Pacte éducatif mondial © Vatican Media

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Un « Pacte éducatif mondial » pour « faire grandir la fraternité universelle » (traduction complète)

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«Religions et éducation», rencontre au Vatican

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« Stimuler une action éducative renouvelée » pour « faire grandir dans le monde la fraternité universelle », avec « la sagesse et l’humanité » des traditions religieuses », tel est l’objectif du « Pacte éducatif mondial », a rappelé le pape François aux représentants des religions qui participaient à la rencontre intitulée « Religions et éducation » au Vatican, ce mardi 5 octobre 2021.

En rassemblant des responsables religieux dans la Salle Clémentine du Palais apostolique du Vatican, en la Journée mondiale des enseignants promue par l’Unesco, le pape souhaitait avec eux « manifester notre proximité et notre gratitude à tous les enseignants et, en même temps, notre attention pour l’éducation ».

L’éducation dont les nouvelles générations ont besoin requiert « une formation intégrale », que le pape a décliné selon quatre dimensions : « connaissance de soi, de son frère, de la création et du Transcendant ». « Nous ne pouvons taire aux nouvelles générations les vérités qui donnent un sens à la vie », a-t-il souligné, s’engageant au nom de tous à « éduquer chaque personne dans son intégralité, c’est-à-dire la tête, les mains, le cœur et l’âme ».

Les cinq principaux objectifs sont:

– placer la personne au centre de tout processus éducatif,

– écouter et respecter les étudiants, en valorisant avant tout la dignité des femmes,

– éduquer l’étudiant de manière globale, non seulement en lui communiquant des informations mais aussi en nourrissant sa curiosité,

– éduquer pour qu’ils accueillent particulièrement les plus vulnérables et les marginalisés,

– enseigner des modes de vie plus respectueux de l’environnement.

Voici notre traduction du discours du pape François, prononcé en italien.

Allocution du pape François

Chers frères et sœurs,

Je suis heureux de vous accueillir en cette occasion importante pour promouvoir un Pacte éducatif mondial. Aujourd’hui, Journée mondiale des Enseignants instituée par l’Unesco, nous voulons, en tant que représentants des religions, manifester notre proximité et notre gratitude à tous les enseignants et, en même temps, notre attention pour l’éducation.

Il y a deux ans, le 12 septembre 2019, j’ai lancé un appel à tous ceux qui, à différents titres, œuvrent dans le domaine de l’éducation, afin de « dialoguer sur la façon dont nous construisons l’avenir de la planète et sur la nécessité d’investir les talents de chacun, parce que chaque changement nécessite un chemin éducatif pour faire mûrir une nouvelle solidarité universelle et une société plus accueillante » (Message pour le lancement du Pacte éducatif).

A cette fin, j’ai encouragé l’initiative d’un Pacte éducatif mondial, « pour raviver l’engagement pour et avec les nouvelles générations, renouvelant la passion pour une éducation plus ouverte et inclusive, capable d’écoute patiente, de dialogue constructif et de compréhension mutuelle », nous invitant tous à « unir nos efforts dans une vaste alliance éducative pour former des personnes mures, capables de dépasser les fragmentations et les oppositions et recoudre le tissu de relations pour une humanité plus fraternelle ».

Si nous voulons un monde plus fraternel, nous devons éduquer les nouvelles générations à « reconnaître, apprécier et aimer chaque personne indépendamment de la proximité physique, quel que soit le lieu du monde où elle est née et où elle habite » (encyclique Fratelli tutti, 1). Le principe fondamental du « connais-toi toi-même a toujours orienté l’éducation, mais il est nécessaire de ne pas négliger d’autres principes essentiels : « connais ton frère », afin d’éduquer à l’accueil de l’autre (cf. Fratelli tutti Document sur la fraternité humaine, Abou Dhabi, 4 février 2019), « connais la création » afin d’éduquer au soin de la maison commune (cf. Laudato si’) et « connais le Transcendant » afin d’éduquer au grand mystère de la vie. Ce qui nous tient à cœur, c’est une formation intégrale qui se résume dans la connaissance de soi, de son frère, de la création et du Transcendant. Nous ne pouvons taire aux nouvelles générations les vérités qui donnent un sens à la vie.

Les religions ont toujours entretenu une relation étroite avec l’éducation, accompagnant les activités religieuses d’activités éducatives, scolaires et académiques. Comme par le passé, aujourd’hui aussi nous voulons, avec la sagesse et l’humanité de nos traditions religieuses, stimuler une action éducative renouvelée qui puisse faire grandir dans le monde la fraternité universelle.

Si, dans le passé, les différences nous ont opposés, aujourd’hui, nous voyons en elles la richesse de voies différentes pour arriver à Dieu et pour éduquer les nouvelles générations à une cohabitation pacifique dans le respect mutuel. C’est pourquoi l’éducation nous engage à ne jamais utiliser le nom de Dieu pour justifier la violence et la haine envers d’autres traditions religieuses, à condamner toute forme de fanatisme et de fondamentalisme et à défendre le droit de chacun à choisir et agir selon sa conscience.

Si, dans le passé, y compris au nom de la religion, les minorités ethniques, culturelles, politiques et autres ont été discriminées, aujourd’hui nous voulons être les défenseurs de l’identité et de la dignité de chaque personne et apprendre aux nouvelles générations à accueillir tout le monde sans discriminations. C’est pourquoi l’éducation nous engage à accueillir l’autre tel qu’il est, et non comme je veux qu’il soit, tel qu’il est, sans juger ni condamner personne.

Si dans le passé, les droits des femmes, des mineurs et des plus faibles n’ont pas toujours été respectés, aujourd’hui nous nous engageons à défendre fermement ces droits et à apprendre aux nouvelles générations à être la voix des sans-voix. C’est pourquoi l’éducation nous pousse à rejeter et à dénoncer toute atteinte à l’intégrité physique et morale de chaque individu. Et l’éducation doit nous amener à comprendre que l’homme et la femme sont égaux en dignité : il n’y aura pas de discriminations.

Si dans le passé, nous avons toléré l’exploitation et le pillage de notre maison commune, aujourd’hui, plus conscients de notre rôle de gardiens de la création qui nous a été confiée par Dieu, nous voulons être la voix de la nature qui crie pour sa survie et nous former, ainsi que les nouvelles générations, à un style de vie plus sobre et plus durable sur le plan environnemental. Hier, j’ai été frappé par le témoignage de l’un des scientifiques qui a pris la parole lors de notre rencontre, déclarant : « Ma petite-fille qui vient de naître, devra vivre dans un monde inhabitable dans 50 ans, si les choses continuent ainsi ». Par conséquent, l’éducation nous engage à aimer la terre, notre mère, à éviter le gaspillage de la nourriture et des ressources, et à partager davantage les biens que Dieu nous a donnés pour la vie de tous. Il me vient à l’esprit ce que disait un sage, non catholique : « Dieu pardonne toujours. Nous pardonnons parfois, mais pas toujours. La nature ne pardonne jamais ».

Aujourd’hui, nous voulons déclarer que nos traditions religieuses, qui ont toujours joué un rôle majeur dans l’alphabétisation jusqu’à l’enseignement supérieur, renforcent leur mission d’éduquer chaque personne dans son intégralité, c’est-à-dire la tête, les mains, le cœur et l’âme. Que l’on pense ce que l’on ressent et ce que l’on fait ; que l’on ressente ce que l’on pense et ce que l’on fait ; que l’on fasse ce que l’on ressent et ce que l’on pense. L’harmonie de l’intégrité humaine, c’est-à-dire toute la beauté de cette harmonie.

Chers frères et sœurs, je vous remercie pour votre participation et je remercie également toutes les personnes qui, à cause de la pandémie, n’ont pas pu être présentes ici aujourd’hui. Et maintenant, je vous invite à un bref moment de silence pour demander à Dieu d’éclairer notre esprit, afin que notre dialogue soit fructueux et puisse nous aider à suivre courageusement les chemins de nouveaux horizons éducatifs.

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

 

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Hélène Ginabat

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