Bx p. Michal Sopocko @ jezuufamtobie.pl

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Le p. Michal Sopocko et la « confiance dans la miséricorde divine »

Fête du bienheureux prêtre polonais, directeur spirituel de sainte Faustine

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L’Eglise fête aujourd’hui, 15 février 2021, parmi les saints et les bienheureux inscrits au martyrologe romain, saint Claude La Colombière SJ, père spirituel de sainte Marguerite-Marie, mais aussi le p. Michal Sopocko (1888-1975), docteur en théologie, guide spirituel de sainte Faustine.

Le p. Sopocko écrivait: « La confiance en la Miséricorde Divine, la propagation du culte de cette Miséricorde, et le fait de lui consacrer toutes mes pensées, paroles et actions, sans l’ombre d’une recherche de ma propre gloire, sont devenus le fondement essentiel de ma vie avec l’aide de cette Miséricorde incommensurable. »

Il a joué un rôle déterminant notamment pour la peinture du tableau de Jésus miséricordieux sous la direction de soeur Faustine Kowalska, par Eugeniusz Kazimirowski.

«Par cette image j’accorderai beaucoup de grâces;  que chaque âme ait donc accès à elle»: ces paroles du Christ sont rapportées par sainte Faustine Kowalska (1905-1938) dans son Petit Journal (PJ 570), et dans leur simplicité, elles apparaissent aussi étonnantes. Le Christ se manifeste et demande à être peint. Faustine rapporte encore ces paroles du Christ: « Je donne aux hommes un vase, avec lequel ils doivent venir puiser la grâce à la source de la miséricorde.  Ce vase, c’est ce tableau, avec l’inscription: ‘Jésus, j’ai confiance en Toi’ » (PJ 327).

Le Christ confiera aussi à sainte Faustine le schéma d’une neuvaine à la miséricorde divine qui va du Vendredi Saint au Dimanche de la Miséricorde, qui tombera cette année le 11 avril 2021.

Et le Christ enseigne à sainte Faustine à vivre de sa miséricorde en pensées, paroles et actions: il ne faudrait pas réduire le message de sainte Faustine à une « dévotion ». Pour Faustine, la miséricorde saisit toute la vie du baptisé. Mais le baptisé fait l’expérience de la « limite »: le tableau est un puits où puiser cette miséricorde inépuisable et il renvoie, quand on le décrypte, aux sacrements de l’Eglise et au mystère de la Sainte Trinité, et à la « confiance ».

Pour peindre le tableau, le Christ se faisait pressant : dès février 1931, Faustine note la demande dans son Petit Journal. Mais la demande heurte à l’incrédulité des supérieures et des confesseurs. Puis elle prononce ses vœux perpétuels, le 25 mai 1933, et c’est alors qu’elle est envoyée comme jardinière à Vilnius (Lituanie), elle qui ne savait pas jardiner, mais l’apprendra si bien qu’elle fera une serre pour que Jésus ait des fleurs, même pendant le grand hiver lituanien.

Aujourd’hui, la maison en bois où Jésus est apparu près d’une centaine de fois à Faustine existe toujours, tandis que du béton a remplacé les autres petites maisons en bois du quartier à l’époque soviétique. On vient y prier tous les jours, à 15h le chapelet de la miséricorde. Avant d’atteindre la maison, on traverse le jardin autrefois cultivé par Faustine.

Jésus insiste de nouveau sur la réalisation du tableau : « Soudain, je vis le Seigneur qui me dit: Sache que si tu négliges la peinture de ce tableau et toute l’œuvre de la Miséricorde, tu devras rendre compte, au jour du jugement, d’un grand nombre d’âmes » (PJ 154).

C’est la rencontre avec le père Sopocko, aujourd’hui bienheureux, à Vilnius, qui va permettre la réalisation des demandes du Christ.

Peindre Jésus « avec des pinceaux »

Le tableau se trouve aujourd’hui dans le sanctuaire de l’église de la Trinité de Vilnius, ville où il a été peint, sous la direction de sœur Faustine, par le peintre polonais Eugeniusz Kazimirowski (1893-1939), entre 1934 et 1935.
Celui-ci louait un appartement situé en-dessous de l’appartement du bienheureux père Michal Sopocko (1888-1975), qui était aumônier des sœurs de la Visitation et occupait un appartement de fonction en quelque sorte dans cette maison appartenant au monastère.

L’atelier du peintre a aujourd’hui été transformé en chapelle : la maison est confiée aux sœurs de Jésus miséricordieux, fondées par le père Sopocko après la mort de sainte Faustine, selon la volonté exprimée par le Christ.
Faustine avait bien essayé, en vain, de peindre elle-même. Puis elle avait cherché autour d’elle des sœurs capables de le faire, en vain également. Le père Sopocko a ainsi fait appel à son jeune voisin, qui avait étudié à Varsovie, Cracovie et à Paris, en Russie et en Italie. Il avait aussi vécu un temps à Washington.

Le prêtre lui-même avait du mal à croire que le Christ demandait à être peint, avec de vrais pinceaux. Un autre confesseur de Faustine lui avait dit : « Oui, ma sœur, le Seigneur désire être peint dans votre âme ». Mais non, le Christ miséricordieux voulait donner au monde un portrait fait « avec des pinceaux ».

Faustine s’est rendue environ deux fois par semaine pendant six mois chez le peintre, accompagnée d’une personne de la paroisse, ou d’une soeur. Le père Sopocko lui-même portait la tunique blanche pour figurer le Christ: il servait de modèle. Le secret devait être protégé.

Et pendant longtemps on a tellement douté de l’inspiration de Faustine que Maria Winowska a publié son livre « L’icône du Christ miséricordieux », avec en couverture une icône et non la reproduction du tableau, par obéissance. Les doutes sur Faustine et les révélations du Christ miséricordieux ont été levées sous le pontificat de saint Jean-Paul II.
Le père Sopocko lui-même avoue, dans ses « Souvenirs » : « Guidé davantage par la curiosité de savoir comment allait être ce tableau que par la foi en la véracité de ces visions, j’ai demandé au peintre Eugeniusz Kazimirowski de peindre ce tableau ».

Faustine venait indiquer au peintre comment elle voyait le Christ, rectifiant tous les détails. Le regard baissé : « Mon regard sur cette image est le même que celui que j’avais sur la croix » (PJ, 326), avait confié Jésus. La lumière la plus intense vient du cœur. La lumière sur le front qui indique la présence du Père. La position des pieds montre que Jésus vient vers celui qui le contemple. La main droite bénit doucement.

Les deux rayons rouge et lumineux qui jaillissent du coeur sont « inséparables »: « Ces deux rayons indiquent le sang et l’eau: le rayon pâle signifie l’eau, qui justifie les âmes; le rayon rouge signifie le sang, qui est la vie des âmes. Ces deux rayons jaillirent des entrailles de ma miséricorde, alors que mon Coeur, agonisant sur la Croix, fut ouvert par la lance. (…) Heureux celui qui vivra dans leur ombre » (PJ 299).

Mais le résultat, que l’on trouve si beau aujourd’hui, fait pleurer Faustine : « A un certain moment, quand j’étais chez ce peintre chargé de peindre ce tableau, j’ai vu qu’il n’était pas aussi beau que l’est Jésus – j’en ai été beaucoup peinée, mais j’ai caché ma déception profondément dans mon cœur. (…) La mère supérieure resta en ville pour diverses affaires, moi je suis revenue seule à la maison. Je suis allée aussitôt à la chapelle où j’ai beaucoup pleuré. J’ai dit au Seigneur: ‘Qui te peindra aussi beau que tu l’es? » Soudain j’ai entendu ces paroles: ‘Ce n’est ni dans la beauté des couleurs, ni dans celle du coup de pinceau que réside la grandeur de ce tableau, mais dans ma grâce’ » (PJ 313).

Le Christ miséricordieux de Vilnius, Lituanie @ gailestingumas.com

Le Christ miséricordieux de Vilnius, Lituanie

@ gailestingumas.com

Le sanctuaire de Vilnius

Le tableau disparut de Vilnius pendant l’époque soviétique. Il fut caché jusqu’en Biélorussie. En 2005, le cardinal archevêque – aujourd’hui émérite – de Vilnius, Audrys Backis, a voulu que le tableau – restauré en 2003 – fût placé dans l’église de la Trinité – également restaurée – et que le sanctuaire restât ouvert 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.

Le recteur du sanctuaire, le père Vaidas Vaišvilas, a confié à ZENIT que toute personne, même, par exemple, tentée par le désespoir, devait pouvoir avoir accès au Christ miséricordieux au cœur de la nuit. Pour cette raison aussi, une webcam a été placée dans la tribune du sanctuaire : on peut aller s’y recueillir en ligne. On y a accès du monde entier, du moins là où Internet arrive.

Un mur de verre sépare le narthex de la nef de l’église : les passants peuvent saluer le Christ depuis la rue en allant au travail, en vaquant à leurs occupations, de même qu’ils ont l’habitude de saluer l’icône de la Vierge Marie Porte de l’Aurore, en entrant dans la ville ou en en sortant, puisqu’elle est visible depuis la rue, sous sa grande verrière.

Icône de Notre Dame de la Porte de l'Aurore (Vilnius), wikimedia commons, PIERRE ANDRE LECLERCQ

Icône de Notre Dame de la Porte de l’Aurore (Vilnius)

@wikimedia commons, PIERRE ANDRE LECLERCQ

Et c’est dans cette chapelle de la Notre Dame de la miséricorde – qui tient ce titre du pape Pie XI – que le tableau du Christ miséricordieux a été exposé pour la première fois à la vénération publique à l’occasion de la conclusion du Jubilé de la rédemption, du 26 au 28 avril 1935, jusqu’au dimanche après Pâques, en présence de sainte Faustine. Le père Sopocko a prononcé une homélie sur la miséricorde divine.

Faustine raconte : « Pendant trois jours ce tableau fut placé à la vue de tous et reçut les honneurs publics car il était placé à la Porte de l’Aurore, en haut de la verrière, c’est pourquoi on pouvait l’apercevoir de très loin. A la Porte de l’Aurore, l’on a célébré solennellement, durant ces trois jours, la clôture du Jubilé de la Rédemption du Monde – 1900 ans après la passion du Sauveur. Je comprends maintenant que l’oeuvre de la Rédemption est unie à cette oeuvre de la Miséricorde que le Seigneur exige » (PJ 89).

Elle dit encore : « Quand j’étais à la Porte de l’Aurore pour les cérémonies au cours desquelles le tableau a été exposé, j’assistai au sermon de mon confesseur; ce sermon sur la Miséricorde divine était le premier de ceux que Jésus exigeait depuis si longtemps. Quand il commença à parler de cette grande Miséricorde du Seigneur, le tableau prit un aspect vivant et ses rayons pénétraient dans les cœurs des personnes rassemblées (…). Mon âme fut inondée d’une grande joie à la vue de la grâce de Dieu » (PJ 417).
« Quand la cérémonie arriva à son terme et que le prêtre prit le Très Saint Sacrement pour donner la bénédiction, alors je vis Jésus exactement comme Il est représenté sur le tableau. Le Seigneur accorda sa bénédiction, et les rayons se répandirent sur le monde entier » (PJ 420).

Faustine rapporte aussi ces promesses du Christ: « Je promets que l’âme qui honorera ce tableau ne sera pas perdue.  Je lui promets aussi la victoire sur ses ennemis d’ici-bas, spécialement à l’heure de la mort. Moi-même, je la défendrai, comme ma propre gloire » (PJ 47).

Pour en savoir davantage, on peut se référer au site en plusieurs langues sur le message de Faustine dont nous avons tiré ces citations.

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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