Le Sidra, livre sacré en araméen

Le Sidra, livre sacré en araméen

Irak : le pape rapportera à Qaraqosh un livre sacré en araméen

Le manuscrit sera rendu à l’Église syriaque chrétienne de Qaraqosh

Share this Entry

A l’occasion de son voyage en Irak, prévu du 5 au 8 mars 2020, le pape François rapportera le Sidra, un livre sacré des XIV-XVe siècles en langue araméenne appartenant à l’Église syriaque chrétienne de la ville irakienne de Qaraqosh : l’objet restauré en Italie a été présenté au pape lors de l’audience générale du mercredi 10 février 2021, dans la Bibliothèque privée du Vatican, indique le Saint-Siège.

Le livre, qui contient des prières liturgiques, sera rapporté à l’Église Sainte-Marie Immaculée de Qaraqosh, pour qu’il puisse recommencer à rythmer la liturgie.

Grâce aux prêtres de cette ville, le manuscrit a été sauvé de la furie anti-chrétienne des hommes de daesh. Repéré à Erbil en janvier 2017 par les journalistes italiens Laura Aprati et Marco Bova, le livre sacré a été ensuite remis par l’archevêque de Mossoul, Mgr Yohanna Boutros Mouché, aux bénévoles de la Fédération des organismes chrétiens du service international du volontariat (FOCSIV). Arrivé en Italie après 40 jours de voyage, le manuscrit a été resitué historiquement et restauré gratuitement par l’Institut central pour la pathologie des archives et du livre (ICPAL) du Ministère italien pour les biens et les activités culturels (MIBACT).

La rencontre avec le pape François

Lors de la rencontre avec le pape François, la présidente de la FOCSIV, Ivana Borsotto, a expliqué que « le Livre réfugié …est l’un des plus anciens manuscrits conservés dans l’Église Sainte-Marie Immaculée de la ville de Qaraqosh, dans la Plaine de Ninive. Aujourd’hui, nous sommes heureux de le remettre symboliquement entre les mains de Votre Sainteté pour qu’il retourne chez lui, dans son Église sur cette terre meurtrie, en signe de paix et de fraternité ».

Outre la présidente de la FOCSIV Ivana Borsotto, la petite délégation était composée de Mgr Luigi Bressan, représentant de la Conférence épiscopale italienne auprès de la FOCSIV, et Lucilla Nuccitelli, responsable du Laboratoire de restauration de l’ICPAL.

À l’issue de l’audience, la présidente a déclaré que « le sauvetage du Livre sacré de Qaraqosh fait partie de l’engagement que la Fédération pour la reconstruction du tissu social d’un territoire comme celui du Kurdistan irakien et de l’Irak ».

Travaux de restauration

Le Sidra était dans un état de conservation critique, avec des problèmes complexes : sa structure était très compromise, les pigments des miniatures et les encres de l’écriture étaient en très mauvais état, le papier était fragile, les fractures des planches de bois de la reliure décomposées.

Cet état de conservation déplorable, sa provenance et ses spécificités en matière de texture et de structure ont requis un examen par des experts de la langue syriaque et une comparaison avec certains ouvrages syriaques de la même époque conservés à la Bibliothèque apostolique du Vatican.

Avant d’aborder la phase « chirurgicale » de l’intervention, l’ouvrage a été soumis à des analyses scientifiques dans les laboratoires de biologie, de chimie, de physique et de technologie de l’ICPAL, pour identifier les matériaux et préciser le niveau de dégradation de chacun.

Les travaux de restauration proprement dits ont duré 10 mois et ils ont permis de trouver des solutions appropriées à ces problèmes qui coexistent rarement dans une même œuvre : l’instabilité des encres, pour laquelle il a fallu effectuer une consolidation de chaque lettre; le retrait du ruban adhésif et des gouttes de cire; des déchirures et des coupures du support de l’écriture ; la faiblesse des parties structurelles; les lacunes des planches de bois et du cuir. L’unique élément original du Livre qu’il a fallu remplacer a été le fil de couture des fascicules, aujourd’hui conservé dans le récipient de protection où il est entreposé.

La présidente Borsotto estime que « ce sont les projets de coopération culturelle, d’éducation, de formation qui aideront tout le Moyen-Orient à retrouver ses traditions et sa culture millénaire d’accueil et de tolérance ». Le Le Sidra, livre sacré, « continuera de rythmer l’année liturgique en araméen et d’être chanté par la population de la Plaine de Ninive, rappelant à tous qu’un autre avenir est toujours possible ».

Avec une traduction d’Hélène GInabat

Share this Entry

Marina Droujinina

Journalisme (Moscou & Bruxelles). Théologie (Bruxelles, IET).

FAIRE UN DON

Si cet article vous a plu, vous pouvez soutenir ZENIT grâce à un don ponctuel