Thérèse de Lisieux dans sa pièce sur Jeanne d'Arc © Carmel de Lisieux

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L’anniversaire de Thérèse de Lisieux à l’UNESCO? Explications du p. Olivier Ruffray

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« Je sonne l’appel des peuples à l’unité dans l’Amour »

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L’anniversaire de Thérèse de Lisieux (1873-1897) à l’UNESCO en 2023?  Le père Olivier Ruffray, prêtre du diocèse de Bayeux et Lisieux depuis le 25 juin 1989, recteur du sanctuaire de Lisieux depuis 2013, après avoir été entre autres ministères, curé à Honfleur, vicaire à Trouville/Mer et Vire,  en dit plus aux lecteurs de Zenit sur la genèse de cette candidature et sa signification.

Rappelons que, par un tweet, l’Observateur permanent du Saint-Siège à l’UNESCO, à Paris (France), Mgr Francesco Follo, a annoncé vendredi dernier, 16 avril 2021, un choix qui marque le dialogue de la culture, des sciences et de la foi au plus haut niveau international: « Culture, foi et sciences, aujourd’hui, le Conseil Exécutif de l’UNESCO a recommandé que, parmi 60 personnalités, l’0rganisation s’associe à 4 anniversaires de personnalités catholiques : Copernic (Pologne), Nerses (Arménie), Mendel (Tchéquie) et Thérèse de Lisieux (France). »

La liste des propositions des Etats membres relatives à la célébration des anniversaires auxquels l’UNESCO pourrait être associée en 2022-2023, a été présentée par la Directrice générale, Mme Audrey Azoulay, au Conseil exécutif, soit une liste de 60 personnalités de 47 Etats. Le Conseil exécutif de l’UNESCO a recommandé ces quatre personnalités et la validation finale est prévue en novembre 2021, pendant la Conférence générale de l’UNESCO.

La candidature portée par la France à l’UNESCO a été spécialement soutenue par la Belgique et par l’Italie. La France a en effet appliqué à la candidature de Thérèse Martin les Objectifs de développement durable (ODD 1 et ODD 16), promus à l’horizon 2030 au sein des Nations Unies et déclinés en politiques par les pays membres. L’ODD 1 est orienté vers la lutte contre la pauvreté et, en particulier l’égalité homme – femme à tous les niveaux. L’ODD 16 est orienté vers la justice et la paix. Des manifestations seront prévues sous l’égide de l’UNESCO pour marquer ces anniversaires.

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Zenit – Père Ruffray, quels sont les principaux éléments du dossier de « Thérèse de Lisieux » présenté par la France à l’UNESCO ?

P. Olivier Ruffray – Le dossier de « Thérèse de Lisieux » a été présenté à l’UNESCO en prévision du 150ème anniversaire de la naissance de Thérèse Martin à Alençon, le 02/01/1873. L’année 2023 marquera aussi le 100ème anniversaire de sa Béatification le 29 avril 1923.

Femme française au message universel qui porte les valeurs de paix, de justice et d’amour, sainte Thérèse, par son œuvre littéraire et le témoignage de sa vie, favorise pour sa part, la rencontre entre les peuples et tisse des liens de fraternité au service du bien de l’humanité.

Le dossier s’inscrit dans le cadre des Objectifs du développement durable d’une actualité brûlante aujourd’hui. Mais quelle est pour Thérèse sa façon de transformer le monde?

La question du développement durable renvoie au Livre de la Genèse, à la question de la Création et ouvre sur l’écologie intégrale dont parle le Pape François dans sa deuxième encyclique intitulée « Laudato si’ ».

La question du développement durable invite les hommes et les femmes de bonne volonté à prendre soin de notre terre, de notre maison commune et finalement à correspondre au projet de Dieu dans son œuvre de Création qu’il continue d’insuffler au jour le jour à travers le monde.

Prendre soin de la maison commune signifie également prendre soin des personnes avec lesquelles nous sommes (ou ne sommes pas) en relation. Une maison commune est faite pour la rencontre de celles et de ceux qui l’habitent.

Le Pape François dans « Laudato si’ », cite l’exemple de « Thérèse de Lisieux » (n. 230, ndlr) et dit en substance que l’écologie intégrale commence ici et maintenant précisément, par un sourire, une attention bienveillante, un sourire, une main tendue qui mettent en relation les hommes et les femmes de bonne volonté et avivent en eux le désir d’une maison commune où il fait bon vivre dans le respect des traditions et des cultures de celles et de ceux qui l’habitent.

C’est le désir missionnaire de « Thérèse de Lisieux », ici exprimé, d’aller à la rencontre du monde pour partager au plus grand nombre, ce qui la fait vivre et désirer continuer de « faire du bien sur la terre ».

Peut-on dire que Thérèse de Lisieux est une « éducatrice »?

« Thérèse de Lisieux » se révèle éducatrice au sens propre du terme. Elle aide les uns et les autres à s’élever, à tenir debout dans l’existence. Ainsi, de son vivant, il lui est confié la charge de s’occuper des novices bien qu’elle n’a pas le titre de maîtresse des novices.

Auprès de ses jeunes sœurs, elle se révèle maîtresse de vie par son attitude, sa parole, son silence, son exemple qui cherchent à les faire grandir en liberté intérieure.

Aujourd’hui encore, la proximité spirituelle de Thérèse permet à tant et tant de personnes disséminées sur les cinq continents de bénéficier de cette même invitation à emprunter ce chemin de liberté intérieure qui est tout simplement la voie d’enfance spirituelle que sainte Thérèse a découverte et dont elle partage l’expérience auprès de celles et de ceux de nos contemporains qui reçoivent son message et se laissent toucher.

Thérèse de Lisieux n’était pas une « scientifique » même si elle appréciait les nouveautés de son temps – le train, la photographie, les ascenseurs –  mais elle est « docteur » en « science de l’amour »… 

Le 19 octobre 1997, le Pape Saint Jean-Paul II déclare sainte Thérèse, « Docteur de l’Eglise ». Il lui donne le titre de « Docteur en science de l’Amour divin ». Thérèse est alors le plus jeune Docteur de l’Eglise, le 33ème et la 3ème femme. Comme Docteur de l’Eglise, la doctrine, l’enseignement, la voie que « Thérèse de Lisieux » trace, s’adressent à toute l’humanité.

La « Science de l’Amour » révèle la clé de toute existence humaine dans sa quête de bonheur, à travers les aléas et les réussites d’une vie enracinée ici et maintenant. Cet Amour est universel. Il transcende tous les temps et tous les lieux et se conjugue au plus près de chaque culture. Cette « Science d’Amour » fédère tous les hommes et femmes de ce monde car elle correspond à la quête de sens de notre monde, à la recherche du moi profond de l’homme qui est d’aimer.

Cette « Science d’Amour » se révèle alors au service d’un monde solidaire.

Thérèse est la seule femme parmi les quatre dossiers retenus par le Conseil exécutif, et qui seront présentés en novembre à l’Assemblée de l’UNESCO: une jeune femme, moniale,  carmélite

« Thérèse de Lisieux » est une jeune femme française. En 24 ans d’existence terrestre, elle a tout compris de la profondeur et de la vie de la personne humaine.

La candidature de « Thérèse de Lisieux » honore les femmes dans le monde. Comme femme, son témoignage de vie favorise l’inclusion, l’égalité entre hommes et femmes.

L’influence que la vie de sainte Thérèse exerce et l’éducation à la liberté qu’elle suscite favorise encore l’éducation des femmes dans le monde et permet ainsi de combattre la pauvreté. Il est reconnu que dans les pays où les femmes sont éduquées, la pauvreté recule.

Une jeune femme normande délivre un message universel d’amour et de paix qui favorise la rencontre de l’autre et fédère des hommes et des femmes de toute condition, de toute culture à l’échelle de la planète entière.

Des hommes de guerre entendent son message et reçoivent cette femme, « Thérèse de Lisieux » et font taire leurs armes comme les belligérants de part et d’autre des tranchées de la première guerre mondiale ou bien encore en 2004 lors de la « Mission de paix pour la Colombie » en plein conflit armé.

« Thérèse de Lisieux », jeune femme est aussi religieuse carmélite. Son état de vie suscite le respect, peut-être la curiosité, l’adhésion encore et ne laisse en tout cas, personne indifférent.

Thérèse, religieuse, invite à regarder vers le Ciel, au-delà des contingences matérielles. Sa vie religieuse incite à scruter les profondeurs du cœur de l’homme et à avancer en eau profonde pour rechercher et trouver Celui qui la fait vivre qui lui révèle son cœur missionnaire de désirer se dépenser pour annoncer Son Amour jusque « dans les îles les plus reculées ».

A l’annonce de la décision du Conseil Exécutif de l’UNESCO, un message de salutation nous est parvenu aussitôt de l’île de Raiatea, dans le Pacifique !..

Y a-t-il d’autres projets « thérésiens » à Lisieux?

Nous entrons dans dix ans d’anniversaires centenaires liés à la vie et à la reconnaissance posthume de « Thérèse de Lisieux » laquelle a été qualifiée « d’ouragan de gloire » devant la fulgurance de sa reconnaissance sur toute la planète et l’adhésion à son chemin de vie, à sa petite voie d’enfance spirituelle qui emprunte le chemin de l’abandon « de l’enfant qui s’endort dans les bras de son père ».

Dès 2021, nous célébrerons le 14 août, la reconnaissance des vertus de Thérèse, le moment où elle devient vénérable. Pour information, le procès en cours de Léonie, la sœur de sainte Thérèse, en est aujourd’hui à ce même stade d’examen des vertus pratiquées dans sa vie chrétienne.

En 2023, rappelons-le, le 150ème anniversaire de la naissance de Thérèse Martin mais aussi le 100ème anniversaire de sa Béatification. Thérèse devient bienheureuse.

Le 17 mai 1925, le centenaire de sa canonisation. Thérèse devient sainte.

En 2027, le centenaire de Thérèse, « Patronne universelle des Missions » à l’égal de saint François-Xavier ; mais aussi les 30 ans du Doctorat.

En 2029, le centenaire de la pose de la première pierre de la Basilique qui offre aujourd’hui cet écrin remarquable au message de sainte Thérèse qui nous livre son secret de vie au fur et à mesure que nous pénétrons et découvrons cet ex-voto géant à la Gloire de Dieu où Thérèse elle-même entraîne le pèlerin, le visiteur, le simple passant.

La Basilique de « Thérèse de Lisieux » devient alors un phare dont le bourdon du campanile encore inachevé porte au monde le nom de « Thérèse, protectrice des peuples » et laisse avec assurance, en retentir la devise « Je sonne l’appel des peuples à l’unité dans l’Amour ».

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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