« Le Pape va apporter l’espérance du dialogue en Irak », titre Radio Vatican (Massimiliano Menichetti) qui a recueilli le point de vue du cardinal secrétaire d’Etat, Pietro Parolin, à quelques jours du voyage du pape au pays d’Abraham (5-8 mars 2021). C’est la première fois dans l’Histoire qu’un pape se rend en Irak.
Le cardinal Parolin s’est lui-même rendu en visite en Irak en 2018: il a trouvé un pays qui prote encore les marques des blessures de la guerre, et doit faire face aux fléaux de la pauvreté, du terrorisme et maintenant de la pandémie de Covid-19.
Le cardinal Parolin, évoque « l’importance » de ce voyage, en insistant sur l’urgence d’une collaboration pour reconstruire le pays et panser toutes les «blessures, pour commencer une nouvelle étape».
Eclairer les ténèbres
« Le Pape reprend ses pèlerinages apostoliques après cette assez longue période de suspension due à la crise sanitaire de la Covid-19, exploque le cardinal Parolin: il les reprend en tournant son attention vers un pays particulièrement souffrant, un pays qui porte dans son corps les blessures de la guerre, du terrorisme, de la violence, des affrontements. »
Le pape veut, explique-t-il, manifester son attention particulière, sa proximité particulière à l’Irak.
« Les chrétiens et les musulmans sont appelés à éclairer les ténèbres de la peur et du non-sens »: interrogé sur ses paroles de 2018, le cardinal italien commente: « Je me souviens de les avoir prononcés dans un contexte joyeux, la veille de Noël dans la cathédrale chaldéenne de Bagdad, pleine de monde, pleine de chants et pleine de lumière, malgré le climat morose à l’extérieur. Je pense qu’ils conservent leur pertinence. »
Il souligne la concordance avec le thème de la visite du pape François: «Vous êtes tous frères»: « Cette fraternité vient du fait d’être enfants d’un même père. Il y a aussi une référence à Abraham, qui est né précisément en Irak. De là, son aventure a commencé après l’appel du Seigneur. Abraham, auquel se réfèrent tant les chrétiens que les musulmans. Ensuite, cette fraternité doit également se traduire par un engagement commun. C’est pourquoi je disais qu’ils sont appelés à être la lumière dans l’obscurité et à dissiper les obscurités, les nombreuses obscurités qui existaient alors, il y a deux ans, et que, même si un effort a été fait pour les surmonter, elles demeurent en grande partie. »
Lancer un message vers l’avenir
Pour ce qui est de l’objectif de la visite, le secrétaire d’Etat souligne: « Le Pape veut lancer un message vers l’avenir, c’est le but du voyage. Il y a des situations et des réalités qui traversent une certaine souffrance, sauf précisément là où il y a eu persécution, martyre. L’Église elle-même connaît une situation difficile, le dialogue interreligieux doit être encouragé. Les difficultés peuvent toutefois être surmontées, s’il existe une bonne volonté et un engagement de la part de tous, pour se rassembler, pour collaborer afin de reconstruire. Je crois que le message sera le suivant: ne nous laissons pas bloquer par tout ce qui s’est passé, aussi négatif que cela ait pu être -et c’était très négatif- mais regardons devant nous avec espérance et courage pour reconstruire cette réalité de l’Irak. »
A propos de la rencontre, à Nadjaf, avec l’ayatollah chiite, samedi 6 mars, il précise: « Al-Sistani est l’une des personnalités les plus symboliques et les plus significatives du monde chiite; et compte tenu également du fait qu’Al-Sistani s’est toujours prononcé en faveur d’une coexistence pacifique au sein de l’Irak, en disant que tous les groupes ethniques, les groupes religieux, font partie du pays. C’est très important car cela va dans le sens et dans la direction de la construction de cette fraternité entre chrétiens et musulmans qui doit caractériser le pays. C’est donc un moment important et je pense que ce sera certainement l’un des moments les plus significatifs de la visite du Pape en Irak. »
Il évoque aussi l’exode des chrétiens d’Irak: « Il est certain que l’Église -les chrétiens, les catholiques- en Irak, attend le Pape avec beaucoup d’envie. Et il faut certainement les encourager à vivre leur vocation chrétienne dans cette situation difficile comme celle de l’Irak, je dirais que c’est presque une vocation au sein de la vocation chrétienne, celle des chrétiens du Moyen-Orient, de vivre dans leur réalité, dans leur environnement, dans leurs pays. Et donc certainement le Pape encouragera cette Église à être courageuse, capable de témoigner, et lancera aussi une invitation à rester précisément sur place pour témoigner de cette présence. Nous avons déjà dit à maintes reprises que sans les chrétiens, le Moyen-Orient ne serait plus le même. »
« Mon souhait, conclut le cardinal Parolin, est que ce moment, cette présence du Saint-Père, tant attendue, tant espérée et souhaitée, soit effectivement un moment de renaissance matérielle, de renaissance spirituelle pour le peuple irakien, afin que cela ait aussi des répercussions dans toute la région qui a besoin de bons exemples. Et que cela se fasse sous le signe de la fraternité: «Vous êtes tous frères», telle est la devise sous laquelle se déroule ce voyage du Pape. »