Hans Kung, capture Euronews

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Hans Küng « voulait mourir en paix avec l’Eglise », assure le card. Kasper

La pacification avec le pape François

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Le théologien suisse Hans Küng, qui s’est éteint le 6 avril à l’âge de 93 ans, « voulait mourir en paix avec l’Eglise », assure le cardinal Walter Kasper dans un entretien à L’Osservatore Romano le lendemain.

Le président émérite du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens a été son assistant à l’université de Tübingen de 1961 à 1964 : « Ma relation avec lui était bonne, raconte-t-il. Nous avons bien collaboré à cette époque. Nous nous sommes éloignés ensuite sur la question du dogme de l’infaillibilité papale et sur d’autres questions christologiques et théologiques. Je me souviens que j’ai pris mes distances quand la Congrégation pour la Doctrine de la foi, en 1979, révoqua sa missio canonica, c’est-à-dire sa licence pour enseigner la théologie. Cela a entraîné une vraie crise dans la faculté, qui s’est divisée. »

Mais, ajoute le cardinal Kasper, « ces dernières décennies nos relations ont toujours été sous le signe du respect réciproque. Nous avons régulièrement échangé des salutations et des voeux ». Certes, « les différences théologiques sont restées », notamment « sur la doctrine de la justification et sur les ministères dans l’Eglise », mais au niveau humain la relation était « pacifique ».

Pour le cardinal, « Küng n’était pas seulement une voix critique envers l’Eglise ou un rebelle », il voulait « susciter un renouveau dans l’Eglise et mettre en pratique sa réforme », mais il a « dévié de la doctrine de l’Eglise pour “inventer” sa propre théologie » : « Comme l’a dit une fois Yves Congar, Küng était catholique, mais à sa façon. »

Il rend hommage au théologien qui « a réussi à expliquer l’Evangile même aux personnes éloignées de la foi », car il avait « un langage compréhensible à tous ». S’il critiquait « durement, parfois injustement », toutefois « on pouvait parler avec lui ».

« Nous étions d’accord sur un point, déclare le cardinal : sur la nécessité du dialogue oecuménique. Il a fait le premier pas dans ce domaine. » Et dans le domaine interreligieux, rappelle-t-il, il a créé en 1993 la fondation Weltethos, « pour promouvoir la coopération entre les religions à travers la reconnaissance des valeurs communes ».

Hans Küng a laissé « des idées de réforme » à l’Eglise allemande, poursuit le cardinal Kasper en exprimant cependant ses réserves sur l’ordination des femmes et l’abolition du célibat sacerdotal.

« Il n’a jamais quitté l’Eglise et il n’a jamais voulu en sortir, affirme encore le président émérite du dicastère. Beaucoup de théologiens ont quitté l’Eglise après le Concile Vatican II. Lui non. Il était catholique au plus profond de son coeur » et même « avide de réconciliation ».

Et le cardinal d’évoquer le récent « rapprochement avec le pape François » : « L’été dernier, j’ai téléphoné au pape en lui disant que Küng était proche de la mort et qu’il voulait mourir en paix avec l’Eglise. Le pape François m’a dit de lui transmettre ses salutations et ses bénédictions “dans la communauté chrétienne”. Certes les différences théologiques demeuraient et n’ont pas été résolues… mais au niveau pastoral et humain, il y a eu une pacification. »

Quant à la relation du théologien avec Benoît XVI, au côté duquel il travailla à Tübingen, leurs positions théologiques étaient différentes mais « ils s’estimaient et se respectaient » : une fois devenu pape, Benoît XVI a invité le théologien à Castel Gandolfo « pour une rencontre et une discussion approfondie, non pas sur les différences, mais sur des questions générales de la théologie… Je sais que Benoît XVI a prié pour lui, la relation personnelle entre les deux ne s’est pas interrompue ».

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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