« Les Eglises dans l’épreuve » et le « Christ vivant et glorieux »: le p. Paul Béré, sj (Burkina Faso) a ainsi offert une méditation sur l’Apocalypse de saint Jean lors de la session introductive au synode sur la synodalité, samedi 9 octobre 2021.
AB
Méditation du p. Paul Béré, sj (Burkina Faso)
1. Les sept Églises du monde sont ici représentées, aujourd’hui comme hier, pour être mises en route jusqu’aux confins de la terre, jusque dans les îles les plus lointaines de la famille humaine. À la suite de Jean et à son exemple, nous sommes invités à écouter ce que dit l’Esprit Saint à travers nos sœurs et frères, compagnons dans l’épreuve, la dignité et la persévérance. Ce n’est pas de lui-même que Jean a parlé. Il a transmis ce qu’il a entendu ; ce qui lui a été révélé dans la vision, par cette voix mystérieuse, puissante comme une trompette. C’est la voix de l’Esprit Saint.
2. Cette voix de l’Esprit peut être comme une brise légère qui susurre aux oreilles du cœur qui écoute (cf. 1 R 3,9 ; 19,12). Elle peut aussi être comme une trompette qui domine le vacarme des voix du monde. Ces rumeurs qui veulent nous empêcher de nous retourner vers le Christ. Ces tapages qui nous empêchent d’entendre le hurlement des humanités déchirées. Mais la voix de l’Esprit a titillé la curiosité de Jean pour capter son regard. Il s’est retourné. Qu’a-t-il donc vu ?
3. Il voit les Églises dans l’épreuve, symbolisées par les sept chandeliers. Au milieu d’elles, comme un « fils d’homme ». C’est Jésus Vivant et Glorieux. Ce n’est plus Jésus en croix, dont la tête était couronnée d’épines et les cheveux maculés de sang. Car ici, la tête et les cheveux sont blancs comme la laine, blanche comme la neige. Sur la croix, ses yeux étaient éteints. Cette fois, ils sont comme une flamme ardente. Sur la croix, ses pieds et ses mains étaient immobilisés par les clous des bourreaux. Ici, ses pieds brillent comme du bronze précieux et dans ses mains étincellent des étoiles. Son visage jadis livide, ici resplendit comme le soleil. Il est source de lumière. Son corps alors tout nu et humilié sur la croix, Jean le voit à présent vêtu d’une longue robe assortie d’une ceinture d’or. Quel contraste. Au cœur de la souffrance et de l’épreuve, l’Esprit Saint nous révèle le visage glorieux et triomphant du Christ.
4. Ce tableau magnifique du Christ Vivant et glorieux, qui re-dessine l’image de Jésus au calvaire, ouvre le chemin synodal sur lequel s’engage toute l’Église. Aujourd’hui comme hier, d’autres disciples à l’exemple de Jean parleront du sein de chacune de nos communautés, mus par le même Esprit Saint. Ces voix nous révèleront le Christ présent au milieu de nous et sa volonté sur nous. En contemplant son visage
et rassurés par sa présence, nous serons source de vie et d’espérance pour les membres de la famille humaine qui sont essoufflés, brisés, épuisés et souvent écrasés et emmurés dans leur cri silencieux.
5. Celui qui se dresse ainsi majestueusement sous nos regards, c’est Lui notre Pasteur. C’est Lui le Premier, car il nous guide sur le chemin. C’est Lui le Dernier, car il nous protège contre les forces de l’Hadès. « Ne craignez pas ! », nous dit-il. Ne craignons pas.
6. Ouvre nos yeux Seigneur, que toute ton Église te voie marchant devant elle et te suive. Que te sentant derrière elle, elle avance confiante, sûre que tu veilles sur elle. Ouvre nos oreilles, que nous t’écoutions nous parler à travers les sœurs et frères. Sans crainte de la langue à double tranchant. Sans impatience face à celle qui balbutie. Ouvre nos cœurs et nous t’écouterons.
