Le card. Giovanni Angelo Becciu, 16 aoît 2018, capture @ Vatican Media

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Messe de la Cène: le pape François concélèbre chez le card. Becciu

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Une tradition des Jeudis saints

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Le pape François a célébré la Messe de la Cène, ce Jeudi Saint, 1er avril 2021,  vers 17h30, dans la chapelle de l’appartement privé du cardinal Angelo Becciu au Vatican, au palais du Sant’Uffizio. Une nouveauté absolue.

Le cardinal sarde a lui-même fait communiquer la nouvelle à la presse accréditée près le Saint-Siège en début de soirée. Vers 21h40 Radio Vatican en italien citait l’entourage du cardinal: des religieuses qui aident à tenir la maison du cardinal et des consacrées du Mouvement des Focolari étaient présentes.

Depuis quelques jours, l’annonce que le pape avait laissé au cardinal Giovanni Baptista Re, doyen du collège cardinalice, le soin présider en son nom la messe de la Cène à Saint-Pierre, à 18h, intriguait la presse. Le pape allait-il, comme il le fait habituellement, célébrer la messe avec des pauvres, des malades, des détenus? Mais alors pourquoi une autre célébration à Saint-Pierre? C’était inédit. En tous cas il est à peu près certain que le cardinal Re et les proches du pape François ne pouvaient pas ne pas être dans la confidence.

Or, le Jeudi Saint, le pape François a une autre habitude. Il déjeune avec des prêtres de son diocèse chez le cardinal Giovanni Angelo Becciu. Entre autres parce que, dans ses appartements à Sainte-Marthe, le pape François n’a pas l’espace nécessaire.

La tradition a commencé dès 2013, pour le premier Jeudi saint du nouveau pape au Vatican – jour où l’Eglise fête l’institution de l’eucharistie et du sacerdoce –: le pape avait déjeuné avec des curés de Rome grâce à l’hospitalité du substitut.

Le pape s’est aussi rendu en Sardaigne, le 22 septembre 2013, guidé par le substitut sarde: à Cagliari, il a célébré la messe au sanctuaire de Notre Dame de « Bonaria », dont le nom aurait donné, en Argentine, « Buenos Aires ».

Or, le 24 septembre 2020, coup de tonnerre: le Vatican annonce dans la soirée que le pape François accepte la double renonciation du cardinal Angelo Becciu, 72 ans, à sa charge de préfet de la Congrégation pour les causes des saints et « aux droits attachés au cardinalat ». Un tête-à-tête houleux avait eu lieu dans l’après-midi. Mais il est resté cardinal.

La presse italienne avait alors immédiatement évoqué une disgrâce due à des ombres sur la gestion de la trésorerie de la secrétairerie d’État par l’ancien substitut devenu préfet de la Congrégation pour les causes des saints. Mais le cardinal sarde avait déclaré: « Je suis innocent et je le prouverai ».

Rien n’a filtré de la rencontre de ce 1er avril entre le cardinal et le pape, à part leur accolade fraternelle. Une source vaticane réagit: « Je n’ai pas de nouvelles à donner. Je ne commente pas les engagements privés du Pape. Mais un tel geste de paternité ne me semble pas étrange en un jour comme celui-ci, le Jeudi Saint. »

Un geste de cette paternité dont le pape parle dans sa lettre pour l’Année S. Joseph en cours: « Avec un coeur de Père ».

Des motivations d’abord spirituelles donc. D’autres décisions du pape François suivront-elles cette concélébration de façon à aider à décrypter sa signification concrète, au-delà du rapprochement et du dialogue, que cela suppose?

On retiendra en tous cas la démarche d’humilité de la part du pape, qui n’appelle pas le cardinal Becciu à venir chez lui, mais vient lui rendre visite et pour une occasion solennelle qui rappelle l’amour du Christ lavant les pieds de ses disciples pour leur enseigner « à faire de même ».

Le selon Tonio Becciu, interrogé par le quotidien en ligne L’Unione Sarda, et qui cite un appel téléphonique de son frère, après la messe avec le pape, le cardinal s’est dit « content et ému »: pour la famille du cardinal Becciu, c’est une « réconciliation ».

Cependant les enquêtes continuent: la visite du pape François ne se substitue pas au travail des enquêteurs ou des juges, mais elle a, indique-t-on à Rome, « réhabilité l’homme », une réhabilitation « humaine » et « chrétienne ».

 

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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