Le card. Bergoglio et Jean-Paul II, 21 fév. 2001 © Vatican Media

Le card. Bergoglio et Jean-Paul II, 21 fév. 2001 © L'Osservatore Romano

L’un des 42 cardinaux du 21 février 2001: Jorge Mario Bergoglio

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L’archevêque de Buenos Aires et le pontificat du pape François

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« Il y a 20 ans, Jorge Mario Bergoglio devenait cardinal », titre Radio Vatican ce 21 février 2021. Est-ce en raison de cet anniversaire que le pape a tenu a évoquer, après l’angélus, sainte Faustine et le message de miséricorde de Jean-Paul II, un des points fort de la continuité entre les deux pontificats?

C’est en effet le 20e anniversaire du cardinalat de Jorge Mario Bergoglio, futur pape François, appelé par saint Jean-Paul II au sein du collège cardinalice en même temps que le cardinal Jozuas Backis, qui a lui, célébré cet anniversaire en la cathédrale de Vilnius ce dimanche.

Le consistoire du 21 février 2001 est l’un de ceux par lesquels Jean-Paul II a créé le plus grand nombre de cardinaux:  quarante-deux, dont trente-huit électeurs, et les deux cardinaux « créés » in pectore au consistoire de 1998: Marian Jaworski et Jānis Pujats.

L’annonce des noms des cardinaux a été faite en deux étapes: le 21 janvier trente cardinaux (dont le card. Bergoglio) et le 28 janvier, les deux cardinaux in pectore et cinq nouveaux cardinaux (Huzar, Degenhardt, Terrazas Sandoval, Fox Napier et Lehmann).

Parmi les autres cardinaux de 2001: Giovanni Battista Re, François-Xavier Nguyên Van Thuân, Walter Kasper, les Français Louis-Marie Billé et Jean Honoré, mais aussi Theodore Edgar McCarrick, qui méritera d’être destitué par le pape Bergoglio.

Miséricorde et pauvreté

Radio Vatican souligne aujourd’hui des « lignes de continuité entre l’épiscopat en Argentine et le pontificat ».

A commencer par le fait que sa devise épiscopale centrée sur la miséricorde – « miserando atque eligendo« , « en faisant miséricorde et en le choisissant »» – est devenue sa devise papale.

Amedeo Lomonaco souligne que « le monde de 2021, ébranlé par la pandémie et par une crise anthropologique, a besoin d’amour. « Il a soif d’un cœur qui accueille, qui ouvre des portes », écrit l’archevêque de Buenos Aires dans son message du 28 mars 2001 adressé aux communautés éducatives, quelques mois avant la violente crise qui allait plonger son pays dans une grave instabilité, et qui allait montrer l’autorité prophétique du cardinal Bergoglio, l’Église en Argentine demeurant un pôle de stabilité indispensable dans une société fragilisée par l’effondrement de l’État. »

Il souligne que « l’archevêque de Buenos Aires ne cessera de se battre pour l’humanité blessée et rejetée, l’Église étant appelée à devenir « un hôpital de campagne ». Et aussi par une « Église pauvre pour les pauvres ». Lorsque le 28 février 1998, Jorge Mario Bergoglio – né le 17 décembre 1936 à Buenos Aires dans une famille d’émigrants piémontais – a été nommé archevêque de la capitale argentine, il a choisi de vivre dans un appartement et de préparer son propre dîner. « Mon peuple est pauvre et je suis l’un d’eux », a-t-il dit un jour pour expliquer ce choix. »

Et pour partir à Rome pour le Consistoire du 21 février 2001, il n’a pas acheté de nouvelle soutane: il a simplement fait réparer, rappelle Radio Vatican, celle de son prédécesseur, le cardinal Antonio Quarracino, décédé en 1998, et dont il avait été le coadjuteur.

Déjà, il a acquis une stature qui dépasse l’Argentine. S’il est en effet « un pasteur très apprécié dans son diocèse, qui voyage loin dans les banlieues de cette gigantesque agglomération, même en métro et en bus, sans escorte ni privilège », l’archevêque de Buenos Aires devient aussi, entre 1998 et 2013, « une figure de proue de tout le continent latino-américain ».

La défense de la vie et saint François

Son programme missionnaire est « axé sur la communion et l’évangélisation », grâce à « des communautés ouvertes et fraternelles », un « laïcat engagé », l’évangélisation dirigée « vers chaque habitant de la ville », « l’assistance aux pauvres et aux malades ».

Le cardinal Bergoglio ne dira pas autre chose aux cardinaux réunis en pré-conclave.

« La défense de la vie, de toutes les vies, sera également un axe fondamental de son épiscopat comme de son pontificat », fait observer Radio Vatican. Et c’est ce que nous soulignions le 13 mars 2013 en découvrant le nom du nouveau pape, avec un article intitulé: « Le pape François, défenseur de la vie humaine« .

Ainsi, par exemple, le 25 mars 2004, jour de la célébration de la Journée de l’enfant à naître, l’archevêque de Buenos Aires exprime l’espoir que la Vierge Marie « fera croître dans nos cœurs des attitudes de tendresse, d’espoir et de patience pour protéger toute vie humaine, en particulier la plus fragile, la plus marginalisée, la moins apte à se défendre ».

En 2008, réfléchissant sur le thème « Culture et religiosité populaire », l’archevêque de Buenos Aires déplore qu’une « culture de mort » progresse: augmentation de la pauvreté, concentration des richesses, pollution de l’environnement.

Des Bons Samaritains

Des remèdes? La fraternité et le pardon. « La fraternité dans l’amour telle que Jésus l’a vécue nous soulage, rend le joug doux. Dieu ne se lasse pas de pardonner, c’est nous qui nous fatiguons de demander pardon », a déclaré le cardinal Bergoglio le 25 mai 2011 lors de la célébration du Te Deum.

En 2003, toujours à l’occasion du Te Deum, il invite déjà à rejeter la « culture du déchet » et il recommande « l’inclusion » des plus fragiles: « Chaque jour, nous sommes tous confrontés au choix d’être de bons samaritains ou des voyageurs indifférents qui passent ».

En 2007, lors de la conférence d’Aparecida, il dénonce des déséquilibres profonds de la mondialisation: « Cette mondialisation en tant qu’idéologie économique et sociale, a eu des effets négatifs sur nos secteurs les plus pauvres. Les injustices et les inégalités sont toujours plus grandes et plus profondes ».

Et Radio Vatican commente: « Son expérience de la crise économique de 2001 et de la pression des créanciers sur une Argentine surendettée l’avait certainement motivé à lancer ce cri, en pleine connaissance de cause. »

Autre thème du pontificat, la mémoire. L’archevêque Bergoglio insistait sur la mémoire, comme lors de la veillée pascale du 15 avril 2001: « Nous vivons dans une situation où nous avons besoin de beaucoup de mémoire», il faut donc « se souvenir, porter dans son cœur la grande réserve spirituelle de notre peuple ».

Dernière homélie en tant que cardinal

Avant de partir pour Rome, pour le conclave de 2013, l’archevêque de Buenos Aires a préparé une homélie qu’il comptait prononcer le 28 mars 2013, à l’occasion de la messe chrismale, souligne Radio Vatican. Or, le 13 mars de cette année-là, il est élu 266e successeur de Pierre.

L’homélie évoquait la mission de l’Église « en sortie » dans les périphéries: c’est dans les périphéries « que nous devons sortir pour faire l’expérience de notre onction, de la puissance du Seigneur et de son efficacité rédemptrice ».  Pour un « chemin de fraternité, d’amour, de confiance entre nous ».

Enfin, dans une lettre d’août 2002 adressée aux catéchistes, le cardinal Bergoglio cite celui dont il prend le nom le 13 mars 2013, saint François d’Assise:  « Adorer, c’est s’approcher de l’unité, c’est découvrir que nous sommes les enfants d’un même Père, les membres d’une même famille. C’est comme l’a découvert saint François : chanter des louanges unies à toute la création et à tous les hommes ».

Mais surtout, ce qui caractérise la spiritualité du cardinal Bergoglio,  et le pape François, c’est sa confiance en la Vierge Marie: le pape François était à Sainte-Marie-Majeure dès le lendemain de son élection, le 14 mars 2013.

 

Notre Dame de Lujan (Argentine) ©Vatican Media

Notre Dame de Lujan (Argentine) ©Vatican Media

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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