Pèlerinage du pape François à Aparecida, 2013, capture CTV

Pèlerinage du pape François à Aparecida, 2013, capture CTV

Brésil: le pape exhorte les évêques à l’unité (traduction complète)

Inspirer aussi l’unité de la société à tous les niveaux

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« Je demande au Seigneur ressuscité que cette assemblée générale porte les fruits d’unité et de réconciliation pour tout le peuple brésilien et dans la Conférence épiscopale »: c’est la prière exprimée par le pape dans un message vidéo aux évêques du Brésil dans lequel il exhorte à l’unité pour surmonter la terrible épreuve de la pandémie.

Le pape François a adressé ce message vidéo jeudi, 15 avril 2021, aux participants de la 58e assemblée générale de la Conférence nationale des évêques du Brésil (CNBB), actuellement en ligne sur le thème : « Le pilier de la Parole de Dieu – L’animation biblique de la pastorale » (12-16 avril 2021).

Le pays est l’un des plus éprouvés par la pandémie avec parfois 4 000 décès en 24h et un total qui dépasse 337 000 morts.

Le pape invite les évêques à une unité « qui n’est pas uniformité, mais qui est harmonie, cette unité harmonique que seul le Saint-Esprit donne ».

Il souhaite que cette unité puisse inspirer aussi « d’autres chrétiens et d’autres hommes et femmes de bonne volonté, à tous les niveaux de la société, y compris au niveau institutionnel et gouvernemental ».

Le pape insiste sur la « fraternité »: « J’implore Notre Dame d’Aparecida qu’en tant que Mère, elle accorde à tous ses enfants la grâce d’être les gardiens du bien et de la vie des autres, et des promoteurs de la fraternité. »

Voici notre traduction, rapide, de travail, de l’allocution du pape François prononcée en espagnol.

AB

Allocution du pape François

Chers frères dans l’épiscopat,

A l’occasion de la 58e assemblée générale de la Conférence nationale des évêques du Brésil, je veux m’adresser à vous et excusez-moi de le faire en espagnol, mais entre le Brésil et l’Argentine, il y a une langue que nous comprenons tous et c’est le « portuñol », donc vous me comprendrez. Et à travers vous, je veux m’adresser à tous les Brésiliens, à un moment où ce pays bien-aimé fait face à l’une des épreuves les plus difficiles de son histoire.

J’aimerais tout d’abord exprimer ma proximité aux centaines de milliers de familles qui pleurent la perte d’un être cher. Jeunes et vieux, pères et mères, médecins et bénévoles, ministres sacrés, riches et pauvres: la pandémie n’a exclu personne de son sillage de souffrance. Je pense en particulier aux évêques morts victimes de la Covid. Je demande à Dieu d’accorder le repos éternel aux défunts et de donner la consolation aux cœurs affligés des familles, qui, bien souvent, n’ont même pas pu dire au revoir à ceux qui leur sont chers. Et ce départ sans pouvoir dire au revoir, ce départ dans la solitude la plus démunie est une des grandes douleurs pour ceux qui partent et pour ceux qui restent.

Chers frères et sœurs, l’annonce de la victoire du Seigneur Jésus sur la mort et le péché résonne encore parmi nous. L’annonce pascale est une annonce qui renouvelle l’espérance dans nos cœurs: nous ne pouvons pas abandonner! Comme nous chantons dans la séquence du dimanche de Pâques: « La mort et la vie se sont affrontées dans un duel prodigieux : le Maître de la vie est mort ; vivant, Il règne. »

Oui, chers frères et sœurs, celui qui a triomphé est à nos côtés! Le Christ est vainqueur! Il a vaincu la mort! Renouvelons l’espérance que la vie triomphera!

Notre foi dans le Christ ressuscité nous montre que nous pouvons surmonter ce moment tragique. Notre espérance nous donne le courage de nous lever. La charité nous pousse à pleurer avec ceux qui pleurent et tendre la main, surtout à ceux qui en ont le plus besoin, pour qu’ils sourient à nouveau. Et la charité nous pousse en tant qu’évêques à nous dépouiller. N’ayez pas peur du dépouillement. Tout le monde sait de quoi. C’est possible de surmonter la pandémie, c’est possible de surmonter ses conséquences. Mais nous n’y arriverons que si nous sommes unis. La Conférence épiscopale doit être une en ce moment, car le peuple qui souffre est un.

Lors de ma visite inoubliable au Brésil en 2013, en me référant à l’histoire de Notre Dame d’Aparecida, j’ai fait remarquer que cette image retrouvée brisée pouvait servir de symbole à la réalité brésilienne: «Ce qui a été séparé retrouve l’unité. […] A Aparecida, depuis le début, Dieu nous donne un message de recomposition de ce qui est séparé, de réunification de ce qui est divisé. Les murs, les ravins et les distances, qui existent aussi aujourd’hui, sont voués à disparaître. L’Église ne peut négliger cette leçon: l’Église doit être un instrument de réconciliation » (Discours à l’épiscopat brésilien, 27 juillet 2013).

Et soyez un instrument de réconciliation, soyez un instrument d’unité. Et c’est la mission de l’Église au Brésil. Aujourd’hui plus que jamais! Et pour cela, il faut mettre de côté les divisions, les désaccords. Il faut se retrouver dans l’essentiel. Avec le Christ, par le Christ et dans le Christ, pour pouvoir retrouver « l’unité de l’Esprit avec le lien de la paix » (Ep 4,3). Ce n’est qu’ainsi que vous, en tant que pasteurs du Peuple de Dieu, vous pourrez inspirer non seulement les fidèles catholiques, mais aussi d’autres chrétiens et d’autres hommes et femmes de bonne volonté, à tous les niveaux de la société, y compris au niveau institutionnel et gouvernemental, vous pourrez les inciter à travailler ensemble pour vaincre non seulement le coronavirus, mais aussi un autre virus, qui infecte depuis longtemps l’humanité: le virus de l’indifférence, qui naît de l’égoïsme et génère l’injustice sociale.

Chers frères, le défi est grand. Cependant, nous savons que le Seigneur marche avec nous: « Et sachez que je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28,20), nous dit-il. Par conséquent, avec la certitude qu’il « ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, de charité et de tempérance » (2 Tim 1,7), « débarrassés de tout ce qui nous alourdit – en particulier du péché qui nous entrave si bien –, courons avec endurance l’épreuve qui nous est proposée, les yeux fixés sur Jésus » (cf. He 12, 1-2). Toujours Jésus! Voilà notre fondement, notre force, notre unité.

Je demande au Seigneur ressuscité que cette assemblée générale porte les fruits d’unité et de réconciliation pour tout le peuple brésilien et dans la Conférence épiscopale. Unité qui n’est pas uniformité, mais qui est harmonie, cette unité harmonique que seul le Saint-Esprit donne.

J’implore Notre Dame d’Aparecida pour qu’en tant que Mère, elle accorde à tous ses enfants la grâce d’être les gardiens du bien et de la vie des autres, et des promoteurs de la fraternité.

A chacun de vous, chers frères, frères évêques, aux fidèles qui vous ont été confiés et à tous les habitants du Brésil, je donne ma bénédiction de tout coeur. Et s’il vous plaît, je vous demande de ne pas oublier de prier pour moi.

Que le Seigneur vous bénisse. [En portugais]

© Traduction de Zenit, Anita Bourdin

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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