Audrey Azoulay, directrice générale de l'UNESCO © Vatican Media

Audrey Azoulay, directrice générale de l'UNESCO © Vatican Media

UNESCO : les anniversaires de Copernic, Nerses, Mendel et… Thérèse de Lisieux

Le dialogue des cultures, de la science et de la foi

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« Culture, foi et sciences, aujourd’hui, le Conseil Exécutif de l’UNESCO a recommandé que, parmi 60 personnalités, l’0rganisation s’associe à 4 anniversaires de personnalités catholiques : Copernic (Pologne), Nerses (Arménie), Mendel (Tchéquie) et Thérèse de Lisieux (France) »: par ce tweet, l’Observateur permanent du Saint-Siège à l’UNESCO, à Paris (France), Mgr Francesco Follo, annonce, ce 16 avril 2021, un choix qui marque le dialogue de la culture, des sciences et de la foi au plus haut niveau international. Une foi qui est source de culture, de science et d’éducation, et d’éducation à la paix et à la fraternité.

La liste des propositions des Etats membres relatives à la célébration des anniversaires auxquels l’UNESCO pourrait être associée en 2022-2023, a été présentée par la Directrice générale, Mme Audrey Azoulay, au Conseil exécutif, soit une liste de 60 personnalités de 47 Etats. Le Conseil exécutif de l’UNESCO a recommandé ces quatre personnalités, ce 16 avril, et la validation finale est prévue en novembre 2021, pendant la Conférence générale de l’UNESCO.

En retenant des anniversaires marquants, l’UNESCO entend en effet honorer la mémoire de personnes qui ont œuvré dans les domaines de la paix, de l’éducation, des sciences, des sciences sociales, et de la communication.

Deux poids lourds de la science moderne

Ce sera, en 2023, le 550e anniversaire de la naissance de Nicolas Copernic, astronome (1473-1543). La proposition de la Pologne a reçu le soutien de l’Allemagne où il a vécu et de l’Italie où il a étudié. Nicolas Copernic, chanoine polonais du XVe s., mais né et mort en Prusse royale, est remarquable pour la réflexion entre foi et sciences, marquée par la « révolution copernicienne »: il a établi scientifiquement, à partir de l’observation, l’héliocentrisme, une rupture radicale dans la représentation de l’organisation du cosmos. Sa formation initiale – en art, musique, belles lettres – il traduit du grec en polonais -, puis mathématiques, astronomie, philosophie, médecine, droit – témoigne déjà de ce dialogue des cultures et des disciplines: elle l’a amené à Cracovie – ville d’origine de sa famille -, Bologne, Padoue, et Ferrare. La Mission du Saint-Siège à l’UNESCO souligne pour les lecteurs de Zenit que « sa théorie héliocentrique est l’un des fondements de l’astronomie moderne et a représenté une révolution scientifique à son époque »: « Pour l’UNESCO, cette célébration serait l’occasion de promouvoir la science, l’enseignement des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques (STIM) ainsi que le patrimoine culturel, et de consolider les liens entre les nations. Les diverses activités proposées permettraient de mener des activités de communication et de sensibilisation scientifiques auprès de différents types de publics, et de renforcer la culture scientifique et les liens entre science et société. »

Le 200e anniversaire de la naissance de Johann Gregor Mendel (1822-1884) a été présenté par la Tchéquie, avec le soutien spécial de l’Allemagne, de l’Autriche et de la Slovaquie. Mendel, moine tchèque de l’ordre de Saint-Augustin, se distingue aussi pour la réflexion entre foi et sciences, notamment à travers ses travaux sur les lois de l’hérédité. La Mission du Saint-Siège à l’UNESCO rappelle que « Mendel s’est fait connaître à titre posthume comme le fondateur de la génétique moderne »: « Il était un grand scientifique, dont nous récoltons encore aujourd’hui les fruits des travaux, en particulier en ces temps de pandémie où la génétique figure au premier plan de la recherche contre la COVID-19. »

Le grand humanisme d’un Arménien pour la paix

L’Arménie a proposé, avec le soutien de Chypre, de la Grèce, de l’Italie et de la République arabe syrienne, et c’est remarquable, la célébration du 850e anniversaire de la mort du saint arménien Nersès le Gracieux (le Catholicos Nerses IV Chnorhali, 1101/2-1173), poète, chroniqueur, théologien, musicien et traducteur reconnu pour son humanisme, sa culture, sa théologie, le dialogue entre les cultures pour la paix, le dialogue entre les Eglises. Pour l’UNESCO, fait observer la Mission du Saint-Siège, « la proposition de célébration du 850e anniversaire de la mort de Nersès le Gracieux, répond à plusieurs critères, elle va en particulier dans le sens de l’action de l’UNESCO en faveur de la culture de la paix et du dialogue interculturel »: « Nersès le Gracieux étant universellement reconnu comme un érudit: il souvent désigné comme l’Homère arménien! Dans sa prière pour la paix, à Erevan, le 25 juin 201, le pape François dit du « Catholicos saint Nersès Chnorhali » qu’il a « fait preuve d’un amour immense et extraordinaire pour son peuple et ses traditions, ainsi que d’une vive préoccupation pour les autres Églises, se montrant infatigable dans la recherche de l’unité […] ». »

Une jeune Normande et les Objectifs du développement durable

La candidature d’une jeune Française, morte à 24 ans, après un grand voyage en Italie et neuf ans au carmel de Lisieux, et devenue, notamment, patronne de la France et de la Russie, est aussi retenue: sera le 150e anniversaire de la naissance, à Alençon, dans l’Orne (France) de Thérèse Martin, mystique (1873-1897). La candidature portée par la France à l’UNESCO a été spécialement soutenue par la Belgique et par l’Italie. Le père Olivier Ruffray, recteur de la basilique Sainte-Thérèse-de-Lisieux, a mis en œuvre les documents nécessaires à cette candidature par la France de la jeune moniale de l’Ordre du Carmel, qui est aussi la troisième femme déclarée « docteur » par l’Eglise catholique, dans le cadre du mandat de l’UNESCO « paix, éducation, sciences, sciences sociales, culture, communication et information ».

La France a en effet appliqué à la candidature de Thérèse Martin les Objectifs de développement durable (ODD 1 et ODD 16), promus à l’horizon 2030 au sein des Nations Unies et déclinés en politiques par les pays membres. L’ODD 1 est orienté vers la lutte contre la pauvreté et, en particulier l’égalité homme – femme à tous les niveaux. L’ODD 16 est orienté vers la justice et la paix.

Pour l’UNESCO, explique encore la Mission du Saint-Siège, « la célébration de cet anniversaire contribuera à apporter une plus grande visibilité et justice aux femmes qui ont promu, par leurs actions, les valeurs de la paix »: « Étant donné la célébrité de Thérèse de Lisieux dans la communauté catholique – la ville de Lisieux étant le second lieu de pèlerinage de France après Lourdes -, la célébration de son anniversaire peut être une opportunité de mettre en valeur le rôle des femmes au sein des religions dans la lutte contre la pauvreté et la promotion de l’inclusion. Elle peut aussi renforcer le message de l’UNESCO sur l’importance de la culture – elle est aussi l’auteur de poèmes et de pièces de théâtre – dans la promotion de valeurs universelles et comme vecteur du dialogue interreligieux. »

Les sciences et la science de la paix et… de l’amour

La Mission du Saint-Siège à l’UNESCO résume ces candidatures en faisant observer que « le génie du christianisme est de faire se lever des personnalités qui sont capables d’œuvrer dans tous sortes de domaines, que ce soit le domaine humaniste, philosophique, théologique et les œuvres de paix comme saint Nersès en témoigne. Copernic et Mendel sont des exemples qui illustrent brillamment l’unité des savoirs dans le domaine foi et sciences. Quant à la jeune Thérèse de Lisieux morte à 24 ans, celle-ci magnifie la science… de l’amour. »

Et en ce jour de l’anniversaire du pape émérite Benoît XVI, qui fête ses 94 ans, on peut rappeler que le cardinal Joseph Ratzinger a été une cheville ouvrière du « doctorat » de Thérèse de Lisieux (1873-1897), déclarée « docteur de l’Eglise » par le pape Jean-Paul II en 1997: c’était reconnaître son rayonnement international, comme en témoignent les innombrables éditions des « Manuscrits autobiographiques » et les écoles qui portent son nom sur les différents continents.

Et Benoît XVI est en même temps celui qui a voulu le dialogue non seulement des religions, à Assise, dans les pas de Jean-Paul II, mais le dialogue avec les non-croyants, notamment avec la création de la section du « Parvis des Gentils » au coeur du Conseil pontifical de la culture.

Quant au pape argentin, le livre « Thérèse et François » (Elisabeth de Baudoüin, chez Salvator) a dévoilé comment la jeune carmélite de Normandie a une place particulière parmi les personnalités françaises qu’il connaît et qu’il aime.

La directrice générale de l’UNESCO, Mme Audrey Azoulay, a été reçue par le pape François au Vatican le 17 décembre 2018, avec une délégation internationale: Mme Zohour Aloui (Maroc), alors présidente de la Conférence générale de l’UNESCO, M. Byong – Hyun Lee (Corée), alors président du Conseil exécutif de l’UNESCO, et Mme Stefania Giannini, comme sous-directrice générale du Secteur pour l’éducation.

 

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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