« L’invitation à la fraternité que Notre Seigneur lance à la ville et à tout le pays » est symbolisé par le Christ du « Corcovado » à Rio de Janeiro, souligne le cardinal secrétaire d’Etat Pietro Parolin, dans ce message adressé, au nom du pape François, à l’archevêque de Rio de Janeiro (Brésil), le cardinal Orani João Tempesta, et publié en portugais par le Vatican, ce 13 octobre 2021.
Le pape invite à la fraternité dans toute la ville et au Brésil: « Sa Sainteté souhaite que se renouvelle en ce jour l’engagement de s’accueillir les uns les autres, certain que c’est avant tout le Christ qui les accueille tous : il habite la ville et les invite à se rapprocher de lui, car, étant proches de Lui, seront proches les uns des autres. »
L’inauguration de 1931
C’est en effet le 12 octobre 1931 que la statue colossale du Christ a été inaugurée, mais, rappelle Radio Vatican (Maria Milvia Morciano), « l’idée avait germé plus tôt lorsque, au milieu du XIXe siècle, le père Pedro Maria Bos avait demandé à la princesse Isabella de construire un grand monument religieux. En 1889, le Brésil est devenu une république, avec une division naissante entre l’État et l’Église: il semblait que la proposition était destinée à tomber dans l’oubli en raison de l’évolution des événements historiques ».
En 1921, l’archidiocèse de Rio de Janeiro, alors capitale du Brésil, proposa à nouveau le projet, également sur la base d’une pétition de 20 000 femmes brésiliennes. La «semaine des monuments» a été organisée pour réunir les fonds nécessaires, qui provenaient principalement des catholiques brésiliens.
La même source rappelle que le pic Corcovado, haut de 710 m, est situé dans le parc national de Tijuca.
Le Roumain, le Brésilien, le Franco-polonais et le Florentin
Le visage du Christ, œuvre du Roumain Gheorghe Leonida, et les mains conservent toute la douceur de la sculpture, malgré leur taille considérable: la statue, y compris le piédestal, mesure 38 m; des pieds à la tête 30 m; la tête a une hauteur de 3,75 m et les mains une longueur de 3,20 m. Il pèse 1 100 tonnes.
L’ingénieur brésilien Heitor da Silva Costa, chargé des travaux, a imaginé le Rédempteur, placé si haut, émergeant d’abord des ténèbres de la nuit, salué par l’étoile du matin et illuminé par le coucher du soleil qui formerait un halo de lumière autour de sa tête.
Costa écrit: «Nous avons l’habitude d’utiliser le ciment pour les travaux d’ingénierie, les piliers et les colonnes, mais j’ai pu démontrer qu’il peut également être utilisé dans l’art, même si cela reste inhabituel. Je suis convaincu que c’est le matériau de l’avenir.»
Cependant, le rendu du béton pour les surfaces était décevant d’un point de vue esthétique. Lors d’un voyage à Paris, où l’ingénieur a vu une fontaine, il a eu l’idée de recouvrir toute la surface de la statue d’une mosaïque. Il a choisi la pierre ollaire, qui est courante au Brésil et très résistante.
Le dessin sur lequel le sculpteur franco-polonais Paul Landowski a travaillé est dû à l’artiste florentin Carlos Oswald, tous deux représentants du mouvement Art déco.
Paul Landowski a modelé la statue en plusieurs morceaux d’argile grandeur nature, qui ont ensuite été transportés par mer jusqu’au Brésil, où ils ont été reproduits en béton.
Dix ans de travaux
Les travaux ont commencé en 1926 et se sont achevés en 1931. Aucun travailleur n’a perdu la vie malgré les conditions difficiles à de telles altitudes.
Sur le socle du Rédempteur, on peut lire une plaque commémorative placée là en 1974 par la communauté italienne. Elle rappelle le jour mémorable du 12 octobre 1931, lorsque Guglielmo Marconi, depuis son bureau à Rome, a donné le signal radio pour allumer la statue du Rédempteur à travers la station radiotélégraphique de Coltano, dans la province de Pise.
Le Christ Rédempteur du Corcovado (Rio de Janeiro, Brésil) © Vatican News
Voici notre traduction, rapide, de travail, de ce message publié en portugais.
Message à l’archevêque de Rio
« Très Éminent et Très Révérend
Mgr ORANI JOÃO TEMPESTA O.Cist.
Cardinal Archevêque de S. Sebastião de Rio de Janeiro
Sa Sainteté partage les sentiments de joie et se joint à l’action de grâce que les habitants de Rio de Janeiro adressent au Christ Rédempteur, à l’occasion du 90e anniversaire de l’inauguration de sa statue au sommet du Corcovado. Cette image, les bras tendus dans un appel incessant à la réconciliation, dépeint l’invitation à la fraternité que Notre Seigneur lance à la ville et à tout le pays pour former une communauté où personne ne se sent seul, indésirable, rejeté, ignoré ou oublié et où tous lutter pour un monde plus juste, plus solidaire et plus heureux.
Au passage, le Saint-Père rappelle que, quel que soit son niveau d’éducation ou sa richesse, chacun a quelque chose à faire pour contribuer à la construction de la fraternité humaine : nul ne doit rester « les bras croisés », mais plutôt ouvrir les bras à tous, comme fait le Rédempteur. Pour y parvenir, un dialogue constructif est fondamental, car « entre l’indifférence égoïste et la contestation violente, il y a une option qui est toujours possible : le dialogue. Dialogue entre les générations, dialogue entre les peuples, parce que nous sommes tous des personnes » (Enc. Lettre Fratelli tutti, 199).
A cette fin, Sa Sainteté souhaite que se renouvelle en ce jour l’engagement de s’accueillir les uns les autres, certain que c’est avant tout le Christ qui les accueille tous : il habite la ville et les invite à se rapprocher de lui, car, étant proches de Lui, seront proches les uns des autres.
En leur demandant de continuer à prier pour lui, le Pape François, en gage de grâces célestes et en signe de participation à la fête susmentionnée, adresse à la ville de Rio de Janeiro, en l’étendant d’une manière particulière à ceux qui prennent part à la messe commémorative du 12 octobre, la bénédiction apostolique au nom du Christ Rédempteur et par l’intercession de la Mère du peuple brésilien, Nossa Senhora Aparecida.
Cardinal Pietro Parolin Secrétaire d’État auprès de Sa Sainteté».
