Visite à Assise, signature de Fratelli tutti, 3 octobre 2020 © Vatican Media

Visite à Assise, signature de Fratelli tutti, 3 octobre 2020 © Vatican Media

« L’économie de François »: « Vous êtes peut-être la dernière génération qui puisse nous sauver, je n’exagère pas » (traduction complète)

La mission de « donner une nouvelle âme à l’économie »

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« Vous êtes peut-être la dernière génération qui puisse nous sauver, je n’exagère pas »: le pape François confie à nouveaux aux jeunes la mission de « donner une nouvelle âme à l’économie ».

Le pape a en effet adressé un message vidéo aux quelque 200 jeunes qui participaient au deuxième événement mondial de « L’économie de François » (EoF), qui se déroule ce samedi 2 octobre 2021 en direct depuis le Palais Monte Frumentario d’Assise (Italie), sous l’égide de saint François.

Plus de 40 villes à travers le monde – dont Shanghai, Bogota, Nairobi, Washington –  accueillent l’événement « EoF » en même temps. Des initiatives qui ont culminé dans la réunion mondiale en ligne avec la ville de Saint-François sur la chaîne YouTube de « l’Economie de François » à 13h30 avec la diffusion du message du pape François.

Le pape appelle de ses voeux une « nouvelle génération d’économistes »: « Notre époque, en raison de l’importance et de l’urgence de l’économie, a besoin d’une nouvelle génération d’économistes qui vivent l’Évangile au sein des entreprises, des écoles, des usines, des banques, des marchés. »

Il s’agit de « réparer » et « d’inventer »: « J’espère que vous pourrez utiliser vos dons pour réparer les erreurs du passé et nous orienter vers une nouvelle économie plus solidaire, durable et inclusive. »

Une des façons de renouveler l’économie c’est de repartir de la « fraternité »: « A vous, jeunes, je renouvelle la tâche de remettre la fraternité au centre de l’économie. »

C’est en effet à Assise, auprès du tombeau de saint François, que le pape était venu signer son encyclique « Fratelli tutti ».

« Ne vous découragez pas, exhorte le pape : laissez-vous guider par l’amour de l’Evangile, qui est le moteur de tout changement et nous pousse à entrer dans les plaies de l’histoire et à ressusciter. »

Le pape insiste sur la responsabilité de chacun envers les autres et envers la planète.

Voici notre traduction, rapide, de travail, des paroles prononcées par le pape François en italien.

AB

Economie de François © capture / Vatican Media

Economie de François © capture / Vatican Media

Message vidéo du pape François

Chers jeunes,

Je vous salue avec affection, heureux de vous rencontrer – quoique virtuellement – lors de votre deuxième événement. Ces derniers mois, j’ai reçu beaucoup de nouvelles des expériences et des initiatives que vous avez construites ensemble et je tiens à vous remercier pour l’enthousiasme avec lequel vous menez cette mission de donner une nouvelle âme à l’économie.

La pandémie de Covid-19 ne nous a pas seulement révélé les profondes inégalités qui infectent nos sociétés : elle les a aussi amplifiées. A partir de l’émergence d’un virus issu du monde animal, nos communautés ont souffert de la forte augmentation du chômage, de la pauvreté, des inégalités, de la faim et de l’exclusion des soins de santé nécessaires. N’oublions pas qu’un petit nombre a profité de la pandémie pour s’enrichir et s’enfermer sur leur  réalité. Toutes ces souffrances retombent de manière disproportionnée sur nos frères et sœurs les plus pauvres.

Au cours de ces deux années, maintenant, nous avons été confrontés à tous nos échecs dans le soin de la maison commune et de la famille commune. On oublie souvent l’importance de la coopération humaine et de la solidarité mondiale ; nous oublions aussi souvent l’existence d’une relation de réciprocité responsable entre nous et la nature. La Terre nous précède et nous a été donnée, et c’est un élément clé de notre relation avec les biens de la Terre et donc une prémisse fondamentale pour nos systèmes économiques.

Nous sommes des intendants des biens, pas des propriétaires. Malgré cela, l’économie malade qui tue naît du postulat que nous sommes les propriétaires de la création, capables de l’exploiter pour nos intérêts et notre croissance. La pandémie nous a rappelé ce lien profond de réciprocité ; il nous rappelle que nous avons été appelés à sauvegarder les biens que la création offre à tous ; nous rappelle notre devoir de travailler et de distribuer ces biens afin que personne ne soit exclu. Enfin, il nous rappelle aussi que, plongés dans une mer commune, nous devons accueillir l’exigence d’une nouvelle fraternité. C’est un temps favorable pour sentir à nouveau que nous avons besoin les uns des autres, que nous avons une responsabilité les uns envers les autres et envers le monde.

La qualité du développement des peuples et de la Terre dépend avant tout des biens communs. C’est pourquoi nous devons chercher de nouvelles façons de régénérer l’économie dans l’ère post-Covid-19 afin qu’elle soit plus juste, plus durable et plus solidaire, c’est-à-dire plus commune. Nous avons besoin de processus plus circulaires, pour produire et ne pas gaspiller les ressources de notre Terre, de moyens plus équitables de vendre et de distribuer les biens et de comportements plus responsables lorsque nous consommons.

On a aussi besoin d’un nouveau paradigme intégral, capable de former les nouvelles générations d’économistes et d’entrepreneurs, tout en respectant notre interconnexion avec la Terre. Vous, dans « l’Economie de François » comme dans beaucoup d’autres groupes de jeunes, vous travaillez dans le même but. Vous pouvez offrir ce regard nouveau et cet exemple d’une nouvelle économie.

Aujourd’hui, notre mère la Terre gémit et nous avertit que nous approchons de seuils dangereux. Vous êtes peut-être la dernière génération qui puisse nous sauver, je n’exagère pas. À la lumière de cette urgence, votre créativité et votre résilience portent une grande responsabilité. J’espère que vous pourrez utiliser vos dons pour réparer les erreurs du passé et nous orienter vers une nouvelle économie plus solidaire, durable et inclusive.

Mais cette mission de l’économie comprend la régénération de tous nos systèmes sociaux : en instillant les valeurs de fraternité, de solidarité, de souci de notre Terre et des biens communs dans toutes nos structures, nous pourrons faire face aux plus grands défis de notre temps, de la faim et de la malnutrition à la distribution équitable des vaccins anti-Covid-19. Nous devons travailler ensemble et rêver grand. Le regard fixé sur Jésus, nous trouverons l’inspiration pour concevoir un nouveau monde et le courage de marcher ensemble vers un avenir meilleur.
A vous, jeunes, je renouvelle la tâche de remettre la fraternité au centre de l’économie. Jamais comme à cette époque nous n’avons ressenti le besoin de jeunes qui sachent, par l’étude et la pratique, démontrer qu’il existe une économie différente. Ne vous découragez pas : laissez-vous guider par l’amour de l’Evangile, qui est le moteur de tout changement et nous pousse à entrer dans les plaies de l’histoire et à ressusciter. Laissez-vous lancer avec créativité dans la construction des temps nouveaux, sensibles à la voix des pauvres et engagez-vous à les inclure dans la construction de notre avenir commun.

Notre époque, en raison de l’importance et de l’urgence de l’économie, a besoin d’une nouvelle génération d’économistes qui vivent l’Évangile au sein des entreprises, des écoles, des usines, des banques, des marchés. Suivez le témoignage de ces nouveaux marchands que Jésus ne chasse pas du Temple, car vous êtes ses amis et les alliés de son Royaume.

Chers jeunes, faites ressortir vos idées, vos rêves et à travers eux vous apportez au monde, à l’Église et aux autres jeunes la prophétie et la beauté dont vous êtes capables. Vous n’êtes pas le futur, vous êtes le présent. Un autre cadeau. Le monde a besoin de votre courage maintenant. Merci!

© Traduction de Zenit, Anita Bourdin

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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