Sandra Sabattini © apg23.org

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Sandra Sabattini, renversée par une voiture, à 22 ans, et aujourd’hui « bienheureuse »

« Dans le sillage du charisme de Don Oreste Benzi »

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« Aujourd’hui à Rimini la jeune Sandra Sabattini, étudiante en médecine, disparue à 22 ans dans un accident de voiture, est béatifiée. Fille joyeuse, animée d’une grande charité et d’une prière quotidienne, elle s’est consacrée avec enthousiasme au service des plus faibles dans le sillage du charisme du Serviteur de Dieu Don Oreste Benzi »: le pape a salué la béatification de la jeune italienne, après l’angélus de ce dimanche, 24 octobre 2021, Place Saint-Pierre, ainsi que la béatification de soeur Lucia Ripamonti. Il a demandé à la foule de les applaudir avec lui.

« Aujourd’hui, Journée missionnaire mondiale, nous regardons ces deux nouvelles bienheureuses comme des témoins qui ont proclamé l’Évangile par leur vie », a ajouté le pape.

Le Vatican a reconnu un miracle attribué à l’intercession de cette jeune laïque italienne Alessandra (Sandra) Sabattini (1961-1984), ouvrant la voie à sa béatification.

La guérison miraculeuse

Le miracle attribué à son intercession a été raconté par Stefano Vitali, premier secrétaire de Don Oreste Benzi (1925-2007), au moment de la maladie, indique en italien Sempre, le magazine de la Communauté Pape Jean XXIII.

Au printemps 2007, Stefano commence à perdre du poids de façon spectaculaire. Pendant un mois, il est soigné pour la maladie de Crohn à base de cortisone, mais sans succès. Il continue de souffrir et un jour, Alberto Ravaioli, chef du service d’oncologie, comprend que le problème en est peut-être un autre et lui conseille de procéder à des examens approfondis.

Au cours des examens, la masse tumorale dans l’intestin est découverte. Le 26 juillet 2007, Stefano est opéré de toute urgence : dans son corps, il y a 45 ganglions lymphatiques et les métastases partout.

Don Oreste Benzi demande de prier Sandra pour le rétablissement de Stefano Vitali.
Après la mi-août, Stefano reprend le travail de conseiller, même s’il ne se lève pas. Il doit aller à la mairie en fauteuil roulant, accompagné de son père. Le premier cycle de chimiothérapie commence, mais rien à faire, c’est un cancer grave. Les médecins donnent à Stefano de six à douze mois à vivre.

Don Benzi continue à prier pour la guérison et demande aux autres membres de la communauté de prier Sandra. La femme de Stefano propose d’invoquer Alberto Marvelli, un jeune ingénieur de Rimini déjà bienheureux, mais Don Benzi est catégorique : « Nous devons prier Sandra Sabattini. »

En octobre, Stefano passe les examens nécessaires et reçoit un appel du chef du service d’oncologie : « Tous les tests sont négatifs. Ne me demande pas pourquoi, je ne sais pas », lui dit Alberto Ravaioli. La tumeur avait disparu.

La vie de Sandra

 à Riccione, le 19 août 1961, d’une famille très catholique – son oncle Giuseppe est prêtre, Alessandra montre déjà à 12 ans une sensibilité marquée pour les moins fortunés. À cet âge, elle fait connaissance de don Benzi et commence à le suivre dans la réhabilitation des toxicomanes et dans le soin des autres personnes marginalisées.

De son « argent de poche », donné par des parents, Alessandra ne laisse presque rien pour elle-même, mais donne aux œuvres communautaires. Pendant l’été, elle ne part pas en vacances, mais travaille avec les enfants des communautés thérapeutiques. Elle est également dédiée aux personnes handicapées.
Dès l’âge de dix ans, elle écrit un journal spirituel qui révèle sa maturité intérieure et son obéissance à Dieu : « La vie sans Dieu est un passe-temps ennuyeux à jouer en attendant la mort », écrit-elle.

En devenant adulte, Alessandra fréquente un jeune homme, s’inscrit en médecine et rêve d’effectuer des missions médicales en Afrique. « Aujourd’hui, dit-elle, il y a une inflation de bons chrétiens, alors que le monde a besoin de saints. »

La vie d’Alessandra Sabattini se termine subitement à 22 ans le matin du 29 avril 1984 : en traversant la route pour aller à une réunion de la « Communauté Pape Jean XXIII » à Bellaria, elle est renversée par une voiture. Elle meurt trois jours plus tard, le 2 mai, à l’hôpital de Bellaria à Bologne.

Les écrits de Sandra

L’agence missionnaire vaticane Fides rend aussi hommage à la jeune Sandra Sabattini, « béatifiée lors de la Journée Mondiale des Missions » et cite les écrits de la jeune fille.

Fille spirituelle de Don Oreste Benzi, Sandra (1961-1984) a respiré la foi dès son plus jeune âge, alors qu’elle vivait avec sa famille dans le presbytère de son oncle à Rimini. Enfant, elle gardait toujours un chapelet sur elle. Sa grand-mère raconte que la nuit, elle trouvait sa petite-fille endormie dans son lit, le chapelet à la main. Jeune fille, elle se levait tôt le matin pour se retrouver seule en méditation, dans l’obscurité, devant le Saint Sacrement, avant que les autres ne viennent à l’église. À 14 ans, elle participe à un séjour à la Communauté du Pape Jean XXIII dans les Dolomites avec des personnes gravement handicapées, dont elle revient avec des idées claires : « Nous nous sommes cassés les os, mais ce sont des gens que je n’abandonnerai jamais ».

Le secret de Sandra était précisément celui-ci : elle avait une profonde amitié avec le Seigneur. Une relation intense qui n’a été révélée qu’après sa mort, lorsque ses écrits – qu’elle notait sur des bouts de papier, des cartes postales, dans ses journaux scolaires – ont été rassemblés, aujourd’hui réunis dans le livre « Le journal de Sandra ».

À l’âge de 16 ans, elle écrit : « Seigneur, tu m’as fait un grand cadeau : celui de sentir que je donne ma vie aux plus pauvres. Je t’en remercie, car même si je n’en ai pas encore fait usage, tu as mis en moi ce grand don. J’espère pouvoir la faire fructifier et j’espère pouvoir comprendre comment. On pourrait penser à une jeune-fille qui, comme tant de jeunes, a soif de justice, mais à la même page de son journal, Sandra explique : « Maintenant, il ne s’agit plus que d’une chose : choisir. Dire : oui, Seigneur, je choisis les plus pauvres, maintenant c’est trop facile, cela ne sert à rien si ensuite tout reste comme avant. Non, maintenant je dis : je te choisis et c’est tout. » Un don de sagesse inhabituel pour une si jeune fille.

Au cours de l’été 1982, elle a commencé à faire du bénévolat dans une communauté thérapeutique pour toxicomanes. Au début des années 1980, le problème de la drogue apparaît partout dans toute son ampleur dramatique. L’association de Don Benzi avait récemment ouvert des communautés pour répondre aux besoins de nombreux jeunes. Sandra avait un grand sens de la justice. « Si j’aime vraiment, comment puis-je supporter qu’un tiers de l’humanité meure de faim ? – écrit-elle dans son journal – alors que je préserve ma sécurité ou ma stabilité économique ? Je serais un bon chrétien mais pas un saint. Aujourd’hui, il y a une inflation de bons chrétiens alors que le monde a besoin de saints ! »

Sur la dernière page de son journal, deux jours avant l’accident, Sandra a laissé son testament spirituel : « Cette vie qui évolue au rythme d’une respiration régulière qui n’est pas la mienne, égayée par un jour serein qui n’est pas le mien, n’est pas la mienne. Il n’y a rien dans ce monde qui soit à toi. Sandra, rends-toi compte ! Il s’agit d’un cadeau que le « donateur » peut utiliser quand et comme il le souhaite. Prenez soin du cadeau qui vous a été offert, rendez-le plus beau et plus complet pour le moment venu. »

Avec Marina Droujinina

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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