Le rapport sur les abus commis par les membres du clergé en France depuis 1950 « constituera une épreuve de vérité pour tout le corps ecclésial », a affirmé l’archevêque de Marseille, Mgr Jean-Marc Aveline, dans une lettre aux catholiques de son diocèse publiée le 24 septembre 2021, avant la publication du Rapport même, indique Vatican News.
Il appelle « tout le Peuple de Dieu » de prendre « conscience de ce qui nous est arrivé » et de s’engager « à tout faire pour que cela ne se reproduise plus ».
Mgr Aveline invite à aborder cette période difficile avec la volonté « de regarder la vérité en face ». « Ces crimes, écrit-il, ne nous laissent pas indemnes et jettent un voile de honte sur notre famille. C’est vrai, les péchés de quelques-uns sont retombés sur nous tous. »
Dans sa lettre l’archevêque explique que lui-même a « été profondément atteint par le récit des personnes » qu’il avait « reçues et écoutées ». « Comment ne pas l’être, s’exclame-t-il, quand on prend conscience de ces abus qui ne sont pas tous sexuels, mais qui commencent dès que des personnes ayant autorité, qui plus est une autorité religieuse, manipulent et asservissent des consciences, des corps et des âmes? »
Afin de faire face à ses témoignages accablants, Mgr Aveline invite d’abord « à se taire et écouter ». « Être sidéré. Ressentir le dégoût, la violence, l’immense détresse qui monte de ces vies abîmées ou détruites par ceux-là mêmes qui étaient chargés d’en prendre soin. »
Mgr Aveline rappelle la création d’une Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (Ciase, novembre 2018) et résume son travail qui consistait à recueillir les témoignages, à tenter de comprendre comment de tels drames ont pu se produire, à dresser le bilan de l’action de l’Église contre la pédocriminalité et à faire des recommandations pour l’avenir. Il explique également quel travail a été fait au niveau national avec la création d’un tribunal pénal canonique national et avec la mise en place de mesures de prévention.
L’archevêque de Marseille souligne que dans les cas des abus « on ne peut s’en tirer à bon compte en rejetant simplement la faute sur les auteurs de crimes, comme si le corps entier ne devait lutter contre ce mal qui peut prendre bien des formes avant de devenir criminel ».
Il invite tout le monde à lutter contre ces crimes « en détectant les complicités et les engrenages qui conduisent au mépris de la vie des autres, surtout des plus vulnérables ». Il invite à « lutter en veillant à la formation préventive de tous ceux qui travaillent avec des jeunes et des enfants. Lutter en prenant sa part du travail de reconstruction humaine de ceux qui ont été victimes de tels actes et dont la douleur, même si elle fut longtemps enfouie, ne sera jamais prescrite. Lutter en continuant de croire en la bonté originelle de l’être humain, une bonté que le péché peut défigurer, mais qu’il ne peut pas entièrement détruire. Lutter en refusant la vindicte contre les coupables, lui préférant la justice et l’espoir d’un pardon que seules les victimes peuvent accorder ».
En concluant sa lettre, l’archevêque de Marseille cite les paroles du cardinal jésuite Henri de Lubac sur « le paradoxe et le mystère de l’Église », soulignant que c’est une « Église trop sale pour être idolâtrée et cependant plus vraie dans l’aveu de son péché ».