur le mensonge, de la lumière sur les ténèbres, de la vie sur la mort, du bien sur le mal.

Les célébrations durent trois jours, et marquent le début d’une nouvelle année, marqué par la réconciliation en famille, spécialement entre frères et soeurs, et l’adoration de Dieu.

Les représentants de deux religions ont « la capacité de témoigner » qu’ils peuvent « être ‘ensemble’ » et peuvent « surmonter ainsi chaque crise avec détermination et amour », affirme ce message annuel.

Il invite à témoigner de la « solidarité » pour soulager « des souffrances » et pour aider des « nécessiteux » dans cette période difficile de la pandémie.

Il s’adresse également « aux chefs religieux et communautaires » qui sont invités à « nourrir l’esprit de fraternité parmi leurs fidèles ».

Voici la traduction officielle en français du message aux hindous.

Chrétiens et hindous :

apporter ensemble la lumière aux personnes désespérées

Chers amis hindous,

Le Conseil Pontifical pour le Dialogue Interreligieux vous adresse ses plus cordiales salutations à l’occasion de la fête de Deepavali qui est célébrée cette année le 4 novembre. Bien que marquée par l’anxiété et l’incertitude de l’actuelle pandémie et des crises mondiales qui en résultent, que cette célébration illumine vos vies, vos foyers et vos communautés dans l’espérance d’un avenir meilleur !

Au-delà des plaies encore récentes causées par la première et la deuxième vague de la pandémie qui, d’une manière ou d’une autre, ont bouleversé la vie et les moyens de subsistance des personnes, chacun de nous, à des degrés divers, endure un sentiment de résignation, de désespoir et de découragement à chaque fois que des évènements dévastateurs se produisent à travers le monde, qu’ils soient causés par des facteurs allant du terrorisme à la dégradation écologique. De tels évènements, non seulement instillent la peur chez les personnes, mais viennent aussi s’ajouter à leur détresse et à leur désespoir. C’est dans ce contexte que nous souhaitons partager avec vous quelques réflexions – en accord avec notre chère tradition – sur la façon dont nous, chrétiens et hindous, pouvons apporter en ces temps difficiles une lumière d’espérance dans la vie des personnes.

Au milieu des nuages sombres de la pandémie actuelle qui pèsent sur les souffrances et les traumatismes incommensurables de la population, des lueurs d’espoir, de solidarité et de fraternité sont apparues. Nous avons la capacité de témoigner que nous pouvons être « ensemble » et que nous pouvons surmonter ainsi chaque crise avec détermination et amour, même ce qui semble apparemment impossible. La capacité de solidarité à l’œuvre dans le soulagement des souffrances et l’aide aux nécessiteux, plus encore si elle a un caractère et une implication interreligieuse, donne une visibilité à la lumière de l’espérance. Elle met en évidence la réponse que les adhérents de toutes les traditions religieuses sont appelés à apporter dans le découragement et les ténèbres.

Apporter la lumière dans la vie des gens à travers la solidarité interreligieuse contribue également à l’utilité et à la validité des traditions religieuses dans la société. Une prise de conscience croissante de la nécessité d’être ensemble et d’appartenir les uns aux autres dans la période actuelle de pandémie appelle à trouver, toujours davantage, des moyens d’apporter la lumière de l’espérance là où il y a la discorde et la division, la destruction et la dévastation, la privation et la déshumanisation. Ce n’est que par une plus grande conscience d’être dépendants les uns des autres, que nous sommes frères et sœurs les uns les autres (cfr. Pape François, Lettre encyclique Fratelli Tutti- Sur la fraternité et l’amitié sociale, 3 octobre 2020). C’est dans cette responsabilité partagée les uns pour les autres et pour la planète que nous habitons notre « maison commune » et que nous pouvons tenter de nous extraire de tous les désespoirs. Bien plus, dans l’interdépendance et dans la solidarité commune, nous sortons renforcés de chaque crise. Même les problèmes mondiaux urgents qui menacent de perturber l’harmonie entre la nature et les personnes ainsi que la coexistence harmonieuse – tels que le changement climatique, le fondamentalisme religieux, le terrorisme, l’hyper-nationalisme et la xénophobie – peuvent être traités efficacement, car ce sont des préoccupations qui nous concernent tous.

En temps de crise, si les traditions religieuses – en tant que dépositaires d’une sagesse séculaire – ont le pouvoir de réveiller les esprits, elles ont également la capacité d’aider les individus et les communautés à redéfinir la boussole de leur vie avec espérance, à voir par-delà le désespoir présent. Avant tout, celles-ci instruisent et invitent leurs adhérents à tendre la main, par tous les moyens en leur pouvoir, à ceux qui ressentent un sentiment d’accablement afin de leur donner de l’espérance.

Il incombe donc aux chefs religieux et communautaires de nourrir l’esprit de fraternité parmi leurs fidèles en vue de les aider à marcher et à travailler aux côtés des personnes d’autres traditions religieuses, plus particulièrement lors des crises et des calamités de toute sorte. La fraternité, selon le pape François, « est le véritable remède à la pandémie et aux nombreux maux qui nous ont frappés » (Discours aux membres du corps diplomatique accrédités près le Saint-Siège, 8 février 2021). Etre responsables les uns des autres interreligieusement est un moyen sûr de renforcer la solidarité et la fraternité entre nous, de porter secours et espérance aux affligés.

En tant que croyants ancrés dans nos traditions religieuses respectives et en tant que personnes partageant une vision et une responsabilité communes envers l’humanité, en particulier l’humanité souffrante, puissions-nous, chrétiens et hindous, aussi bien individuellement que collectivement, nous unir aux personnes d’autres traditions religieuses et de bonne volonté, tendre la main aux personnes désespérées pour apporter à tous la lumière de la vie !

À vous tous, une joyeuse fête de Deepavali !

Cardinal Miguel Ángel Ayuso Guixot, MCCJ, président

Rev. Mgr. Indunil Kodithuwakku Janakaratne Kankanamalage, secrétaire

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Marina Droujinina

Journalisme (Moscou & Bruxelles). Théologie (Bruxelles, IET).

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